Brèves

Asphyxie du port de Nice ou l’urgence de trouver une solution pérenne et adaptée

L’appel des  professionnels du maritime et portuaire, regroupé sous la bannière de l’Union Maritime 06, pour un nouveau port de commerce semble avoir été entendu par Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d’Azur qui relance l’étude de faisabilité « pour la construction d’un nouveau port de commerce à l’ouest de Nice ». Cette décision fait suite à l’intégration tardive de la Métropole et de la place portuaire de Nice dans le GIE regroupant tous les ports de commerce français de la façade méditerranée (de Sète à Nice), émanation d’une décision du dernier CIMER.

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Espace limité dans le port de Nice, ©André Gaillard pilotage Nice

Les Alpes-Maritimes et plus particulièrement la Métropole de Nice souffrent d’une saturation de l’ensemble du réseau routier liée au choix d’une desserte « tout camion » du territoire, avec toutes les conséquences environnementales et économiques qui en découlent. La  géographie ne facilitant pas la construction de nouvelles routes, ou de voies ferrées, la solution ne peut-être que maritime.

Depuis l’abandon de la construction d’un nouveau port à la suite d’un mini tsumani ayant entraîné la mort de 11 personnes sur le chantier en 1979, le port de Nice subit une lente agonie. Le port actuel est désuet de par sa position en centre-ville qui a trop d’impact sur les riverains. Ces derniers subissent en saison le passage de 3000 voitures liées aux six escales journalières de ferries entraînant 7 kilomètres de bouchons à travers la ville. L’infrastructure est obsolète, car elle ne permet pas de développer les nouvelles solutions écologiques et énergétiques. La cohabitation des différentes activités du port de commerce (ciment, desserte de la Corse, croisière, le yachting et la plaisance) est chaque jour un défi permanent. Le port ne dispose que de 900 mètres de linéaire de quai pour accueillir des navires d’une longueur maximale de 190 m, qui correspond à des ferries ou des paquebots anciens qui polluent bien au-delà des futures normes qui seront appliquées à la zone SECA en Méditerranée. La compagnie MOBY a passé commande auprès du groupe MSC pour  2 ferries au gaz (GNL) , carburant polluant moins que le fuel, construit en Chine de 230 mètres, qui ne pourront toucher le port de Nice.  ( Ces 2 prochains navires de MOBY  ne seront pas propulsés à la livraison  au GNL mais « parés à être transformés pour, une fois que les infrastructures le permettront ». NDLR).

Au-delà du port, c’est l’ensemble de la logistique de ce département de plus de 1,2 M d’habitants qu’il faut repenser. L’autoroute A8 est saturée. L’aéroport de Nice, second aéroport international français est avitaillé en jet A1 par plus de 8000 camions citernes par an. Le potentiel de la croisière ne peut être capté faute d’une offre réelle de quais adaptés, etc.

La lente asphyxie du port se retrouve dans les chiffres : entre 2011 et 2017, le nombre de croisiéristes a chuté de 46,7%, les passagers pour la Corse de 24,2% et le tonnage du ciment a baissé de 45,8%.

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Paquebots en rade de Villefranche, ©André Gaillard pilotage Nice

L’évidence d’un nouveau port

Dans ce contexte d’inadéquation entre les moyens, la nécessité de meilleures capacités d’accueil et la diminution souhaitée de l’impact environnemental des transports, le projet d’un nouveau port de commerce a toute sa pertinence en l’intégrant dans une réflexion complète sur besoins en logistique de l’ensemble du département.

L’union maritime 06 espère rallier l’ensemble des acteurs économiques et politiques autour de ce projet fédérateur à fort potentiel d’activités nouvelles avec les retombées économiques liées, tout en réduisant fortement l’impact environnemental des activités portuaires. La création d’un port neuf permet d’installer et d’utiliser les techniques modernes pour la protection de l’environnement et de la santé des riverains vis-à-vis des rejets, mais aussi pour avoir un port exemplaire en termes d’énergie et d’empreinte carbone : par exemple, le branchement des navires sur le réseau électrique local (au lieu d’utiliser leurs groupes électrogènes lorsqu’ils sont à quai), mais aussi le traitement des ordures ménagères, la collecte et le recyclage des eaux grises, la réduction de consommation, et la trajectoire vers la neutralité énergétique des services portuaires.

En accueillant les grands paquebots qui actuellement utilisent les divers points de mouillage abrités de Villefranche, Cannes et dans une moindre mesure d’Antibes, avec toutes les nuisances liées aux navettes entre les paquebots et le rivage, le nouveau port permettrait à Nice de devenir la tête de ligne de nombreuses croisières avec l’atout formidable de la proximité de l’aéroport dans une région regroupant des destinations touristiques recherchées. Aujourd’hui, l’ensemble des passagers en tête de ligne qui embarquent /débarquent dans la région, et arrivent par l’aéroport de Nice, vont prendre leur navire à Savone, Toulon, Gênes, voire Marseille, générant un important trafic d’autocars.

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Paquebot en rade de Villefranche, ©André Gaillard pilotage Nice

Reste le choix du lieu et le financement ?

Comme pour l’installation d’éoliennes, tout le monde soutient le projet, mais uniquement chez le voisin. Derrière l’unité politique de façade, certains maires des communes de la Métropole ne montrent pas d’enthousiasme particulier à accueillir cette infrastructure d’envergure, se souciant plus de cajoler leurs électorats respectifs que de voir les perspectives en termes d’emplois et de retombées économiques d’un port et d’une zone logistique d’envergure. L’urbanisation intense de la côte limite fortement les possibilités domaniales, sauf à gagner de la  surface disponible sur la mer comme l’aéroport actuel. Le  choix technique du lieu va donc fortement impacter l’enveloppe financière du projet, avec un budget à minima de 600 millions d’euros.

Le financement de ce projet est donc la grande inconnue. Une part devrait être couverte par l’État dans le cadre de la nouvelle loi sur la mobilité (LOM) récemment adoptée. Les collectivités locales et la CCI de Nice devront compléter avec l’aide de l’Europe et peut-être trouver un partenariat financier avec les opérateurs portuaires.

Ces derniers soutenus par leurs clients cimentiers, les compagnies de croisière et de ferries comme Corsica Ferries ou Moby, et tous les professionnels du yachting se mobilisent pour qu’une décision politique soit prise rapidement. En effet, tous les autres ports de la façade méditerranéenne se lancent dans des infrastructures portuaires en espérant capter une partie de l’enveloppe budgétaire  promise par l’État.

Toulon va lancer un concours international pour l’aménagement de l’ancien arsenal et la construction d’un nouveau quai de croisière. Sète, grâce à l’aménagement récent du môle Masselin et la construction du quai H, peut désormais accueillir des bateaux de croisière de taille importante. À Port-La Nouvelle les travaux d’extension du port vont commencer, etc.

Source Union maritime 06

Jean-Vincent Dujoncquoy

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