Jeune Marine N°265

Devenez armateur en rejoignant Windcoop

Lancement d’une nouvelle compagnie maritime desservant en direct Madagascar 

Le 5 octobre, les membres fondateurs de Windcoop, société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) à but lucratif limité, avaient invité tous leurs partenaires pour une soirée de lancement et de financement de cette nouvelle compagnie maritime destinée à desservir dans un premier temps Madagascar, à l’aide d’un navire à propulsion vélique.

Soirée de lancement Paris©Laurent Zylberman

Louise Chopinet, DG Windcoop ©Laurent Zylberman

Le projet présenté par Louise Chopinet, DG de Windcoop, est de desservir en direct Madagascar au départ de Marseille, avec un navire porte-conteneurs de 88 m propulsé à la voile, d’une capacité de 104 EVP, à la vitesse moyenne de 8 nœuds, afin de proposer un service compétitif avec un transit time de 28 jours.

En effet, les compagnies maritimes desservant l’Océan Indien ont progressivement délaissé les destinations à faible valeur ajoutée, comme le Pakistan ou le Bangladesh mettant en péril des secteurs complets de l’économie de ces pays (vêtements, par exemple). Les importateurs et exportateurs de Madagascar sont soumis à des transit times de 60 à 90 jours, avec des transbordements dans les différents hubs méditerranéens, d’Afrique et de l’Océan Indien, augmentant d’autant l’immobilisation des marchandises, avec un risque accru de détérioration, en particulier pour les marchandises réfrigérées. En faisant une ligne directe, Windcoop devient compétitif pour les exportateurs malgaches.

Le navire développé est un porte-conteneurs à voiles, avec de fortes performances véliques, soit environ 1 gr de CO2 émis par tonne/km transportée, avec une manutention autonome afin de s’affranchir des capacités de manutention des ports malgaches. Ce sont les bômes des mâts, conçues avec les Chantiers de l’Atlantique qui permettent la manutention des marchandises.

©DR Windcoop

Le marché de Madagascar est orienté à l’export vers la France avec les épices, les produits de l’agriculture et de l’aquaculture. Pour l’import, majoritairement les produits de la grande distribution, mais également des contenants pour l’export, comme des bocaux en verre qui ne sont pas produits sur la grande Île. Madagascar représente un marché de 250.000 EVP/an.

Un modèle coopératif à confirmer

Le principe de la coopérative est d’avoir une gouvernance partagée entre les sept collèges représentant toutes les parties prenantes de ce projet. Chaque collège a un pourcentage dans la décision à prendre. Le pouvoir de décision n’est pas fonction de la quantité de capital détenu.

 

Ce choix de modèle assumé permet à de « petits » chargeurs de s’engager dans cette voie, sans mettre en péril leurs entreprises. Les grandes sociétés ont une vision à 15 ans et peuvent s’engager sur un faible pourcentage de leurs volumes, sans mettre en péril leurs logistiques, avec la petite touche verte appuyant un discours éco-responsable. Les petits chargeurs, comme le torréfacteur Frédéric Lerebour fondateur de Lobodis ou la coopérative Ethiquable dirigée par Stephane Comar, ne peuvent pas s’engager fermement par contrat à hauteur de 75% de leurs volumes. Ils s’investissent dans ce modèle coopératif, sous la forme d’une lettre d’intention, sur un volume, et devienne sociétaire en achetant des parts sociales de Windcoop. Windcoop souhaiterait que l’ensemble des chargeurs devienne sociétaire de la coopérative. L’enjeu est de répondre au transport de marchandises.

 

 

Devenez armateur en participant au financement.

Le premier objectif est de financer ce navire neuf à hauteur de 22 millions d’euros, pour le début de 2023, afin de lancer la construction du navire en mars 2023 pour un début d’exploitation en 2025. Cette première soirée de présentation avait pour but le lancement de cette campagne de financement participatif auprès du public et investisseurs. L’objectif de ce financement via la plateforme LITA.co est d’atteindre 50% des fonds propres nécessaires pour lancer la construction, soit 3 M d’€.

Windcoop souhaite que le plus grand nombre adhère à ce financement citoyen, 3000 ou même 50.000 personnes, plutôt que de reposer sur trois fonds d’investissement. Cependant, les fonds à impact sont bien entendu ciblés dans ce premier tour de table.

Par ailleurs, afin d’obtenir les financements auprès des investisseurs, Windcoop démarche actuellement les futurs clients-chargeurs pour sécuriser les premiers chargements en obtenant des engagements fermes en termes de volume transporté, et de prise de participation dans le projet. C’est le cas d’Arcadie (voir § fondateurs) qui apporte 2 M d’€ au financement (pour un chiffre d’affaires annuel de 20 M d’€).

QR Code lien vers plateforme Lita

Vous pouvez vous rendre sur la plateforme LITA.co  et devenir ainsi co-armateur du navire en devenant sociétaire via cette offre de parts sociales, puis souscrire à la campagne de titres participatifs. Mise de départ 100 €, mais pas de limite supérieure. A ce jour, les montants récoltés vont de 100 à 300 000 €.

 

Une éthique sociale maritime très forte

 L’un des challenges volontairement assumés est de pouvoir recruter un équipage franco-malgache avec un niveau de rémunérations équitables, c’est-à-dire adaptées au niveau de vie des marins dans leur pays d’origine, et non l’égalité des salaires. Ce n’est pas simple avec les Malgaches, car ils naviguent sur des longues périodes, n’ont pas de congés payés, et veulent souvent faire de l’argent pour subvenir aux besoins de leurs proches. Windcoop souhaite pouvoir mettre en place un système d’embarquement/congés de deux mois /deux mois, ce qui correspondrait à une rotation complète, pour les Malgaches et les Français. Windcoop espère également une mixité hommes/femmes dans l’équipage.

L’armement équitable de ce navire est un sujet difficile à appréhender. Il faut des marins motivés et compétents pour conduire ce navire en toute sécurité à bon port, dans les temps, avec une marchandise non altérée. Si le challenge vous tente, rejoignez l’aventure.

Annuellement, il est prévu 5,6 rotations, à la vitesse de 8 nœuds (parfaite pour la pêche à la traîne sous les tropiques !!!), avec le plaisir de partager l’expérience avec la douzaine de passagers que pourra embarquer le VARATRAZA (Alizé en malgache), nom probable de ce futur premier voilier-cargo de la toute jeune compagnie Windcoop, créée en mai 2022 et basée à Lorient.

Les fondateurs de Windcoop 

L’idée de ce transport à la voile est venue de Matthieu Brunet, dirigeant de la société Arcadie, société d’épices créée par ses parents en 1990 pour importer des épices bio, commercialisées sous la marque Cook. Ayant créé le label équitable « Bio partenaires » qui certifie une filière complète de production bio, il a constaté que la partie transport ne rentrait pas dans les critères labélisables. Prenant exemple sur Grain de Sail, importateur de cacao installé à Morlaix, qui a construit un premier navire à voiles, Matthieu Brunet s’est rapproché de Zéphyr & Borée pour concevoir un navire adapté à Madagascar, d’où il importe 250 tonnes par an.

Matthieu Brunet, CEO Arcadie ©DR
Matthieu Brunet, CEO Arcadie ©DR

Autre fondateur, Julien Noé, président-fondateur d’Enercoop. Enercoop est un outil de transition énergétique pour produire de l’électricité durable et demain du biogaz. Elle regroupe 11 coopératives, 300 producteurs et 5000 sociétés. C’est une société commerciale de vente d’énergie, qui milite aussi pour un nouveau modèle de société pour les citoyens. Il fonde Les Licoornes, rassemblement de 9 SCIC opérant dans 9 secteurs différents, dont Railcoop pour le transport ferroviaire, dont le but est de promouvoir une économie coopérative. Julien Noé apporte à Windcoop sa vision d’entreprise qui porte sur une triple éthique : écologique, financière et sociale.

Julien Noé, fondateur Enercoop
Julien Noé, fondateur Enercoop ©DR

Nils Joyeux(1), co-fondateur Zéphyr & Borée, compagnie maritime de transport bas carbone créée en 2015, travaille avec une douzaine de collaborateurs sur des projets de réduction de 20 à 30% de la consommation des navires avec la navigation à la voile. « Venant du shipping, nous avions la conviction de pouvoir utiliser de façon plus industrielle la force vélique ». Le premier projet qui a abouti est la construction du Canopée, navire roulier de 121m, destiné au transport de la fusée Ariane 6 de différents ports européens vers le pas de tir de Kourou en Guyane. Ce navire est actuellement en construction. Zéphyr & Borée apporte son expérience dans le domaine maritime, en ayant notamment défini la taille, les caractéristiques et le design du navire avec l’aide d’un bureau d’études spécialisé dans la conception de grands yachts, créant le design de ce navire de charge.

(1) Ancien élève de l’ENSM, promo 2008

Nils Joyeux, fondateur Zéphyr et Borée.
Nils Joyeux, fondateur Zéphyr et Borée. ©Laurent Zylberman

1 rue Estienne d’Orves, 56 100 Lorient

© Jean-Vincent Dujoncquoy

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