Le 18 janvier 2024, s’est tenu à la Cité numérique du Havre, l’événement des élèves administrateurs maritimes de l’ESPMER (Ex-ENSAM) sur l’éolien en mer. Cette après-midi à destination des étudiants havrais a permis de vulgariser l’éolien en mer, ses enjeux et problématiques. Ce projet s’inscrit dans le cadre des projets pédagogiques de la formation initiale d’administrateurs et administratrices des Affaires Maritimes. L’objectif premier était de mettre en situation de gestion de projet pour développer les compétences requises dans leurs futures fonctions (planification, négociation, représentation, communication, résolution de problèmes). En effet, en quittant l’ESPMER, quelques-uns d’entre eux rejoindront les CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage), d’autres conduiront les actions relatives à la mer et au littoral.
L’assemblée s’est ouverte par un discours de Monsieur l’Administrateur Général des Affaires Maritimes, Hervé Thomas, Directeur interrégional de la mer Manche-Est, Mer-du-Nord (DIRM MEMN). Les richesses halieutiques de la façade, notamment grâce à la coquille Saint-Jacques, qualifié “d’or blanc”, ont été évoquées. L’intervention s’est conclue sur un temps d’échanges avec l’auditoire.
Par la suite s’est tenue une table ronde avec Pierre Ceccato, responsable de projets chez RTE (Réseau de Transport de l’Électricité). Grégory Pinon, professeur en mécanique et en génie civil à l’Université Le Havre-Normandie et Hervé Poisson, patron pêcheur au Havre, ont débattu sur l’éolien en mer. On regrettera tout de même l’absence d’un intervenant d’EDF, opérateur des parcs éoliens dans la Manche, qui aurait apporté plus d’éléments de réponses dans les grandes interrogations de l’échange.
Grégory Pinon a ainsi présenté les différentes technologies de pose d’éoliennes en mer, à savoir :
- la fondation monopieu, une seule embase cylindrique ;
- la fondation jacket, constitué d’un treillis métallique ;
- et la fondation en béton gravitaire, solution retenue notamment pour le parc de Fécamp.
Cette technologie est constituée d’une structure en béton armée, ballastée puis posée sur le sol marin dont sa masse assure la stabilité des éoliennes. Pierre Ceccato rappellera les méthodes de transport d’électricité, à savoir l’ensouillage, un procédé d’enfouissement d’un câble sous-marin. Hervé Poisson fit entendre auprès du public son point de vue en qualité d’usager de la mer, subissant en plus de l’évolution climatique, la modification des zones de pêche, résultant d’une diminution de jours en mer et donc d’une baisse de la pêche.
C’est en effet la conciliation des usagers qui est un enjeu : en effet, en posant des éoliennes en mer, les zones de pêche sont modifiées et c’est tout le travail des différentes administrations publiques d’organiser et de répartir au mieux l’utilisation que chacun fait de la mer.
C’est notamment pour éveiller les consciences aux participants de cette journée que les élèves de l’ESPMER ont organisé différents ateliers, mettant en rôle les étudiants havrais dans diverses fonctions pour les mettre en situation et les sensibiliser. Nous avons ainsi pu nous retrouver dans la peau d’une association de plaisanciers voulant se battre pour ses droits ou bien d’un armement de pêche souhaitant plus de zone de pêche : tout cela sur un plateau de jeu, animé par les étudiants qui ont su faire rebondir et évoluer la situation quand cette dernière semblait trop facile. La prise de conscience est immédiate : il n’est pas facile de jouer le rôle de médiateur, car chaque usager souhaite mettre en avant ses intérêts.
La Préfecture maritime, qui figurait parmi les intervenants, a créé un plateau de jeu simulant un navire qui était entré en collision avec un champ éolien en mer. Les étudiants se sont vu distribuer un rôle : capitaine du navire, directeur du CROSS, Préfet maritime, Armateur. Ils ont pu pendant les quelques heures, se plonger dans un sauvetage ORSEC (Organisation de Réponse de la Sécurité Civile) maritime de niveau 3. Avec beaucoup de ressources à leur disposition, ils ont pu toucher du doigt tout l’enjeu de sécurité maritime que représente un champ éolien en mer. Véritable risque potentiel de catastrophe que la situation est d’ores et déjà étudiée et simulée en exercice par les vrais acteurs, notamment via l’exercice NJÖRD 2023 et les PIM (Plan d’Intervention Maritime) des différents parcs éoliens.
En définitif, le projet « Parlons Vent ! » a été une vraie réussite, un projet ambitieux qui a été le fruit d’un travail important de toute son équipe. Les étudiants sont tous repartis avec une meilleure compréhension du domaine de l’éolien en mer, et ils étaient tous souriants, grâce à l’accueil chaleureux et à la volonté de partage des élèves de l’ESPMER.
Nicolas VILLAUME