Armements françaisJeune Marine N°273Vidéos à la Une

« Connaissez-vous vraiment les armements français ? »

Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d'Armement d'ORANGE Marine

Bienvenue dans ce nouveau volet de notre rubrique « Connaissez-vous vraiment les armements français ? ». Les armements français se distinguent par leur diversité, mais aussi et surtout par leur savoir faire et certains, comme Orange Marine par leur excellence. Armement français historique et grand témoin de l’évolution technologique, Jeune Marine a le plaisir de vous présenter son entretien exclusif avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d’Armement d’Orange marine mais surtout officier bien cablé !

Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d'Armement d'ORANGE Marine © Jeune Marine
Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d’Armement d’ORANGE Marine © Jeune Marine

Aymeric Avisse : Bonjour Loïc Baudouin, merci beaucoup de nous recevoir aujourd’hui sur la base Méditerranée d’un armement historique et stratégique qui est Orange Marine : cet armement est peu connu, n’ayant pas l’envergure des poids lourds du maritime français. Pour autant,  Orange Marine a participé à l’histoire de la marine marchande française et à l’excellence du savoir-faire français. Aussi, avant de rentrer dans le détail de cet armement, on aime bien en savoir un peu plus sur notre interlocuteur : donc, tu es issu de la promo C1NM 1996 de l’ENMM de Marseille et tu as navigué un petit peu comme officier ; aujourd’hui tu es le capitaine d’armement d’Orange Marine, peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Loïc Baudouin : Alors, comme tu l’as précisé, je suis entré à l’Hydro en 1996 à Marseille, j’ai fait quelque temps d’élève, dans une compagnie qui est bien connue, la Delmas. Après, j’ai commencé à faire mes temps d’élève officier chez Orange Marine, qui, à l’époque, s’appelait France Télécom Marine. C’était donc au début des années 2000 puis j’ai fait mon DESMM que j’ai eu en 2003, et j’ai navigué jusqu’en 2008, toujours chez Orange Marine, en tant que lieutenant, officier mécanicien, second, et ensuite j’ai posé mon sac à terre pour rejoindre le Bureau Veritas Marine, d’abord comme expert à Marseille, puis 4 ans comme ce qu’on appelle le Ssom, donc responsable des opérations qui gère un peu les experts et les relations avec les armateurs. En 2016, un poste s’est rouvert chez Orange Marine, cette fois-ci à terre, comme capitaine d’armement. Voilà, donc j’ai réintégré le giron d’Orange Marine.

Aymeric Avisse : Donc avec ta belle expérience d’Orange Marine et ta spécialisation au Bureau Veritas, tu as pu revenir à un poste de capitaine d’armement. Alors Orange Marine est un armement très ancien, on a pu voir sur les maquettes le logo des PTT, de France Télécom,  c’est un armement avec une histoire considérable, qui a participé à l’évolution des télécommunications mondiales : peux-tu nous présenter un petit peu cette excellence française, quels travaux effectuez-vous et combien de navires exploitez-vous ?

Loïc Baudouin : Alors la pose de câble est en fait très vieille puisqu’elle a commencé avec son premier câble en 1856, et donc déjà il y avait des navires français qui faisaient ces poses, les navires étaient rattachés au Ministère des Postes et Télécommunications. Puis il y a eu la scission entre La Poste et France Télécom et cette activité de pose a été rattachée à France Télécom et ce qu’on appelle aujourd’hui Orange Marine est devenu filiale à 100 % du groupe

Orange au début des années 2000. Aujourd’hui, on opère trois navires sous pavillon français, au registre international, on a une filiale qui est basée en Afrique du Sud, Chamarel Marine Services et on a une société sœur Elettra Tlc, qui est une société italienne.

Aymeric Avisse : Quels travaux effectuez-vous avec vos navires ?

 Loïc Baudouin : On a deux activités principales qui sont d’une part la pose de câble de télécommunication sous-marin, qui est faite principalement par le René Descartes, qui aujourd’hui est en Californie pour la pose d’un câble transpacifique ; et une fois que le câble est posé, on propose à nos clients d’aller le réparer quand il tombe en panne. Voilà, donc on a deux navires sous pavillon français, le Fermat qui est basé à Brest, dans le même style d’enceinte qu’à la Seyne, on y a des entrepôts dans lesquels on va stocker des câbles de réserve et on va aller réparer les câbles pour nos clients quand il y a besoin.

Aymeric Avisse : Tu me parles de Brest, de la Seyne, vous avez quelque chose à voir avec les militaires ?

Loïc Baudouin : Alors pas du tout. Pour la Seyne-sur-Mer, historiquement, il y avait une usine qui fabriquait du câble, le bateau était à côté.

Aymeric Avisse : Orange Marine, on sent qu’elle est fière de son histoire, vous avez même baptisé les navires avec des personnages célèbres et marquants des télécommunications : peux-tu nous expliquer un peu le pourquoi de cette dénomination et puis les caractéristiques de ces navires et sur quelles zone vous travaillez ?

Loïc Baudouin : Alors tous nos navires effectivement sont baptisés du nom soit de mathématiciens qui ont contribué à des travaux liés à tout ce qui était télécommunications, soit à des ingénieurs qui étaient dans des rangs élevés dans les différents ministères des Télécommunications.

 Aymeric Avisse : D‘accord, vos navires sont de beaux navires, ils sont jolis, mais on n’a pas l’impression que ce sont des navires de travail, tout est caché ? Comment ça se passe dedans ?

Loïc Baudouin : Tout est caché oui et non, mais il est vrai que la principale activité du bateau se trouve dans le bateau parce qu’on a les cuves dans lesquelles on vient lover le câble, que ce soit pour de la pose ou pour de la maintenance. Le bateau  est composé de différents ateliers, donc on va avoir un atelier pour le jointage quand on va récupérer le câble à bord du bateau pour le réparer, on va faire la soudure sur la fibre optique sur le pont de travail, donc dans un atelier assez spécifique avec des équipements qui le sont aussi, et puis on va avoir un atelier ROV dans lequel on va pouvoir faire sa maintenance et tout ce qui est pilotage des ROV.

Aymeric Avisse : Très bien, il me semble que votre flotte est relativement récente : vous avez des navires qui sont très technologiques et vous êtes également parés pour réduire vos émissions de CO2, mais en plus quelque part, quand on parle de pose de câble, vous êtes en train de contribuer à la décarbonation : est-ce que vous avez un bonus, comment ça se passe votre décarbonation en général ?

Loïc Baudouin : Comme tu l’as souligné, on a une flotte qui est relativement jeune, Orange

Marine a toujours fait le choix de faire l’acquisition de navires neufs, donc ça a l’avantage de « designer » le navire en fonction de l’activité qu’on connaît, qu’on adapte en fait sur notre activité, tout en bénéficiant des dernières technologies. Donc, à chaque construction. On a eu le Pierre de Fermat qui est sorti en 2014 et là le Sophie Germain qui est arrivé cet été pour remplacer le Raymond Croze qui lui avait 40 ans.

 Aymeric Avisse : Donc, Sophie Germain, si je me souviens bien, c’est un navire hybride, en propulsion électrique, avec des moteurs diesel et des batteries ?

 Loïc Baudouin : Oui, exactement. Tous nos navires sont composés de propulsion diesel électrique qui fonctionne au diesel. On a toujours fait ce choix d’avoir du diesel plutôt que du fuel lourd, parce que sur le type de moteur, c’est un peu plus approprié et puis en termes de pollution on est sur des taux de soufre qui sont inférieurs à la norme réglementaire. Le Sophie Germain effectivement a un pack de batteries qui lui permet en fait de pallier des pics de puissance qui feraient qu’on aurait besoin d’un troisième moteur en opération.

Aymeric Avisse : Très bien. Quand on est venu te voir tout à l’heure dans les bureaux, on a vu un très beau panneau avec de la production électrique, donc vous branchez peut-être le bateau à quai ? Qu’est-ce que vous proposez en plus ?

Loïc Baudouin : Les bateaux, à Brest et à la Seyne-sur-Mer, ont toujours été rattachés, enfin sont toujours branchés sur du courant quai, depuis très longtemps. Et la particularité à la Seyne-sur-Mer, c’est le temps qui fait ici et donc en fait nos entrepôts qui sont relativement grands, disposent de panneaux photovoltaïques, ce qui permet au Sophie Germain d’être alimenté directement par ces panneaux photovoltaïques, quand il est à quai.

Aymeric Avisse : Donc en plus de brancher le bateau, vous consommez votre autoproduction.

Loïc Baudouin : Exactement !

Aymeric Avisse : Impressionnant ! Alors tu nous disais effectivement que l’armement est français, le pavillon est français et le registre est international. Alors quelles sont les fonctions qui sont accessibles aux officiers français et à quel niveau recrutez-vous ?

Loïc Baudouin : On a un équipage qui est français et international, donc on a tous les officiers et la partie maistrance qui sont français, ce qui représente une vingtaine de marins sur chacun des navires et 25 marins malgaches, en fait 25/26 Malgaches sur chacun des navires.

Aymeric Avisse : Donc largement au-delà des minima !

Loïc Baudouin : Exactement, on est au-dessus des quotas qui composent effectivement le minimum du RIF.

Aymeric Avisse : Donc du coup vous recrutez des élèves, des lieutenants ou même des seconds. A quel niveau vous recrutez ?

Loïc Baudouin : Chez les officiers on recrute sur des postes de jeunes officiers, en fait donc lieutenant ou officier mécanicien, avec une grosse majorité sur des officiers polyvalents ; mais on a à peu près 10 % d’officiers monovalents aujourd’hui qui composent nos effectifs au niveau des officiers et après c’est à eux de faire leur choix de carrière en fonction de leur évolution au sein d’Orange Marine, en sachant qu’effectivement quand on vient chez nous on y reste ! En fait, ce que l’on constate depuis quelques années, c’est que les gens font carrière chez nous aussi bien au niveau officier qu’au niveau de la maistrance.

Aymeric Avisse : D’accord,

Loïc Baudouin : Particularité effectivement au niveau de la maistrance parce que, quand on regarde les compagnies au long cours, il n’y en a plus beaucoup ; à part le ferry aujourd’hui, il y a très peu d’armements qui embarquent des maîtres français.

 Aymeric Avisse : Tout à fait ! Tu nous parlais justement des carrières complètes : vous êtes certainement un des rares armements au sein desquels des gens embarqués font des carrières totales. Est-ce que tu considères qu’Orange Marine, du coup, serait un peu le Graal du long cours ?

Loïc Baudouin : Je ne sais pas si c’est le Graal, mais tous nos navires sont au long cours mais on n’est pas vraiment représentatif effectivement de ce qu’est le long cours parce que nos marins ne partent pas 5 mois en mer. On est sur un rythme de 2 mois maximum.

Depuis toujours on tient compte aussi des demandes, enfin on essaie de composer entre les demandes de congé des marins à l’année  et de l’opération des navires, pour composer en fait les plannings. Donc des marins peuvent embarquer pour un mois comme ils peuvent embarquer pour deux mois sur nos navires.

Aymeric Avisse : D’accord, donc vous essayez de fidéliser et de faire des plannings à la carte.

 Loïc Baudouin : Voilà, c’est à peu près cela et sur des rythmes de navigation d’à peu près 6 mois par an.

Aymeric Avisse : Voilà, très bien, donc si on veut vous rejoindre, on t’appelle ?

Loïc Baudouin : C’est ce que font la plupart des marins et des élèves aujourd’hui.

Aymeric Avisse : Tu es tout seul ou non ?

Loïc Baudouin : Non, je ne suis heureusement pas tout seul parce que je ne m’en sortirais pas. J’ai une belle équipe derrière moi, qui m’aide, qui participe à tout ce qui est partie recrutement, donc dans les salons comme la semaine dernière par exemple au salon Pro&Mer, ou sur les sites directement de l’ENSM ; donc, non, j’ai du support derrière moi pour la partie recrutement à contacter directement via notre formulaire de contact https://marine.orange.com/fr/contact-fr/ ou sur les réseaux LinkedIn et X.

Aymeric Avisse : Très bien, on va vous mettre également en description toutes les coordonnées de toutes les personnes qu’il faut contacter et surtout on va te souhaiter une très belle continuation dans ce très beau cadre et dans ce très bel armement.

Loïc Baudouin : Merci beaucoup Aymeric. A bientôt !

Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d'Armement d'ORANGE Marine © Jeune Marine
Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d’Armement d’ORANGE Marine © Jeune Marine
Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d'Armement d'ORANGE Marine © Jeune Marine
Rencontre avec Loïc BAUDOUIN, Capitaine d’Armement d’ORANGE Marine © Jeune Marine
CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE

Nos abonnés lisent aussi...

Bouton retour en haut de la page