Depuis le 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie traverse une période de crise sans précédent, mettant 80% de l’économie locale à terre, bloquant les deux principales portes d’accès au territoire, l’aéroport toujours pas réouvert au trafic commercial et le port de Nouméa qui avait repris une activité a minima depuis la levée des barrages à l’entrée de la presqu’île de Nouville. Le non-renouvellement par le gouvernement calédonien, dirigé par Louis Mapou (indépendantiste du FLNKS) du contrat de Brice Kiener, à la tête du port autonome, a eu pour conséquence, l’arrêt immédiat de l’activité ce samedi 1er juin.
Les cadres et salariés du Port Autonome de Nouvelle-Calédonie (PANC) ont décidé de ne plus assurer les différents services portuaires (le lamanage est assuré par des employés du port), ne souhaitant pas endosser les responsabilités de la Direction Générale. Aucun navire n’est opéré, alors que les acconiers, transporteurs, agences maritimes, pilotes et remorqueurs mobilisent leurs personnels pour assurer le réapprovisionnement du territoire après ces trois semaines d’insurrection. Un navire, le Port-Vila Chief (Compagnie Swire) est en attente d’être déchargé.
Le port de Nouméa est le second port d’outre-mer en termes de volume. Chaque année, il gère près de 5 millions de tonnes et 100 000 conteneurs, avec un budget dépassant les 5 milliards de francs CFP (environ 42 millions d’€). Il est également le deuxième plus grand port de croisière en France après Marseille, mais c’est déjà du passé en raison de la situation dramatique actuelle, l’activité croisière va être réduite à néant pour cette année.
De l’avis des professionnels du port, l’UMEP, ou des syndicats, Brice Kiener fait l’unanimité pour son dévouement, sérieux et dynamisme. Calédonien, originaire de Hnaeu sur l’île de Lifou, diplômé de l’école Centrale de Marseille, il est arrivé au PANC en juin 2021, après une belle carrière d’Officier dans la Marine Nationale. Son contrat prenait fin ce 31 mai 2024.
Il a insufflé une modernisation, un management et des projets comme l’extension du quai de 250 mètres, dit poste « 8 » (pour accueillir de plus grands navires de commerce), qui font consensus dans le milieu maritime, loin de toute considération politique ou partisane.
Cette vacance de poste est-elle volontaire ou le gouvernement calédonien occupé ailleurs a oublié soit de reconduire Brice Kiener dans ses fonctions, soit de recruter son successeur … qui, vu la situation actuelle sur le Caillou, doit hésiter à accepter !!! Le DG adjoint étant lui-même intérimaire, il ne peut assurer la vacance de l’ensemble des compétences du DG.
Quels que soient les reproches faits par le gouvernement calédonien à Brice Kiener ou d’intentions politiques moins avouables, cette vacance de poste illustre le désordre provoqué en Nouvelle-Calédonie qui bloque toute décision, même les plus élémentaires de la part des élus en responsabilité (Voir MAJ ci-dessous).
Par la voix de Sylvain Mela, son président, l’UMEP-NC demande la nomination urgente d’un nouveau DG, ou la reconduction de Brice Kiener dans ses fonctions.
Par une lettre ouverte au gouvernement calédonien, la Fédération des Industries en Nouvelle-Calédonie apporte également son soutien à Brice Kiener : « Il a su, dans les conditions extrêmement dégradées que nous connaissons depuis ces dernières semaines, sauvegarder les bateaux, les barges et les entreprises du port. Il a travaillé́ sans relâche à la réorganisation du port et à créer des ponts maritimes entre le port, la brousse et les différents quartiers de Nouméa, permettant le ravitaillement de la population en médicaments et en vivres, afin de pallier aux barrages routiers ».
Mise à jour : Dimanche 2 juin : D’après la chaine TV 1 de Nouvelle-Calédonie, le blocage du port est le résultat d’un imbroglio politico-administratif mettant en lumière des discordances entre les membres du gouvernement calédonien . Mr Gilbert Tyuienon, maire indépendantiste de Canala, en charge des transports, président du conseil d’administration du port autonome, a d’abord indiqué que le contrat de l’actuel directeur arrivait à son terme et que son successeur serait désigné en début de semaine. Son collégue Mr Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie de la mer, et également membre du conseil d’administration du port autonome, a annoncé que le contrat de l’actuel directeur a été prolongé de trois mois, mais pour que cette décision soit effective, il faut que Gilbert Tuyienon, contresigne cet arrêté, ce qu’il refuse de faire. Ce dernier dans un communiqué apporte un démenti sous forme de déni de la réalité : « Il est tout autant ridicule de faire croire que la pérennité de l’action du port pourrait dépendre d’une seule personne. Ce changement de direction n’entraînera aucune conséquence sur le fonctionnement de l’installation portuaire« . Les Calédoniens apprécieront !!!
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