La SNSM est une institution incontournable de la sécurité maritime du modèle français. Sur le statut associatif et uniquement armées par des bénévoles, les vedettes de la SNSM sont positionnées sur la quasi totalité des ports maritimes métropolitains. Pour les bénévoles, dont certains sont également marins professionnels, un tsunami a frappé récemment ce canot tous temps en requérant la condamnation du capitaine de la vedette SNSM qui avait porté assistance au Breiz, à 1 an de prison avec sursis assortie de deux ans d’interdiction de naviguer : « Dans son réquisitoire, le procureur avait repris les conclusions de l’expert maritime, selon lesquelles le remorquage était « causal » dans le naufrage du Breiz. » (source Le Monde) pour finalement être relaxé le 04 juin dernier par le Tribunal Maritime du Havre. Un évènement qui pourrait remettre fortement en question l’engagement bénévole des marins professionnels, notre rédaction a pu faire le point avec le Président de la SNSM, Emmanuel de OLIVEIRA :
Aymeric AVISSE : Bonjour M. de OLIVEIRA, merci de nous recevoir pour parler d’un sujet d’actualité qui fait beaucoup réfléchir les marins de commerce : le procès du naufrage du BREIZ à l’issue duquel le patron de la vedette SNSM encourait une condamnation pour homicide involontaire. Pouvez-vous revenir sur ce sujet ?
Emmanuel de OLIVEIRA : Le patron de la SNSM n’a pas été mis en cause pour homicide involontaire, mais pour des infractions à la navigation et au Code des Transports. L’audience a montré que ces infractions n’existaient pas, et le tribunal dans sa sagesse a relaxé notre patron de toutes les charges pesant contre lui.
Pour que l’homicide involontaire ait pu être retenu, il aurait fallu démontrer le lien de causalité directe entre les manœuvres des Sauveteurs en mer et le décès des trois malheureux jeunes pêcheurs. C’était probablement impossible à démontrer.
Aymeric AVISSE : Il faut rappeler que les canots de la SNSM sont uniquement armés par des marins professionnels ou non, mais surtout bénévoles. Pour les professionnels il y a toujours l’épée de Damoclès de la double peine sur les brevets du marin, le contraignant à ne plus pouvoir embarquer : cette décision du tribunal a été un soulagement pour votre association ?
Emmanuel de OLIVEIRA : Nos patrons et nos équipages, parmi lesquels se trouvent nombre de marins professionnels ont été largement soulagés par ce jugement clair, ne retenant aucune responsabilité de la SNSM. Mais le mal est fait, l’inquiétude demeure, et il faudra sécuriser nos bénévoles pour que le décret 2018-747 relatif au régime disciplinaire des marins ne s’applique pas lors des interventions en mer de la SNSM, qui s’effectuent déjà en régime dérogatoire par rapport aux règles applicables aux marins professionnels.
Aymeric AVISSE : Nous vous avons beaucoup vus pendant les Journées nationales des Sauveteurs en Mer sur l’ensemble des stations françaises, et on remarque un grand éventail de bénévoles : vous n’avez pas que des marins, mais est-ce un vivier tout de même indispensable ?
Emmanuel de OLIVEIRA : Nous apprécions particulièrement l’engagement à la SNSM des marins professionnels, car ils apportent une richesse et une diversité d’expérience et de compétences très précieuses pour le succès de nos missions. Mais comme vous le savez, les marins sont de moins en moins nombreux, alors que les effectifs et les interventions de la SNSM croissent sensiblement. Alors, les Journées Nationales des Sauveteurs en Mer sont pour nous l’occasion de nous faire connaître partout sur les littoraux, et espérons-le, de recruter des sauveteurs bénévoles.
Aymeric AVISSE : Nombre d’entre nous se sont déjà investis à vos côtés à des postes très divers, quel est le profil qui vous manque le plus ? Avez-vous besoin d’une catégorie de marins particulière ? Mécaniciens, boscos, radios, officiers ?
Emmanuel de OLIVEIRA : Ce sont clairement les mécaniciens qui sont l’une des spécialités les plus demandées par nos stations, mais en fait, tous les marins sont les bienvenus et trouveront à coup sûr une fonction utile à bord de nos navires.
Aymeric AVISSE : L’engagement à vos côtés est volontaire, quel est le quotidien des bénévoles ?
Emmanuel de OLIVEIRA : D’abord s’intégrer à l’équipage et participer à la vie de la station, se former ensuite, au rythme de deux à trois sorties d’entraînement à la mer par mois, enfin tenir l’astreinte pour mission, à tour de rôle, avec un délai d’appareillage très court, de 15 à 20 minutes après le déclenchement de l’alerte. Ces contraintes sont bien compatibles avec une vie professionnelle active de marin, car les stations savent s’adapter au rythme des disponibilités des marins embarqués ou non.
Aymeric AVISSE : Comment fait-on pour vous rejoindre ?
Emmanuel de OLIVEIRA : On prend contact avec la station de sauvetage proche de son lieu de résidence ou d’activité. Les responsables de la station vous accueilleront à bras ouverts ! Les contacts sont à retrouver sur notre site https://www.snsm.org/