Ports

Connaissez-vous la Capitainerie et les Officiers de port ?

Non ? Et pourtant, ils sont le premier maillon de la chaîne portuaire.

Quand on parle des métiers portuaires ou de services portuaires, les officiers de port sont souvent oubliés.
Dans tous les ports de commerce du monde, on trouve une Capitainerie (Harbour Master) où travaillent les officiers de port et officiers de port adjoints.
La Capitainerie sous l’autorité du Commandant de port, est en charge des polices portuaires en appliquant le Code des transports dans les limites administratives de son port.

Son action s’inscrit dans quatre secteurs principaux :

  • La police du plan d’eau notamment dans le cadre du Service de Trafic Maritime (ou VTS – Vessel Traffic System)
  • La police des marchandises dangereuses et la préservation de l’environnement portuaire
  • La police de l’exploitation et la conservation du domaine public portuaire avec l’attribution des postes à quai et l’occupation des terre-pleins
  • La sûreté

La Capitainerie est aussi relais d’alerte entre les entreprises implantées sur son domaine et les autorités publiques. C’est enfin elle qui recueille et transmet l’information nautique.

Un navire arrivant dans un port a certes besoin de moyens physiques comme le pilotage, le lamanage ou le remorquage ; mais, il a avant tout besoin de la Capitainerie. Sans la Capitainerie, pas d’autorisation d’entrée.
Un navire souhaitant faire escale dans un port doit être représenté par un agent local auprès des instances portuaires qui se charge de fournir toute la documentation nécessaire à son entrée.

Un navire doit tout d’abord fournir toute la documentation comme la déclaration ISPS, la déclaration de déchets et le manifeste qui seront tous les trois traités par la Capitainerie avant l’arrivée. Il doit aussi obligatoirement joindre les listes d’équipage et de passagers. Sont soumises à déclaration préalable toutes demandes de soutage/ avitaillement en carburant, travaux à bord, immobilisation machine, plongée sous-coque qui seront accordées sous conditions de sécurité par les officiers de port.

Les déclarations sont étudiées et acceptées par les officiers de port sous conditions, notamment le manifeste. Le navire peut se voir imposer des consignes de sécurité particulières adaptées aux marchandises dangereuses (MD) transbordées ou en transit.
Une fois à quai, dans le cadre de la police des MD, la Capitainerie est chargée de vérifier que les consignes de sécurité préalablement données sont respectées, que le navire respecte l’intégrité du domaine portuaire (air, mer et terre).

Vérification des conditions et des consignes de sécurité pendant le soutage gaz de la drague Samuel de Champlain par camions via un skid. © JM

Gwénaëlle, officier de port au Havre depuis 17 ans dont 12 passés au Bureau Vracs :

« L’expérience acquise pendant ma navigation au tramping international sur des navires multi-purpose m’a beaucoup servie pour appréhender le métier d’officier de port et participer à la mise en place des procédures de sécurité pour les navires vraquiers. Au Bureau Vracs, j’avais la charge sur le terrain de vérifier l’interface sécurité entre le navire et la terre toujours au contact avec les marins et le navire d’un côté et les opérateurs et les chimistes côté terre. Connaître plusieurs facettes d’une opération est très intéressant et enrichissant. Même si en tant qu’officier de port, il n’y a plus de conduite des opérations commerciales, je peux voir l’impact global qu’elles ont sur le port et les autres usagers.

Maintenant à la Vigie, je peux utiliser mes connaissances maritimes et ma capacité d’adaptation propre à la Marine Marchande lors du relais d’alerte avec les entreprises Seveso du Port pour mettre en place les premières mesures d’urgence. »

En cas de pollution, les officiers de port sont chargés de mettre en place les premiers moyens de lutte et coopèrent avec les pompiers et les autres intervenants permettant de coordonner tous les acteurs portuaires.

Exercice Polharbo Lamentin

La Capitainerie attribue préalablement un quai au navire pour son escale à venir selon sa cargaison, son tirant d’eau, son horaire de travail, etc.

Luc, officier de port au Havre depuis plus de 20 ans, a quitté la Marine Marchande à un tournant de son histoire.

« Officier de port est une bonne continuité du métier d’officier dans la Marine Marchande. Au cœur du métier, je reste en contact avec les navires et les marins, toujours préoccupé par la météo, les tirants d’eau pour accueillir au mieux tous les navires. »

Dans le cadre de la police du plan d’eau, la vigie se charge de faire entrer le navire dans les meilleures conditions selon les ressources nécessaires et disponibles, les marées, les horaires de travail du navire…

Hugo, officier de port au Havre depuis 5 ans :

« J’ai trouvé dans le métier d’Officier de port, une échappatoire à la Marine Marchande. Je me trouvais dans le creux de la vague et je ne trouvais pas d’embarquement. Lors des apéros de la Mer, on m’a conseillé de passer le concours d’OPA ; ce que je ne regrette pas. Maintenant à la vigie pour faire la régulation de trafic, je me sens comme à la passerelle d’un navire « en charge » de la bonne tenue du quart et seul à prendre les décisions, responsable des mouvements. Si le rythme entre temps de travail et temps de repos n’est pas le même qu’à la mer ; beaucoup d’officiers de port font des quarts (un jour/une nuit) ou sont semi-postés. « C’est la vie d’un marin à quai ». »

L’expérience maritime d’anciens officiers de la Marine Marchande est très appréciée pour permettre un meilleur lien entre la Capitainerie et les navires. Connaître la structure des navires, avoir fait des inspections de ballasts, avoir navigué sur des types de navires en particulier, avoir appliqué toutes les réglementations OMI permet de mieux appréhender les demandes émanant des navires et de prévoir des consignes de sécurité adaptées.

Jeanne, officier de port depuis 5 ans :

« J’ai changé de métier, mais tout ce que j’ai appris et tout ce que j’ai acquis en naviguant me sert tous les jours pour faire mon métier d’officier de port. En charge du secteur amont du port du Havre, je ne suis plus dans l’opérationnel. Je suis en relation avec de nombreux services du GPMH et de nombreux acteurs portuaires pour apporter ma connaissance maritime et mon expertise sur différents projets. J’aime cet aspect de recherche et d’élaboration tout en rencontrant de nouveaux acteurs portuaires. »

L’officier de port n’est pas seulement là pour faire appliquer le Code des Ports et la réglementation (nationale et locale) mais aussi pour la faire évoluer et l’adapter aux nouveaux trafics, aux nouveaux types de navires. Être sur le terrain, rencontrer les marins, échanger avec les terminaux permet de soulever les problèmes rencontrés et surtout de trouver des solutions.

L’évolution permanente de la réglementation et des ports oblige les officiers de port à travailler et à mettre en place de nouveaux protocoles, de nouvelles réglementations ou concevoir de nouveaux logiciels informatiques.

Le métier d’officier de port est un métier passionnant et en évolution constante à la fois d’un point de vue économique et technique et d’un point de vue réglementaire. Au centre de tous les échanges portuaires, l’officier de port est un acteur essentiel et souvent mal connu.

Tous les anciens MarMar ont trouvé dans ce métier une alternative à la navigation tout en restant dans le monde maritime. Entre inspections à bord, quarts en vigie pour la régulation de trafic ou à l’élaboration de nouvelles réglementations, l’officier de port est un marin ne naviguant plus.

« Et si on fait ce boulot-là, c’est qu’on est des passionnés ! »


 

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