À l’occasion des Assises de l’Économie de la Mer, est intervenu Fabrice Loher, Maire de Lorient et Ministre délégué chargé de la Mer. Mardi 19 novembre, en plénière, fut l’occasion pour un point d’étape sur la gestion de la mer et du littoral en France. Entre nouvelles ambitions politiques et nouveaux enjeux internationaux, Fabrice Loher s’est adressé à tous les professionnels de la mer, quel que soit leur domaine : « eux tous, qui sont fiers de contribuer à l’économie maritime de la France, à sa souveraineté et à son rayonnement ».
Dans un monde en pleine mutation, le rôle du Ministère en charge de la Mer est de faire agir et de coordonner tous ces acteurs. « La dimension maritime de notre pays constitue plus que jamais, une grande responsabilité et un immense atout », explique Fabrice Loher. Il détaille trois axes de travail : en tête, la planification. Il s’agit de garantir une gouvernance inter-secteurs, conforme à l’exigence de la politique locale. Le Ministre se félicite d’une ligne directrice maintenant bien définie : « En tant qu’élu local mais aussi que Ministre délégué, je suis évidemment tout particulièrement sensible à ce point. Tout bien organiser, c’est montrer que l’État sait agir pour son territoire, et ceci au plus près de nos citoyens ».
Il s’agit ensuite, de favoriser l’innovation et la recherche. Saluant une visite à bord du Pourquoi Pas ? il rapporte les paroles d’un scientifique embarqué : « Nourrir sans détruire. Prélever et préserver. Connaître et protéger ». C’est un enjeu de taille, face au changement climatique global : une réaction coordonnée, rationnelle et efficace. « Nous devons assoir nos décisions sur un débat raisonnable, étayé par des faits et des analyses précises ». Bientôt, le nouveau gouvernement signera un nouveau Contrat d’Objectifs et Performances (COP) avec l’Ifremer : « cela confortera le modèle et les financements de l’établissement au titre de ces missions », explique Fabrice Loher.

Mais pour le Ministre, la coordination dépasse l’échelle nationale. « Nous devons agir en Français et en Européen. Ma conviction est que la France a besoin de peser, de tout son poids, au sein d’une Europe souveraine, unie, démocratique, qui défend pleinement les intérêts de ses États-membres ».
« Cela pour faire face aux changements globaux, aux chocs auxquels notre pays est confronté, le maritime au premier rang ». Fabrice Loher y voit trois objectifs centraux : « d’abord, il faut faire du maritime un levier de notre souveraineté ». Il s’agit de maîtriser des espaces maritimes nationaux et des chaînes logistiques dont l’on dépend, à l’aide d’une flotte stratégique : à la fois militaire et marchande, la première assurant la sécurité de la seconde.
« Cette souveraineté est aussi alimentaire. C’est la vocation fondamentale de notre pêche et notre aquaculture ». Un secteur à protéger plus que jamais, alors qu’il n’a jamais été aussi exposé aux crises environnementales et diplomatiques. Le Ministre chargé de la Mer annonce ainsi la création d’un observatoire économique des pêches, et le déploiement de nouvelles aires marines protégées. Il y ajoute un autre élément clé : « à cette souveraineté, inclure notre indépendance énergétique ». Pour cela, il s’agit de développer les capacités de production électrique en France : notamment via les Énergies Marine Renouvelables. « Le développement des EMR est une ambition à la fois énergétique et industrielle ». Le Gouvernement conforte le calendrier annoncé dès 2014 : en 2050, les EMR représenteront 20 % de notre production électrique, ce qui équivaut à 13 réacteurs EPR. « L’éolien en mer est une chance pour le territoire, notre industrie, et plus largement pour notre économie maritime ».
Enfin, bien sûr, le transport maritime et la marine marchande : avec en priorité, accompagner la décarbonation de la flotte. L’après-midi même, une version actualisée de la feuille de route de la décarbonation du maritime était remise au Ministère chargé de la Mer par Armateurs de France. « On a maintenant une trajectoire claire, pour la décarbonation du premier segment de flotte : gaz, porte-conteneurs et les car-ferries », explique Fabrice Loher.
Le Ministre confirme d’ailleurs l’engagement financier de l’État pour soutenir cette transition : « pour maintenir ces objectifs, il faut maintenir le cap sur l’innovation ». Il annonce un nouvel appel à projets pour la décarbonation des navires, cette semaine, avec une enveloppe de plusieurs millions d’euros. Maintenant, se déploie une stratégie, également en trois axes. D’abord, la formation : « il faut soutenir la formation et l’innovation, via nos outils de formation maritime », établit Fabrice Loher, renvoyant aux objectifs du Fontenoy du Maritime. Le doublement du nombre de diplômés à l’ENSM se concrétisera comme prévu en 2027 ; en parallèle, ces outils doivent répondre aux nouveaux besoins du secteur. « Nous allons recenser et compléter l’offre de formation, en faveur de l’emploi maritime, navigant et à terre ».
« Ces métiers, il faut les promouvoir et en prendre soin », décrit Fabrice Loher. « Nous allons renforcer la surveillance des conditions de travail ». Le Ministre salue au passage l’avancée que représente l’entrée en vigueur de la Loi Le Gac. « Elle montre notre lutte contre le dumping social : en particulier en Manche, mais aussi en Méditerranée ».

Fabrice Loher est intervenu en soirée ce mardi 19 novembre, pour la clôture de cette première journée. L’occasion d’annoncer la tenue des prochaines Assises de la Mer : rendez-vous les 4 et 5 novembre prochain à La Rochelle. Il salue la dynamique du monde maritime dans l’Hexagone : « la ligne bleue sur laquelle notre pays doit centrer son regard, mobiliser ses efforts, se projeter dans l’avenir, n’est plus celle que Jules Ferry situait dans les nuages. Elle est celle de l’océan : de nos façades maritimes, et de nos outre-mer ». Mais cette dynamique doit dépasser nos frontières : « seule face à ces immenses défis, la France ne peut rien ou pas grand-chose. Mais forte dans une Europe forte, sa voix originale et visionnaire qui a toujours été sa signature, peut promouvoir des réponses ambitieuses ».



