Jeune Marine : le trait d‘union !

Articles et vidéos vont vous faire revivre dans les jours qui viennent cet événement exceptionnel organisé à l’ENSM du Havre par Jeune Marine : je veux parler de la conférence – débat sur les suites qui sont données au rapport du député Yannick Chenevard sur la flotte stratégique (2023).

Il serait illusoire de vouloir rendre en un seul et premier papier la richesse des échanges qui répondait au niveau de compétences et d’engagement des orateurs. Mon propos sera donc de souligner ici le nouvel élan que nous avons tous vécu lors de cet après-midi du 6 mars. Sous la banderole de Jeune Marine, Aymeric Avisse, Eric Girard et Michel Leluyer ont suscité de véritables retrouvailles entre deux mondes qui, la veille, se regardaient encore avec une once de moquerie, un soupçon d’incompréhension et la certitude de ne pas faire le même métier. Or, le concept de flotte stratégique relancé par le député Yannick Chenevard dans son rapport parlementaire, ne peut accoucher d’une réalité pratique que si les marins du commerce apprennent (réapprennent) à travailler avec leurs collègues des bateaux gris. Travailler ensemble exige d’abord de se connaître, de se comprendre et de poursuivre le même objectif.

Si les orateurs ont abordé des sujets structurants, capacités d’emport ou de construction, tous ont insisté sur l’aspect humain. Tant que l’océan était un espace où seules les tempêtes inquiétaient les marins, ces derniers pouvaient conduire leurs chargements à bon port en toute quiétude. Quand la situation internationale se crispe, l’océan devient le premier lieu de tensions entre les puissances qui veulent s’affirmer, se réaffirmer ou se défendre.

 

Avant même que les terriens n’aient vraiment pris conscience des potentialités de conflit, les marins sont directement confrontés à des formes d’agression qui peuvent aller de la simple menace à l’attaque de leur navire. Cette nouvelle réalité oblige les gens de mer à se souvenir qu’ils constituent une communauté de praticiens dont les missions sont complémentaires. De cette prise de conscience à la volonté de travailler ensemble, il n’y a plus qu’un pas que la conférence s’est efforcée de franchir.

Après avoir rappelé les missions de protection et d’accompagnement des porte-conteneurs et pétroliers qu’exercent déjà les navires de la marine nationale en mer Rouge, et évoqué des modalités de coopérations telles qu’elles existent, les amiraux présents ont clairement exprimé le besoin qu’a leur arme d’augmenter leurs forces de réserve, qui devront passer de 4300 réservistes (2022) à 12.000 réservistes en 2030. Les orateurs ont évoqué la rupture qu’a provoqué la fin du service militaire de conscription (1992) en stoppant l’accueil des officiers de marine marchande sous la bannière de la réserve, et ont rappelé que les marins de commerce, qui connaissent une bonne part de leur métier, sont leurs meilleures recrues. Avec réalisme et modestie, ils ont convenu que la reconstruction de la réserve était en cours et demanderait encore quelques temps pour que leurs aspirations trouvent une complète application.