Aucun armement n’est identique mais tous ont une histoire. Pour ce numéro 277 de Jeune Marine nous avons rencontré pour vous Marie VALMALLE-FRADET, Directrice des Ressources Humaines chez Bourbon Offshore Surf, qui va tout nous expliquer sur l’histoire passée mais aussi et surtout à venir d’un armement au potentiel que vous sous-estimez peut-être mais qui est et surtout sera un acteur majeur de votre avenir personnel et qui sait peut-être professionnel !

Aymeric Avisse : Bonjour Marie Vallemalle-Fradet, merci de nous recevoir aujourd’hui ici dans vos tout nouveaux locaux marseillais hébergeant le siège d’un armement avec une histoire de près de 80 ans et donc vous êtes la directrice des Ressources Humaines : on parle bien de Bourbon Offshore Surf. Pendant 40 ans Bourbon transportait du sucre entre la Réunion et la métropole puis est entrée en bourse fin des années 80, ce qui a marqué un virage décisif dans l’entreprise avec la transformation de l’entreprise qui s’est diversifiée vers le secteur parapétrolier et les services maritimes, et c’est devenu une success story extrêmement impressionnante. Est-ce que vous pourriez revenir un petit peu sur cet historique et nous décrire exactement les activités que Bourbon propose aujourd’hui ?
Marie Vallemalle-Fradet : Oui, alors effectivement Bourbon c’est une entreprise qui a vu le jour en 1948 sur l’île Bourbon, d’où son nom et donc c’est l’histoire…
Aymeric Avisse : Ça n’a rien à voir avec la vanille Bourbon ?!
Marie Vallemalle-Fradet : Non, on est sur l’île Bourbon jusqu’à présent et donc c’est une histoire familiale, à la base dans la production sucrière, qui a souhaité se diversifier et entrer dans les services maritimes en rachetant en 1991 50 % de la compagnie Chambon à Marseille. La compagnie Chambon était à Marseille et la Surf, qui faisait partie de la de la compagnie Chambon, a permis à cette entreprise Bourbon de venir capitaliser sur le savoir-faire de la Surf et de profiter de cette croissance et d’accompagner cette croissance dans les services maritimes.
Aymeric Avisse : Oui, parce que je me souviens que dans les années 90 c’était vraiment trois entités différentes : il y avait Bourbon, il y avait Chambon et il y avait Surf.
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement, donc là c’était vraiment la construction de Bourbon, avec ces métiers de la Surf qui ont permis d’entamer l’essor de Bourbon, avec une phase massive d’investissements sur de la construction neuve : c’était une époque où il y avait un navire qui était livré tous les 11 jours, donc c’était extrêmement massif…

Aymeric Avisse : Des navires qui étaient magnifiques, avec un design totalement novateur, avec étrave inversée.
Marie Vallemalle-Fradet : C’est cela qu’on voit sortir : les séries de Bourbon Evolution 800, Bourbon Explorer 500, on rentre dans les sisterships donc ce sont vraiment de nombreux navires qui sortent des chantiers et là on est au top niveau.
Aymeric Avisse : Et donc ces navires, aujourd’hui, vous les avez encore ?!
Marie Vallemalle-Fradet : On les a toujours, ce sont les navires qu’on opère, qui sont aujourd’hui « shipmanagés » par Bourbon Offshore Surf et qui font différentes opérations, que je détaillerai un petit peu après ; juste pour rester sur l’histoire, chacun sait que Bourbon a dû faire face à une contraction très forte et très rapide, extrêmement brutale du marché de l’Oil and Gas, qui a fait que, avec les forts investissements qu’on avait effectués précédemment, cette contraction a créé de la dette et nous a mis dans une situation effectivement difficile. Pour sortir de cette situation, Bourbon a changé d’actionnaires et a retrouvé la croissance dans les années qui ont suivi.

Aymeric Avisse : Effectivement, aujourd’hui c’est un peu le « jeu » de tout grand investisseur/entrepreneur, il n’y a pas que des succès dans une entreprise.
Marie Vallemale-Fradet : Exactement, il existe toujours une prise de risques et aujourd’hui le groupe Bourbon constitue un groupe international développé et important de 240 navires à l’international, 6000 collaborateurs, dont 80 % de marins et une présence dans plus de 30 pays : donc on est quand même une compagnie largement présente sur le globe.
Aymeric Avisse : D’accord, alors qu’en est-il aujourd’hui de l’activité ? Qu’est-ce que vous faites exactement et quid de la stabilité puisque vous me dites que ça avait beaucoup fluctué, dans quel état êtes-vous à ce jour ?
Marie Vallemalle-Fradet : Alors le type d’activités avec des navires de type AHTS PSV qui font 70 m de long plus ou moins…Non, cette maquette que vous me montrez-là dans la vitrine, c’est un Bourbon Evolution 800 avec l’hélideck au niveau de la passerelle, des grues, des ROV, on est sur des opérations d’inspection, de maintenance et de réparation ; les ROV descendent à 4000 m de profondeur pour faire leurs travaux. Ce sont des équipages de 100 personnes qui sont sur ce type de bateaux, donc ça reste des fourmilières. Ce sont des navires très polyvalents, des couteaux suisses, avec beaucoup de vie à bord.
Je reviens aux autres types d’opérations avec nos AHTS PSV qui sont des plus petits navires, à peu près 70 m de long : c’est de l’ancrage, du remorquage, de l’ancrage de plateformes pétrolières. Nous opérons en Afrique de l’Ouest mais aussi en Asie, également au Guyana qui se développe de plus en plus maintenant. Effectivement, la zone de prédilection si je peux dire, ça reste l’Afrique de l’Ouest, l’Angola et toutes les côtes dans ce secteur.

Aymeric Avisse : D’accord, donc service aux pétroliers ce sont des travaux sous-marins et un petit couteau suisse, mais également pour les pétroliers ?
Marie Vallemalle-Fradet : Oui tout à fait, on a aussi des scientifiques qui peuvent embarquer à bord de ces bateaux pour faire des opérations d’analyse de fonds marins, donc ce sont des navires polyvalents que l’on les utilise énormément sur les champs éoliens ; les Bourbon Evolution sont sollicités sur ce type d’opérations-là, à travers notre filiale Bourbon Subservices. Donc oui, ce sont des vrais navires de travail, tous nos navires sont des navires de travail, avec beaucoup de manœuvres : nos navires Bourbon Evolution sont équipés du positionnement dynamique DP3, les Bourbon Explorer 500, du coup les plutôt les PSV, sont en DP2. Donc ce sont des navires de travail, il y a de la manœuvre, il y a de la technicité, il y a de la digitalisation à bord. Et la dernière typologie de navires que l’on a au sein de Bourbon, ce sont les « Surfers », qui sont en fait l’ADN du groupe, puisque la Surf c’est aussi l’origine du Surfer.

Aymeric Avisse : Donc, les Surfers ce sont des petites vedettes à passagers…
Marie Vallemalle-Fradet : C’est du transport de passagers entre la terre et les plateformes et des marchandises légères.
Aymeric Avisse : D’accord, donc vraiment une activité qui est très tournée vers le pétrole et aujourd’hui, dans le secteur énergétique et en particulier le pétrole, tout cela c’est en pleine mutation : on ne sait pas comment on va se chauffer, comment on va se déplacer dans le futur, et vos clients sont quasiment exclusivement du domaine du pétrole ! Est-ce que vous avez des ouvertures d’évolution de votre activité pour accompagner la décarbonation à marche forcée qui est imposée actuellement par les États ? Alors vous m’avez déjà dit que vous pensiez déjà aux EMR. Est-ce que c’est la seule activité à laquelle vous pensez, ou est-ce que vous avez déjà pensé à votre futur sans pétrole ?
Marie Vallemalle-Fradet : Alors oui, le cœur de métier ça reste l’Oil and Gas, ça c’est une réalité. Ensuite on sait que jusqu’en 2050 on aura besoin de ce pétrole, on parle de crise énergétique et cetera : mais la réalité, les études nous disent que jusqu’en 2050 le pétrole va connaître une croissance puis une stabilité. On a une vision sur les 25 prochaines années qui est favorable sur ce marché ; mais ça ne veut pas dire que l’on va se concentrer exclusivement sur ce marché-là au cours des prochaines années.
Aymeric Avisse : Il y aura une demande, et vos clients ont besoin de vous.
Marie Vallemalle-Fradet : Absolument, et d’ailleurs la phase de croissance qu’on a connue après les années difficiles, je rappelle juste que le chiffre d’affaires de Bourbon depuis 2021 augmente de 20 % par an : donc la reprise, elle est là, elle est concrète, elle est forte et le signal aussi c’est qu’on avait stacké énormément de navires qu’on a dû les déstaker, qu’on les a qu’on les a remis au travail, ça c’est un signal extrêmement positif aussi pour le marché, donc les clients ont demandé de nouveau à avoir des navires Bourbon sur leur marché ; le cœur de métier il est là ! Après, tous les enjeux de décarbonation, Bourbon en a conscience évidemment, on est dans le milieu maritime, on sait que c’est un enjeu majeur, on sait que c’est un défi qui va être important et on doit l’inscrire en filigrane de nos objectifs, de notre stratégie : ça c’est une réalité !
Aymeric Avisse : Il y a deux choses, là on est vraiment en train de parler du côté commercial, du client, donc en fait, pour l’instant, vous restez sur du pétrole parce que il y a une demande et que c’est votre cœur de métier. Vous vous êtes déjà un petit peu diversifiés sur les EMR et vous restez peut-être à l’écoute des prochaines évolutions ?
Marie Vallemalle-Fradet : Tout à fait, en réalité le marché de l’éolien on y est depuis 2011, ce n’est pas nouveau, mais c’est un marché qui est lent.
Aymeric Avisse : Il est lent, mais depuis 2017-2019 il s’est fortement accéléré, en tout cas sur la France métropolitaine. Peut-être est-ce le cas sur l’Afrique ou sur d’autres continents ?
Marie Vallemalle-Fradet : On est positionné sur des projets d’appels d’offres en France, sur des projets d’appels d’offres en Europe ; le marché sur lequel on est depuis 2011, c’est principalement sur l’éolien flottant, qui est positionné effectivement dans différentes zones dans le monde ; on a eu EOLMED à Marseille, on a eu EOLMED au large de Gruissan, là récemment. Donc on y croit et c’est pour cela qu’on a vraiment du monde qui travaille là-dessus, sur du projet et sur du concret ; ensuite on diversifie aussi nos activités : chez Bourbon Offshore Surf, la filiale française du groupe qui emploie les marins français a pris aussi le pari de diversifier nos activités en faisant du ship management à l’externe. Ça nous a amenés aujourd’hui à obtenir des contrats intéressants pour la diversification de l’activité et aussi les projections de carrière des marins, parce que, par exemple, on a contractualisé avec le ministère de la Culture pour gérer les navires du DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines, ndlr), l’Alfred Merlin et l’André Malraux, et ça c’est une super opportunité !

Aymeric Avisse : Qu’on a pu, je crois voir récemment à Toulon…
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement, à Toulon, et là, qui va rentrer en mission « Cosquer » sur Marseille.
Aymeric Avisse : Ce sont des missions de quel type pour le Gouvernement ?
Marie Vallemalle-Fradet : Pour le Gouvernement, ce sont des missions de recherches archéologiques sous-marines, qu’opère le ministère de la Culture ; en tout cas les scientifiques qui sont à bord…
Aymeric Avisse : Ça reste quand même très confidentiel dans vos activités…
Marie Vallemalle-Fradet : C’est confidentiel, mais il n’empêche que ça permet à des marins de l’offshore d’aller voir d’autres opérations sur d’autres navires, d’avoir un autre horizon au sein de la même compagnie. Donc là, ça nous permet aussi nous de faire de la gestion de carrière un petit peu différemment, mais en tout cas ça répond à la question de la diversification des activités, et Bourbon Offshore Surf est moteur là-dedans via le ship management externe.
Aymeric Avisse : Très bien, donc là on a vu le côté commercial ; maintenant, il y a un défi en tant qu’opérateur et armement, défi qui est également la décarbonation de vos activités, donc on a une référence, qui est 2008 avec un objectif de la recommandation OMI de moins 30 % en 2030 et neutralité en 2050. Ce qu’on vient d’évoquer, en fait ce sera un nouveau défi puisque vous allez devoir vous réinventer.
Nous suivons depuis des années des officiers talentueux qui sont issus de vos rangs, notamment Opsealog, qui a créé pour vous en fait une manière de gérer la flotte avec du reporting et de l’acquisition de data : est-ce que c’est votre vision à vous de la décarbonation ou enfin quel est l’avenir, quel est votre plan pour la décarbonation de vos navires et pour réussir à franchir ces nouveaux caps ?

Marie Vallemalle-Fradet : Alors Opsealog, oui on travaille avec eux, c’est aujourd’hui un partenaire même si ça a été un incubateur chez Bourbon, un temps. Donc oui, aujourd’hui on travaille avec Opsealog, qui nous permet de mettre des briques en fait dans la décarbonation de nos navires et la décarbonation, ça va être une stratégie globale, brique par brique ; on est dans le milieu de l’Oil and Gas, on sait qu’il faut que nos navires rentrent dans une stratégie de décarbonation et aussi de réduction d’impact de leur consommation. Donc, cette stratégie, elle est complexe dans cette équation ; mais il n’empêche qu’il y a des actions qui sont menées et concrètement on a présenté à nos clients des solutions possibles, envisageables, concrètes, et qui présentaient un réel intérêt pour nos navires, pour permettre de limiter cet impact. Aujourd’hui on travaille sur le rétrofit de nos navires : leur moyenne d’âge est entre 10 et 15 ans, au global, et la durée de vie des navires, c’est 30 ans minimum : donc il faut qu’on sache faire du rétrofit pour éviter de rentrer dans de la construction neuve, parce qu’on sait que c’est extrêmement générateur d’émissions.
Aymeric Avisse : Tout à fait, parce que la construction neuve ça veut aussi dire la déconstruction.
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement, donc aujourd’hui le rétrofit c’est une solution qui été présentée à nos clients, qui est en bonne marche pour nous permettre déjà de donner une durée de vie allongée à nos navires ; ensuite, il y a plein d’autres actions qui sont en place : on a l’écoconduite, on a du biofioul…
Aymeric Avisse : Oui, donc vous avez quand même des idées assez précises. En fait, si tout n’est pas précisément défini concernant le genre de rétrofit, aujourd’hui, vous êtes peut-être ouverts aux nouvelles énergies, c’est-à-dire que si à ce jour il est plus intéressant de mettre un nouveau groupe électrogène au gasoil, ce sera peut-être au gasoil ; mais demain ce sera peut-être à l’hydrogène ou autre : ce sera en fonction en fait des évolutions possibles.
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement.
Aymeric Avisse : D’accord, donc un plan déjà bien avancé mais aussi à l’écoute des futures évolutions.
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement.
Aymeric Avisse : Alors dans vos équipes embarquées, on parlait d’Opsealog, on parlait d’Arnaud Dianoux, qui était commandant chez vous : donc les personnalités sont vraiment bien illustrées. Expliquez-nous un petit peu quels seraient des parcours possibles pour les jeunes officiers ou peut-être moins jeunes, si vous les embauchez en cours de carrière, pour pouvoir rejoindre vos équipes.
Marie Vallemalle-Fradet : Alors aujourd’hui on a une vraie stratégie de recrutement parce que je pense que, comme dans toutes les compagnies maritimes, on a une pyramide des âges qui est un petit peu inversée.
Aymeric Avisse : Surtout que vous avez quand même 20 % de croissance par an !
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement, donc il faut qu’on arrive à combler cela aussi et maintenir notre pavillon Rif, c’est ça aussi qui est important pour Bourbon ; on va dire que le schéma assez classique c’est de rentrer en contrat de professionnalisation, donc ce sont des élèves officiers qui vont venir à bord découvrir les métiers, les navires, sur une même durée de contrat. En tant qu’élève de contrat pro, on peut aussi bien voir un Bourbon Evolution qu’un Bourbon Explorer et également découvrir différents types de zones géographiques.
Aymeric Avisse : Alors, vous les prenez dès le début parce qu’il y a besoin de certification spécifique ou de matrice ou c’est par choix, pour pouvoir les formater à la philosophie de l’entreprise ?
Marie Vallemalle-Fradet : Aujourd’hui, la logique et le parcours professionnel qu’on essaie de mettre en place, c’est de rentrer en contrat pro, et si ça le fait au niveau de la performance et de l’intégration dans la compagnie, obtenir un poste de lieutenant à l’issue du contrat pro. La vraie volonté de Bourbon est affichée, elle est dite quand on va rencontrer les élèves officiers dans les écoles : c’est l’évolution rapide, c’est-à-dire que au bout de 24/26 mois, ou 24/27 mois, on est capable de dire sur évaluation de performances de compétences « Tu es capable de passer second, on te propose cette promotion-là ».
Aymeric Avisse : D’accord, donc tout ça c’est dû à votre croissance ?
Marie Vallemalle-Fradet : Oui, c’est dû à la croissance, c’est dû à la pyramide des âges inversée qui fait qu’on sait qu’on va avoir une érosion de capitaines, de seconds : on va être dans les départs naturels et aujourd’hui on a besoin de seconds à bord, aussi pour le maintien de la compagnie.
Aymeric Avisse : Alors vous avez quelles fonctions représentées par des officiers français ?
Marie Vallemalle-Fradet : Les officiers français sont essentiellement dans les positions d’officiers et essentiellement dans le top 4, donc capitaine, second capitaine, chef et second mécaniciens, mais on a des lieutenants français.
Aymeric Avisse : Oui, pour faire un second, il faut un lieutenant,
Marie Vallemalle-Fradet : On est obligé de passer par là, évidemment. Oui le top 4 est français, en règle générale.

Aymeric Avisse : Donc le but c’est vraiment d’alimenter les fonctions de second et chef /commandant par l’embauche en lieutenant pour une évolution assez rapide et cette évolution, vous parlez de compétences : est-ce qu’elle est également conditionnée à une liste d’avancement à l’ancienneté ou c’est vraiment en fonction des disponibilités au jour où vous en aurez la possibilité ?
Marie Vallemalle-Fradet : C’est en fonction de la performance de la personne, des compétences qu’elle démontre et de sa volonté. On ne va pas, si quelqu’un a envie de rester lieutenant et qu’il est bien dans sa position, on ne va pas le forcer ; donc, il y a aussi la partie motivation qui rentre en compte. Aujourd’hui, la promotion est pilotée comme un pilotage des talents, c’est-à-dire qu’on veut vraiment aller chercher nos capitaines et nos chefs de demain et ça on n’attend pas que quelqu’un nous dise « J’aimerais bien être promu », ou « J’ai atteint tant d’ancienneté, il serait peut-être temps que je passe »… Non, on va les chercher : « Tu as été marqué apte à promouvoir, nous on va l’analyser ».
Aymeric Avisse : D’accord, alors là on est en train de parler des officiers de la filière académique. Sur les surfeurs, je ne crois pas que ce soient, comment dire, des formations illimitées.
Marie Vallemalle-Fradet : Non, on est sur des formations de Capitaine 500 et après il peut aussi y avoir des passerelles entre les officiers qui ont le Capitaine 3000 sur ces bateaux-là.
Aymeric Avisse : Donc, en fait vous arrivez à les faire évoluer au sein de l’entreprise en les faisant retourner à l’école.
Marie Vallemalle-Fradet : Oui, on a des parcours comme ça où effectivement des officiers 3000, qui sont retournés à l’école pour le 3000, peuvent basculer sur des navires AHTS où le Capitaine 3000 permet de naviguer…
Aymeric Avisse : Et ils arrivent au même titre qu’un officier qui viendrait juste d’être embauché en sortant de l’école ? On ne reprend pas l’ancienneté ?
Marie Vallemalle-Fradet : Il y a reprise de l’ancienneté. Au sein du groupe Bourbon les parcours sont facilités. Après, aujourd’hui, il est vrai que pour les plus gros navires on est sur des capitaines illimités ; on sait gérer la polyvalence mais il y a également de la monovalence, avec des OQPI ou chefs de quart machine.
Aymeric Avisse : Alors là on est vraiment en train de parler des métiers embarqués mais certains se projettent parfois sur toute une carrière, et il n’est pas forcément facile sur toute une carrière de rester embarqué, notamment sur des embarquements assez longs, aux alentours des 2 mois. Est-ce que dans votre magnifique siège marseillais vous accueillez également des personnes ponctuellement ou totalement, en reconversion, pour l’armement ou le technique ou la construction neuve ?
Marie Vallemalle-Fradet : Oui tout à fait, ça fait partie – même d’un point de vue RH, là je prends ma casquette – ça fait partie pour moi de la qualité de vie au travail et de l’équilibre entre la vie pro et la vie perso. On a beaucoup de marins qui, au bout d’un moment, pour des raisons familiales ou personnelles, ont besoin d’être à terre, pour un temps court ou pour un moment un petit peu plus long, voire pérenne et définitif. Et cela, on sait le gérer, on a eu des missionnés à terre dans les services armement, dans les services techniques : service armement pour gérer la planification, au service technique pour faire de la mission sur du navire ou du projet…
Aymeric Avisse : Alors la mission sur du navire, c’est aller ponctuellement sur un navire, pour une réparation ?
Marie Vallemalle-Fradet : Exactement, ou pour un projet ou un navire qui est en train d’être réactivé.

Aymeric Avisse : Donc on peut être au bureau mais être quand même un peu mobile, mais moins longtemps.
Marie Vallemalle-Fradet : Tout à fait, on a connu des situations où on avait des marins, d’ailleurs c’était une femme, à l’époque, qui avait besoin d’être à terre et qu’on a rattachée au service HSE. C’est hyper intéressant pour la terre comme pour le marin : pour le marin apprendre comment fonctionne la terre, savoir ce qu’on demande au marin et renforcer ce lien terre-mer : il est très intéressant pour la terre d’avoir les compétences du marin qui vient avec sa vision du bord, pour venir ajouter de la qualité dans les process, ajouter un œil vraiment marinisé, même si on a des marins qui sont là en permanents, des responsables de navires, des Ops, operation managers, ou des superintendants techniques qui sont d’anciens marins également. Oui, on y met un point d’honneur, c’est vraiment quelque chose qui est important pour nous dans la gestion de carrière de pouvoir proposer ces opportunités, et on a des success stories, on a des gens qui sont rentrés contrat pro, enfin élèves officiers, qui sont aujourd’hui CEO de grandes entités, donc pour ne pas le citer, monsieur Boucher.
Aymeric Avisse : Oui, pas mal de monde est passé sur vos navires et alors, comment on fait pour vous rejoindre, à quel niveau ? Quel est le processus d’embauche chez vous ?
Marie Vallemalle-Fradet : Alors déjà comment on se rencontre ? On se rencontre lors des événements dans les ENSM : nous, on est présents dans tous les événements pour présenter la compagnie aux élèves qui ne nous connaissent pas ou qui nous connaissent peu, et surtout parler de ce qu’on fait. Il est vraiment important de décrire ce que fait Bourbon parce qu’on est peut-être passé sous les radars à une époque et on a vraiment aujourd’hui un spectre assez large finalement dans ce qu’on est capable d’offrir en termes de positions et d’opportunités d’embarquement. Après, comment on peut nous contacter ? On a le site internet, on peut nous contacter via le site de recrutement, les réseaux sociaux : on est sur LinkedIn…
Aymeric Avisse : On vous indiquera tout bien évidemment. Et si on est un peu plus âgé ?
Marie Vallemalle-Fradet : Si on est un peu plus âgé, on peut aussi nous contacter parce qu’on ouvre des postes depuis peu pour entrer chez nous directement comme second. Comment ça se passe ? En général on essaie d’organiser une familiarisation à bord sur un poste un peu hybride de lieutenant/second et au moment où on est prêt, au bout d’une, deux ou voire trois rotations, ça dépend du moment où la personne est prête à bord, le passage comme second est acté. Mais si vous êtes breveté, vous pouvez aussi postuler directement comme second, on sait gérer ces types de profils.
Aymeric Avisse : Alors uniquement au niveau second ? Ou ça marche aussi pour les chefs ?
Marie Vallemalle-Fradet : Ça peut marcher pour les chefs. Après, il est vrai que les navires sont tellement spécifiques que sans avoir le background de Bourbon, il y aura peut-être un temps de familiarisation un peu plus long. Mais oui, bien sûr, de toute façon on est un peu comme toutes les compagnies maritimes, on a besoin de chefs et de seconds, et d’officiers français. Donc voilà, on ne fait pas du tout exception dans le domaine, mais en tout cas on sait très bien les gérer.
Aymeric Avisse : Merci énormément de nous avoir reçus, c’est très clair : si vous avez besoin de les contacter ou envie de les contacter pour commencer ou continuer votre carrière au sein des équipes de Bourbon, n’hésitez pas ! On vous mettra tout le descriptif en commentaires. N’hésitez pas non plus à liker, à vous abonner à notre chaîne YouTube pour pouvoir ne perdre aucun contenu de Jeune Marine. Merci Marie, à très bientôt, au revoir !
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