Après le rythme soutenu de la vie embarquée, les longues absences et l’intensité des opérations, les périodes de congé constituent un moment de pause essentiel pour les officiers de la marine marchande.
Au-delà du repos nécessaire, ces temps à terre offrent également une opportunité précieuse d’explorer une autre dimension du monde maritime : le riche et dynamique paysage associatif. S’investir dans ce milieu permet de prolonger le lien avec la profession, de développer des compétences nouvelles et de contribuer activement à son rayonnement et à son esprit d’équipage.
Pour les jeunes générations de marins, l’engagement associatif représente une voie d’enrichissement personnel et professionnel unique. C’est l’occasion de tisser un réseau différent de celui du bord, d’échanger avec des pairs mais aussi avec des anciens et d’autres acteurs du secteur (administrateurs, experts, assureurs, etc.). Participer à la vie associative permet de développer des aptitudes en matière de gestion de projet, de communication, d’organisation ou encore de représentation, autant de savoir-faire complémentaires à ceux acquis en mer. C’est aussi une manière concrète de contribuer aux débats, de défendre les valeurs de notre profession et de préparer son avenir en restant au fait des évolutions du secteur.
Pour notre plus grand bénéfice, le panorama associatif du secteur maritime français se caractérise par une grande diversité, reflétant la richesse et la complexité de notre secteur. On y trouve des structures dédiées à des missions d’intérêt général, comme la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) qui mobilise des milliers de bénévoles pour assurer la sécurité des vies humaines en mer. Chaque année, ce sont ainsi 15.000 opérations qui sont menées, préservant nos côtes et des vies humaines dans la plus pure tradition maritime.
D’autres associations, à caractère professionnel, comme l’AFCAN (Association Française des Capitaines de Navires), offrent un espace de réflexion technique et de représentation pour les capitaines de la marine marchande. Fondée en 1979 dans le but de défendre les droits et les intérêts moraux et matériels de ses membres et d’améliorer la sécurité en mer, elle compte aujourd’hui plus de 300 membres dont environ 200 capitaines actifs.
Des membres de l’AFCAN font partie de la Délégation française à l’OMI en tant que conseillers techniques, et participent ainsi aux Comités (MSC et MEPC) et aux Sous-comités (NCSR, SDC, PPR, SSE, HTW, CCC), ainsi qu’aux groupes de travail associés. L’AFCAN répond également aux sollicitations de la DGAMPA et participe sur demande aux travaux initiés par le Conseil Supérieur de la Marine Marchande. Enfin l’AFCAN souscrit une assurance au bénéfice de ses adhérents en activité, leur apportant mondialement une prise en charge pour tout conflit survenant dans le cadre de leur activité professionnelle, dans laquelle ils sont très exposés juridiquement.
Des associations comme Jeune Marine s’adressent plus spécifiquement aux officiers et diplômés de l’ENSM souhaitant participer à l’information sur l’actualité maritime mais aussi à la documentation des évolutions de l’industrie. Jeune Marine est aujourd’hui reconnu comme un grand vecteur médiatique du secteur maritime, tant par sa revue (et ces lignes que vous lisez), que par ses contenus vidéos et sa présence lors des grands événements. L’association a également lancé les Éditions Jeune Marine, qui diffusent des romans et des ouvrages inspirés par la vie des marins du commerce. Une belle occasion pour les marins souhaitant partager leurs œuvres littéraires.
L’entraide et le soutien aux marins sont portés par des organisations comme les Seamen’s Clubs ou la Stella Maris, qui offrent un accueil chaleureux et une assistance dans les ports du monde entier, et notamment en France, symbolisant la solidarité maritime universelle. Des entités existent sûrement dans les ports proches de chez vous !
La reconnaissance et le prestige de la profession sont mis en lumière par la FNMM (Fédération Nationale du Mérite Maritime), qui joue un rôle central dans le devoir de mémoire maritime et la continuité entre les générations de professionnels du maritime. La FNMM propose, en outre de ses événements, un annuaire dense de confrères et consoeurs ainsi qu’un catalogue de services et de remises exclusives (type CSE). Il n’est pas nécessaire d’être décoré du Mérite Maritime pour adhérer à l’association.
La dynamique des réseaux se retrouve au sein d’associations dédiées à des groupes spécifiques, telles que Wista (Women’s International Shipping & Trading Association) ou Women For Sea, qui œuvrent à la promotion de la place des femmes dans le secteur maritime et au développement de leur réseau professionnel.
HYDROS Alumni, l’Association des Élèves et Diplomés de l’ENSM, constitue également une plateforme essentielle de connexion, de partage d’expériences et d’information. De par ses liens, HYDROS propose le catalogue de services et remises exclusives de la FNMM et a mis en place ses propres partenariats, faisant bénéficier ses membres d’abonnements médias avantageux et de réduction sur les traversées maritimes. L’association accompagne les élèves de l’ENSM à partir de leur intégration à l’École, grâce à des bourses et le financement d’évènements étudiants, jusqu’à la fin de leur carrière professionnelle, via un jobboard et un annuaire.
Le Propeller Club est une association d’origine états-unienne, qui permet aux officiers de marine marchande de s’ouvrir à d’autres professionnels du maritime en côtoyant les directions des ports, des avocats, des consignataires, etc, lors de rencontres récurrentes organisées autour de thématiques et d’intervenants experts dans leur domaine. Des antennes locales appelées “ports” sont présentes dans toutes les régions Françaises.
Enfin, l’association Hermione-La Fayette fait revivre le passé tout en formant les générations futures à la marine à voile et aux gréements traditionnels. Le trois-mâts Hermione, réplique de la frégate qui mena le marquis de La Fayette à son destin américain, est une aventure humaine, technique, plurielle. Car il a fallu retrouver des savoir-faire oubliés, former des gabiers, concilier respect des plans de l’époque et réglementation maritime actuelle (NB : oui, l’Hermione d’aujourd’hui est dotée d’un moteur, d’un AIS et même d’un seul et unique winch moderne, dédié à la mise à l’eau du non moins anachronique zodiac de sécurité)… Aujourd’hui en cale sèche au chantier naval de Bayonne, ce navire à nul autre pareil, dont l’odeur de goudron fait voyager dans le temps autant que sur les mers, a besoin de tous les soutiens possibles.
Il serait trop long de les citer toutes, mais chaque structure associative, par sa spécificité, offre une porte d’entrée différente dans cet engagement. L’investissement, qu’il soit régulier ou ponctuel, bénévole ou au sein d’instances dirigeantes, permet aux marins d’utiliser à terre les compétences acquises en mer – rigueur, adaptabilité, sens de l’équipe – et d’en acquérir de nouvelles. S’engager dans la vie associative maritime pendant ses congés, c’est choisir d’être un acteur de son milieu, de contribuer à sa vitalité, de défendre ses valeurs et de participer à la construction de son avenir. C’est une démarche enrichissante qui profite à la fois à l’individu et à l’ensemble de la communauté maritime française.
Colomban MONNIER
