Les incursions de drones russes ne se limitent pas aux frontières orientales de l’Europe, alors que la Pologne vient d’abattre sept drones russes ayant violé son espace aérien. Les autorités allemandes et néerlandaises alertent leurs collègues européens sur la recrudescence de survols d’installations portuaires, chimiques et militaires sur les rivages de la Baltique et de la mer du Nord. Le média néerlandais Pointer et le magazine d’information allemand Der Spiegel ont relaté les faits dans leurs colonnes.
En mai 2025, le HAV Dolphin a été inspecté aux écluses du canal de Kiel par la police allemande à la suite du survol d’une base militaire à proximité par un drone. Ce navire a été construit en 1993, avec un port en lourd de 3000 TPL, immatriculé aux îles Antigua et Barbada, armé par un équipage russe. Il venait de passer un mois dans le port russe de Kaliningrad et avait été repéré plusieurs fois naviguant sans AIS activé.
Quelques jours après, le patrouilleur allemand Potsdam, alors qu’il suivait le cargo russe Lauga, a été survolé par sept drones pendant trois heures. À destination d’Anvers, le Lauga a été inspecté par les autorités belges à l’arrivée. Ce cargo a été utilisé par les Russes pour acheminer du matériel en Syrie et a été également repéré sans signal AIS.
Dernier cas le 7 septembre, le cargo Scanlark, de 2000 TPL, immatriculé aux îles Saint-Vincent et les Grenadines, a été arraisonné par les forces spéciales allemandes dans une écluse du canal de Kiel. « Cette mesure visait à prévenir toute menace sur les infrastructures maritimes critiques de l’Allemagne et à permettre la poursuite de l’enquête menée par le parquet de Flensbourg pour espionnage à des fins de sabotage et de prise d’images compromettant la sécurité », ont déclaré la police et le parquet dans un communiqué commun. « On soupçonne qu’un drone a été lancé depuis le navire fouillé le 26 août 2025 vers un navire de guerre afin de le surveiller et de prendre des photos. »
De son côté, la compagnie maritime estonienne Vista Shipping Agency, qui exploite le navire, a déclaré que les allégations d’espionnage contre l’Allemagne étaient « risibles » et « absurdes ». Dans les trois cas ci-dessus, aucune preuve formelle n’a été pour l’instant dévoilée par les autorités allemandes qui reconnaissent manquer de moyens contre ce genre d’opération inamicale.
Après avoir utilisé des navires qui laissaient draguer leurs ancres pour endommager les câbles sous-marins en mer Baltique, la Russie n’hésite pas à profiter des possibilités offertes par les cargos en mer dans sa guerre protéiforme contre les alliés de l’Ukraine.
