Ce matin à Bordeaux, la dix-neuvième édition des Assises de l’Économie de la Mer s’est ouverte, articulée autour de la transition de l’économie maritime et ses enjeux. À la barre, Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, et Pierre Humric, Maire de Bordeaux-Métropole.
C’est la première fois que les Assises de l’Économie de la Mer se tiennent à Bordeaux. Pierre Humric s’en félicite, de par la vocation fluviale et portuaire de la métropole : « À l’origine de Bordeaux, il y a d’abord le fleuve. La Garonne est la raison d’être de Bordeaux, mais aussi l’arbitre de sa destinée. » Le maire de la métropole y voit une opportunité de réconcilier la ville et ses quais. « Depuis les années 1960, Bordeaux a plutôt tendance à tourner le dos à son fleuve. Depuis une trentaine d’années, on travaille pour réconcilier les Bordelais et leur fleuve. Dans cette optique, notre Port Center viendra renforcer cette visibilité de cet écosystème, essentiel à notre ville et notre région. Bordeaux doit se réapproprier cet atout, pour réaliser qu’avoir un grand port d’estuaire est une grande chance pour notre dynamisme économique. »
Les enjeux maritimes et littoraux en Nouvelle-Aquitaine sont multiples : en tête, le développement durable et la sauvegarde du littoral. « Il y a quelques années, on a pillé le lit de la Garonne, à travers les gravières » relate Pierre Humric. « Aujourd’hui, il est temps de dire que, la richesse d’un port et d’un fleuve, c’est aussi un écosystème qu’il faut respecter. » Alain Rousset salue le travail des associations, pour la conservation d’une côte sauvage et épargnée de grande stations balnéaires bétonnées et dénaturées.

L’estuaire de Gironde et les côtes de la région subissent de plein fouet les menaces du réchauffement climatique : en tête, la montée des eaux. « Dans la région, on sait à peu près travailler sur le problème de submersion » explique Alain Rousset, citant les digues construites en Charente-Maritime.« Mais il est plus compliqué de travailler sur l’érosion, le recul du trait de côte. » Un Groupement d’Intérêt Public (GIP) a été créé dans ce sens : il réunit collectivités locales et laboratoires pour étudier cette évolution et sa gestion. Alain Rousset exclut une stabilisation forcée du trait de côte : « nous faisons du judo, pas du karaté : du judo, cela signifie protéger les zones très érodées, mais on laisse l’océan avancer. »
Pour les élus locaux, la priorité est à l’innovation. « Pour moi il reste trois grandes aventures dans l’espèce humaine : l’espace, le cerveau… et l’océan » analyse Alain Rousset. « Comment, avec l’océan, peut-on trouver les principes actifs pour les médicaments de demain. » Pierre Humric salue l’engagement du port à ce sujet : « Nous sommes heureux que le Grand Port favorise en cela, des activités industrielles qui répondent à cette ambition de notre territoire. Notre territoire a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. »
Alain Rousset salue les nombreuses initiatives de recherche et de développement présentes en Nouvelle-Aquitaine. Propulsion vélique, navires électriques, nouveaux matériaux… Il y voit une opportunité industrielle pour toute la région : « Si l’on veut récupérer notre industrie, il faut une rupture technologique. On ne va pas recréer ce qu’il se passe en Chine, en Turquie, voire aux États-Unis. Il faut que notre créativité, fabuleux système d’intelligence de notre pays, soit mis au service de la création d’entreprise et de la réindustrialisation. »



