Après une longue période d’incubation, la composition du premier gouvernement Barnier nous propose « La mer façon puzzle » en attendant d’en savoir plus sur la répartition des compétences…
Au jeu des chaises musicales gouvernementales, la mer, la pêche et les transports deviennent des ministères délégués, placés auprès de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, Catherine Vautrin.
La mer et la pêche sont regroupées sous l’autorité de Fabrice Loher, maire de Lorient, Président de Lorient Agglomération et ancien patron du port de pêche de Lorient. Feint d’être surpris de cette nomination, Fabrice Loher maîtrise déjà la partie pêche de son ministère.
François Durovray hérite d’un ministère délégué aux transports. Ancien maire de Montgeron, président du conseil départemental de l’Essonne depuis avril 2015, il est surtout spécialiste des transports urbains au sein de la Région Île-de-France.
Quelle sera la répartition des compétences maritimes entre ces deux ministres, notamment pour le portuaire et le transport maritime ?
Agnès Pannier-Runacher est promue à la Transition écologique, Énergie, Climat et Prévention des risques. Elle hérite du maroquin de Christophe Béchu, des salons dorés de l’Hôtel de Roquemaure, mais perd les transports, la pêche et la mer. Comme lot de consolation, elle devrait récupérer l’énergie que Bercy gérait. Au regard de sa prestation aux dernières Assises de l’économie de la mer, où elle avait fait une apparition-éclair avant de reprendre un train rapido presto pour Paris, qu’elle assume un peu plus ses responsabilités, ses engagements et son exemplarité (quid du bilan carbone d’un aller-retour Paris-Nantes pour 6 minutes d’intervention ?).
Les autres ministres dont les compétences maritimes affectent leurs ministères sont Sébastien Lecornu ministre des Armées et Anciens combattants, Annie Genevard ministre de l’Agriculture, Souveraineté alimentaire et Forêt, François-Noël Buffet ministre délégué à l’Outre-mer et Patrick Hetzel ministre Enseignement supérieur et Recherche.
Ministère de la Mer un « grigri » de communicant ?
Comme à chaque changement de gouvernement, les nostalgiques d’un ministère de la mer s’agitent en regrettant que la mer soit reléguée en queue de peloton gouvernemental. Mais force est de constater, que seul le souvenir de Louis Le Pensec, premier ministre de la Mer en 1981 a laissé quelques traces dans les affaires maritimes de la France. Annick Girardin, seconde ministre de la Mer en plein exercice, a été totalement transparente sous le gouvernement de Jean Castex.
La mer a toujours obtenu plus de moyens quand elle était intégrée à un grand ministère (Agriculture, Écologie, etc.). Pour négocier avec Bercy ou Bruxelles, mieux vaut être l’annexe d’un grand navire qu’un voilier solitaire.
La mer mérite mieux.
La France est théoriquement la seconde puissance maritime mondiale, grâce à l’étendue de sa ZEE (et probablement rétrogradée prochainement en fonction du sort de la Nouvelle-Calédonie). Malheureusement, notre pays de paysans a toujours regardé vers la ligne bleue des Vosges et non ce qu’elle a derrière (dixit Tabarly), alors que cette façade maritime assure bien des besoins quotidiens des Français.
La mer est un enjeu stratégique qui mérite un traitement à part. Soyons un peu pragmatiques et sortons la mer des aléas et convulsions politiques de notre pays, pour la placer sous une autorité indépendante, comme dans certains pays anglo-saxons. Le SGM pourrait être l’embryon de cette organisation. La mer a besoin d’une vision lointaine, au-delà de l’horizon électoral, et de stabilité, comme les navires.
@Jean-Vincent DUJONCQUOY