À la uneJeune Marine N°255

La Bougeotte

©Agence Lagom DR

Si ce n’est pas déjà fait Jeune marine voudrait vous présenter une bonne adresse à Paris d’un Officier de la Marine Marchande, Charles DELALANDE, qui a réussi à se convertir en marchand mais sans oublier la marine ! Régalez-vous de son histoire et n’hésitez pas à passer le voir sa boutique en ligne vous permettra de déguster ses produits !

 

A l’origine de la Bougeotte, Charles Delalande, un marin d’eau salée qui rêve d’eau douce © Léa BOEGLIN DR

Jeune Marine : Bonjour Monsieur DELALANDE, vous êtes un ancien élève de Marseille promo 2000 O1NM, pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Bonjour. Assez rapidement après la 3ème année d’hydro j’ai intégré la compagnie Louis Dreyfus Armateurs pour naviguer principalement sur des câbliers et des navires sismiques. Un passage d’un an à la machine puis je suis passé au pont pour finir 2nd capitaine. En parallèle j’ai vécu et voyagé à bord d’un voilier pendant quelques années jusqu’à me poser à Lorient où j’ai intégré le remorquage pendant 2 ans. Après 10 ans de long cours ces 2 années embarquées « à terre » furent un excellent tremplin pour ma nouvelle vie de marinier caviste !

Jeune Marine : Vos navigations vous ont amené à penser en chef d’entreprise pour monter votre propre affaire avec une péniche, ce qui change totalement de la navigation au long cours, était-ce une envie de longue date ou une reconversion d’opportunité ?

L’idée de la péniche la Bougeotte est le fruit d’une longue réflexion entamée au début de mes navigations portuaires. Façonner ce projet ne fut pas une évidence mais un travail pour allier mes aspirations de vie et diverses inspirations. Pour cela j’ai été aidé par une personne dont c’est le métier. Une fois l’idée première précisée je suis allé sur le terrain pour la confronter à la réalité et l’y adapter.

Péniche la Bougeotte © Agence LAGOM DR

Parmi mes aspirations de vie il y avait, la volonté de vivre sur l’eau, trouver la juste dose de nomadisme, avoir une activité qui m’apporte du lien social, trouver une continuité dans ma vie de navigant. Pour les inspirations, le premier flash fut pour une péniche spectacle Le Ventre de la Baleine, le second fut pour Alizarine un bateau transportant du vin. En mixant plus ou moins les deux et en y ajoutant mon grain de sel j’ai obtenu la Bougeotte.

Jeune Marine : Votre péniche cave/bar à vin est amarrée une large partie de l’année sur les quais parisiens mais contrairement à beaucoup de péniches ventouses sans moteur vous, vous partez vous approvisionner pendant l’été sur les vignobles bordant le trajet jusqu’à Dijon : vous replacez donc la péniche dans son réel usage tout en joignant l’utile à l’agréable, est-ce une démarche rétrograde nostalgique ou justement d’avenir (économie locale, CO2, etc…etc…) ?

Cette démarche peut en effet être perçue de façon assez différente selon le public auquel on s’adresse, entre folklorique et visionnaire. La Bougeotte n’a rien inventé, le transport de vin par la voie d’eau est ancestral. Mais un atout de la Bougeotte est indéniable, elle permet de communiquer, à sa mesure, sur l’existence d’un patrimoine fluvial énorme et  méconnu en France.

Au moment où l’on cherche des solutions pour commercer de façon durable, une partie stratégique du réseau français (le plus important d’Europe) est petit à petit délaissé. Le transport fluvial a été estimé 40 fois moins polluant que le routier, encore faut-il que les voies navigables le soient réellement.

Passé ce côté militant je n’oublie pas de joindre l’agréable comme vous dites : la traversée de la France à dos de péniche a son charme… Et ses galères !

Jeune Marine : Vous venez de fêter votre première année d’activité (et quelle année !), avec néanmoins des pertes mais limitées du fait votre statut de vendeur à emporter pendant le printemps, quelles perspectives avez-vous aujourd’hui ?

Mes perspectives actuelles sont avant tout de sécuriser la Bougeotte ainsi que tous les investissements faits pour mener ce projet à bien. Le concept plaît, il semble que l’on se sente bien à bord, nous avons créé une sorte d’attache à Paris et à Dijon. Cependant l’année inédite que nous traversons demande de rester très vigilant, de s’adapter rapidement, de rester visible. Par exemple la vente à emporter que j’ai proposée sur le pont pendant le confinement a participé à l’essor de la Bougeotte.

Ce second confinement nous apporte également de nouveaux challenges et avons donc créé notre boutique en ligne contenant TOUS LES VINS, les bières et le côté cuisine avec arrivage d’huîtres tous les vendredis et livraison sur Paris 10, 11, 18, 19 et 20ème arrondissements.

© Léa BOEGLIN DR
La cave de la Bougeotte est composée de 60 à 80 références de vins © Agence LAGOM DR

 

J’ai eu peur d’avoir fait une erreur aussi monumentale qu’imprévisible en m’étant lancé dans un tel projet sur une telle période. Aujourd’hui je suis plus optimiste en me disant que j’ai un lieu de vie et un outil de travail qui me permettent de faire face à un grand nombre de situations.

Jeune Marine : Au-delà du modèle ou de l’originalité, votre péniche fait l’unanimité sur les réseaux sociaux : pensez-vous à reconduire le projet ? Que pouvons-nous vous souhaiter de plus ?

La sortie de l’eau de ce projet et du bateau qui va avec a été une succession d’épreuves intenses pour l’entrepreneur novice que je suis encore. Je ne ressens pas encore d’empressement à remettre ça ! Cependant dans un avenir un peu plus lointain on peut tout à fait imaginer d’autres Bougeottes focalisées sur d’autres produits et d’autres destinations..! :)

 

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