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L’ODeep One file à l’anglaise vers Malte puis Colombo.

Le vendredi 23 juillet, l’ODeep One a quitté précipitamment le port de Sète, où il était amarré depuis le début de la pandémie du COVID 19 en mars 2020.

Ce navire avait changé de propriétaire après la liquidation de la société Océan Fresh Water, initiatrice du projet de production d’eau potable à partir de l’eau de mer. Depuis il était resté à quai, privant le port de Sète d’un poste sécurisé pour les trafics de ferries vers le Maroc.

Début juillet 2021, les choses ont commencé à bouger autour de l’ODeep One : Passage du pavillon Panama à celui de St Kitts et Nevis, supprimer le O du nom, arrivée d’un équipage de 19 personnes d’origine roumaine et indienne, soutage du navire, etc. Un prochain départ étant même annoncé pour le 16 août.

l’O Deep One dans le port de Sète

Nous avons essayé de contacter, pour avoir quelques informations, la société responsable de la gestion du navire depuis novembre 2020, pour le compte du repreneur KUIKAWA désigné par le tribunal de commerce de Nanterre, ST Management, basée à Bordeaux et gérée depuis Londres par Mr Benoit Tridon, mais qui n’a pas souhaité donner suite à nos questions. L’agent du navire Marmedsa à Sète a également refusé de répondre. Ni indication de changement de propriétaire ni de société de gestion ne sont indiquées sur la base Equasis à ce moment-là.

Sur ordre du Commandant de port, les services portuaires (Pilotage, Remorquage et Lamanage) ont dû diligenter dans l’urgence l’appareillage du navire, sans respect des délais réglementaires de mise en route des moyens nautiques, sans visite de contrôle du centre de sécurité des navires des Affaires Maritimes, comme si un péril imminent allait s’abattre sur le navire qu’il fallait sortir coûte que coûte.

Malheureusement, dans la précipitation du départ avec un équipage ne connaissant pas le navire qui a séjourné 16 mois à quai, une première pollution du bassin des pétroles a eu lieu sous les yeux de l’officier de port et du pilote. Probablement une vanne ouverte malencontreusement. Après avoir largué laborieusement ses amarres, le Deep One a franchi les digues du port de Sète, assisté par deux remorqueurs. Au moment de la débarque du pilote, une seconde pollution, identique à la première, est repérée par la pilotine, qui la signale au CROSS. Cette seconde pollution est suffisamment importante pour que la Ville de Sète procède à la fermeture de plusieurs plages. Saisie par le CROSS, le Parquet de Marseille n’a pas demandé le déroutement du navire, mais une instruction est ouverte par la juridiction (JULIS).

La traversée vers Malte n’a pas été un long fleuve tranquille, notamment pour les mécaniciens. Stoppant régulièrement toutes les 6 heures, probablement en raison d’une surchauffe de l’unique moteur principal en service (le navire est équipé de quatre moteurs principaux). En effet il a fait le transit à moins de 6 nœuds, en dehors des stops et boucles en mer. ( voir ci-après captures d’écran marinetraffic.com)

Le Deep One a mouillé le 29 juillet vers 04h du matin à plus de 12 milles de la côte. Toute la matinée, le Kirby Fs, petit navire de soutien plongeur, a fait le tour de la coque pour nettoyer les prises d’eau de mer, les propulseurs d’étrave et les hélices. En effet la coque et ses apparaux doivent être largement colonisés, encrassant notamment les aspirations des circuits de réfrigération.

Mouillage en zone de soutage de Malte ©marinetraffic

En milieu d’après-midi le jeudi 29 juillet, le Deep One a changé de mouillage pour la zone réservée au soutage, à l’intérieure des eaux territoriales maltaises. Il y a été rejoint à couple par le souteur Leyona. L’opération de soutage s’est terminée en début de soirée.

Souteur Leyona à couple du Deep One ©marinetraffic.com

La destination finale du navire est restée mystérieuse jusqu’à son départ vendredi 30 juillet vers 03 h du matin de la zone de mouillage réservée au soutage de Malte: son AIS indique route sur le canal de Suez pour rejoindre Colombo au Sri Lanka. Quid du stock de gel hydro-alcoolique, produit au début de la pandémie, restant à bord et de l’usine de production d’eau ?

La base de données Equasis indique un changement de la société de shipmanagement le 19 juillet 2021, sans précision. En réalité, c’est la société HSM Shipmanagement de Singapour qui opère le navire pour le compte de Wirana, société basée à Singapour, spécialisée dans l’achat-vente de navires destinés aux chantiers de démolition. La vente a été réalisée pour le compte de KUIKAWA par ST Management, qui pour l’occasion a pris le costume de courtier.

 

© JVD

 

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