À la uneJeune Marine N°265

« Attirer, former et faire évoluer les marins… vers des officiers stratégiques »

Rendez-vous le 09 novembre à Lille aux AEM22

« Attirer, former et faire évoluer les marins… vers des officiers stratégiques. »

C’est le thème de l’atelier qui sera animée par Jeune Marine aux prochaines Assises de l’Économie de la Mer à Lille le 9 Novembre à 12h20.

La rentrée maritime est riche en évènements et se présente sous les meilleurs auspices : un nouveau Secrétaire d’État, Hervé Berville, en charge de la mer, un nouveau Directeur Général de l’ENSM, François Lambert,  à l’agenda bien rempli, des armateurs qui affichent une réussite florissante et une flotte française en pleine santé.

Si l’on ajoute au tableau la pénurie mondiale estimée à plusieurs dizaines de milliers d’officiers, tout tend à confirmer que les métiers de navigants sont des métiers d’avenir. Un petit coup d’œil en arrière sur les dernières décennies montre toutefois que cette demande est sinusoïdale et subit plus rapidement les soubresauts de l’économie mondiale que d’autres secteurs. Il est plus facile de changer un pavillon et un équipage que de déménager une industrie et le risque que la tendance s’inverse subitement n’est pas nul.

 

Le monde des navigants est très dynamique actuellement et à tous les niveaux : renouveau des écoles, que ce soit les sites ou les dirigeants, présence des armateurs auprès des écoles, des élèves, sur les réseaux sociaux et professionnels, offres d’emploi quotidiennes à tous les échelons de la hiérarchie, dynamisme également du milieu associatif comme Jeune Marine ou la Touline pour  informer et faire connaître nos métiers.

Tout est en place pour que les carrières maritimes se fassent connaître jusqu’au département le plus éloigné de l’Hexagone. Naviguer n’est pas réservé à une élite de bord de mer dont la tradition maritime remonte à des siècles. Le métier d’officier est accessible à n’importe qui, j’en suis la preuve, moi qui n’avais pas idée de ce qu’était un navire marchand à l’âge de vingt ans. La diversité des formations que ce soit par la monovalence ou la polyvalence, le niveau d’études pré-requis peut permettre à tous de trouver une filière qui lui convient.

Guillaume de BEAUREGARD à la rentrée de l’ENSM 2022 © Jeune Marine

Il semble que le point faible de la filière maritime soit la formation. On a vu ces dernières années beaucoup d’hésitations, de ratés et on a du mal à comprendre quelle direction veut donner l’ENSM à son enseignement. Il n’est pas possible de dispenser une formation digne de ce nom, qui soit respectueuse à la fois des étudiants et des professeurs, sans un minimum d’organisation et de vision à long terme. Il faut parvenir à recruter et fidéliser des professeurs permanents et non se contenter d’une valse de vacataires, revaloriser les salaires pour, pourquoi pas, attirer des navigants et construire des programmes d’études réalistes et actualisés. La qualité et la continuité de la formation s’en ressentiront et on ne verra plus d’élèves quitter l’école sans brevet faute d’avoir pu suivre les enseignements obligatoires, avec des lacunes difficiles à rattraper ou sans connaissances approfondies de technologies qui les attendent à bord. On peut ranger les polycopiés qui détaillent les turbines à vapeur et le chargement par bigues…

La consultation lancée par le nouveau directeur de l’ENSM pour aller à la pêche aux idées est, à ce titre, un peu inquiétante. Où sommes-nous tombés pour aller à droite ou à gauche chercher des pistes pour rebâtir une formation maritime ? Les écoles, les professeurs, les directeurs se sont-ils tant éloignés du monde maritime pour ne plus savoir de quels enseignements ont besoin les futurs officiers ? Est-ce le rôle des armateurs, qui ne manqueront pas de s’inviter à cette consultation, de donner leur avis, sinon leurs desiderata, quant à leur future main-d’œuvre ?

 

Quant à savoir quelle voie choisiront les officiers qui continueront à naviguer, je pense que c’est une affaire de choix personnel et nul ne peut prédire qu’en en formant 300, il en restera 50 après 10 ans de métier. Il est toutefois indiscutable que les conditions de navigation ont évolué, les contraintes aussi et s’il reste aussi peu d’officiers en activité, c’est sans doute que la balance penche de plus en plus souvent du côté d’un reclassement à terre. Les armateurs y ont leur part de responsabilités et des efforts doivent être faits : travail à temps partiel, amélioration des conditions de vie à bord, parité congés-temps embarqué, nombre de personnels à bord en rapport avec l’exploitation du navire… Les opportunités de changer de compagnies sont nombreuses et les officiers sont de plus en plus enclins à aller voir ailleurs si les conditions de travail ne leur conviennent plus, et pas forcément pour un salaire plus attrayant.

 

Il faut se réjouir que la dynamique qui porte le monde maritime actuellement ne semble pas montrer de signe d’essoufflement. Le plein emploi des officiers éloigne pour l’instant l’ombre de périodes plus difficiles et même les élèves sont courtisés par les armateurs. Cependant, un grand chantier attend l’ENSM ; il faut espérer que la montagne n’accouche pas d’une souris et que cette consultation aboutisse à un véritable changement dans la qualité de l’enseignement afin que les officiers qui arrivent sur le marché soient armés pour justifier leur plus-value. Formations académique et pratique, compétences multiples, polyvalence et connaissances des dernières technologies feront des futurs officiers des cadres aptes à diriger les navires ou à occuper des fonctions équivalentes à terre.

 

Stanislas Segard

 

 

 

 

 

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