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Brittany Ferries baptise ses deux derniers-nés

Les Galicia et Salamanca baptisés à Cherbourg aujourd'hui

Ils se font remarquer depuis la gare maritime historique. Tous deux font pourtant partie du paysage cherbourgeois désormais : on les voit toutes les semaines, entre deux traversées Angleterre-Espagne. Parfois, leurs dimensions étonnent pour des car-ferries ; et pas à dire : devant deux sisterships amarrés face à face, petits et grands s’amusent à un jeu des différences poussé à l’extrême. – ils sont pareils ! – mais non ! Regarde, celui-ci est plus grand !

C’est au Quai de France à Cherbourg, que les Galicia et Salamanca ont été baptisés ce matin. Brittany Ferries inaugure aujourd’hui ses deux derniers-nés, également ses plus modernes et plus gros navires.

Les deux navires sont parfaitement jumeaux de fait : ils font partie d’une famille beaucoup plus large, les E-Flexer. Cette série de navires a été lancée en 2017 par Stena aux chantiers Jinling de Weihai (Chine) : 8 sont déjà en service, 4 livrables d’ici à 2025 puis affrétés coque nue. L’un d’entre eux navigue aussi sur les eaux manchoises : il s’agit du Côte d’Opale de DFDS. Ils impressionnent par leurs dimensions : longs de 215 mètres et larges de 28, ils peuvent accueillir jusqu’à 1 000 passagers et 300 camions.

Dès l’embarquement, l’assemblée est impressionnée par les garages : celui du Salamanca mesure 2 700 mètres linéaires. Il est entièrement accessible aux véhicules à grand gabarit, véhicules de voyage et bien sûr camions. Ce sentiment d’espace, on l’a aussi dans les aménagements : deux restaurants, un salon occupant tout l’avant du pont 8, un cybercafé, quelques espaces de jeux… les navires sont destinés aux lignes d’Espagne. Pour ces routes longues (24 à 36h), l’armateur a besoin de ferries de croisières, modernes et confortables.

Les deux navires ont déjà fait leurs preuves : le Galicia navigue depuis 2021 sur entre Cherbourg, Bilbao et Portsmouth. Le Salamanca est arrivé plus récemment, au printemps dernier. Jean-Marc Roué, Président du Conseil de Surveillance de Brittany Ferries, les compare avec satisfaction avec ceux qui les ont précédés sur les lignes d’Espagne. Les E-Flexer n’ont pas la vocation d’aigles des mers qu’avait la flotte Superfast : le Cap Finistère pouvait atteindre 28 nœuds tandis que le Galicia peut naviguer à 22 nœuds et le Salamanca à 23. « Le Cap Finistère pouvait réaliser 3 voyages Angleterre/Espagne par semaine, ces deux navires n’en feront que 2. » Une consommation sensiblement réduite également : « ramenée au mille, c’est 20% de fioul en moins. » Et Jean-Marc Roué insiste sur la taille : en capacité garage, les 2 E-Flexer chargent quasiment le double du Cap.

La compagnie a confié sa flotte aux célébrités régionales : Maria Le Drian, Vice-présidente du Conseil de Bretagne et l’Irlandaise Rachel Duffy, Rose de Tralee. Une occasion de montrer encore une fois la place que prend la compagnie en terre celtique. « Nous vous offrons, nous aussi, une Rose » conclut Niall Burgess, Ambassadeur d’Irlande, notant que c’est la première fois qu’un navire sous pavillon Français est baptisé par une compatriote.

Certains s’étonneront peut-être d’un baptême après presque deux ans de service… N’oublions pas cependant ce que furent ces deux ans. « Brittany Ferries est convalescente » rappelle Jean-Marc Roué, à la tête de la compagnie depuis une quinzaine d’années. On oublierait presque qu’à deux ans près, les premiers armateurs français suaient sang et eau pour se sauver d’une perte que beaucoup voyaient déjà comme inévitable. Le Galicia est lancé depuis 3 mois quand le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne, tout cela en plein Covid !

Parmi les invités au baptême, Agnès Firmin-Le Bodo était Députée du Havre au début de la Covid19. Celle qui fut souvent remarquée pour sa détermination à la défense de la Marine Marchande française pendant la crise ne cache pas sa joie devant le tableau actuel. « En 2020 et 2021, au cœur de la pandémie, la question même de la survie de l’entreprise se posait… Aujourd’hui, vous renouez avec la croissance et vous vous engagez pour le transport maritime de demain ! » Le directoire de la compagnie préfère rester prudent et modeste, saluant la collaboration efficace et transparente avec les acteurs locaux. « Brittany Ferries fonctionne sans DSP au financement ruineux » répond Jean-Marc Roué, un sourire en coin. « C’est que la confiance et le respect des engagements a toujours prévalu entre les élus et notre compagnie. »

Baptême du Salamanca – ©Mathieu BURNEL

La période noire dont on semble enfin, doucement, sortir, n’a pas arrêté la compagnie sur ses projets. Agnès Firmin-Le Bodo salue au passage les 50 ans de la société née à Roscoff pour un export agricole vers Plymouth. « Un tel palier… Quelle prouesse ! » C’est cette société qui est aujourd’hui le premier employeur de marins français, et major transmanche de Santander au Havre. Le choix de Cherbourg pour la cérémonie n’a pas été compliqué de fait : d’après Jean-Marc Roué, les deux navires sont trop grands pour accéder à Roscoff, trop longs pour Ouistreham et trop grands aussi pour Saint-Malo. Et Jean-Marc Roué évoquait le respect des engagements : la compagnie confirme que le Salamanca a brûlé du gaz cette année. S’appuyant sur ses protections face au coût combustible, Brittany Ferries n’a pas repassé son premier ferry gaz au DO.

©Mathieu BURNEL

Brittany Ferries recevra son troisième E-Flexer au printemps. Baptisé Santona, il sera lui-même affecté à la liaison Cherbourg-Portsmouth-Santander. Et les projets sont nombreux ici. « 2023 est un peu l’année de Cherbourg » analyse Jean-Marc Roué. Le port est décrit comme un hub stratégique, dont l’importance est renforcée par le Brexit. Brittany Ferries lance cette année sa ligne Cherbourg-Rosslare, en vue de la ligne de ferroutage Cherbourg-Bayonne annoncée pour l’année prochaine.

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