Commandant Charcot

Journal de bord : 29 janvier – Cruzen Island to Cape Colbeck

Par Nicolas Servel, Chercheur en biologie marine actuellement à bord

Jeune Marine a le plaisir de vous proposer un nouveau volet du « Journal de bord de la première Semi-circumnavigation Côtière de l’Antarctique occidental par le navire d’exploration polaire Le Commandant Charcot. »

Cette formidable aventure vous est narrée par Nicolas SERVEL, Chercheur en biologie marine actuellement embarqué sur le Commandant Charcot, Président de TALARIA-XR et contributeur pour la revue Jeune Marine : que de talents ! Il nous fait l’extrême honneur de suivre le déroulé avec le Commandant Stanislas Devorsine. 

 

29 janvier : de Cruzen Island à Cape Colbeck

  • Coordonnées GPS départ : 74°23,3’S / 143°29,7’ W
  • Coordonnées GPS arrivée : 77°16,7’S / 160°05,3’ W
  • Distance parcourue : 312,5 NM

Météo :

Carte des vents
Carte météo

 

 

 

 

 

 

 

 

– vent : force 3 secteur est

– météo : C, couvert

– mer : 2, vaguelettes

– visibilité : D bonne

– glace : 0/10 ; nombreux tabulaires, icebergs épars

– température : -7°C ressentis

– humidité : 80%

 

Aperçu de l’itinéraire – ©N. Servel

Journée principalement en mer. Vers dix heures, nous effectuons l’inventaire des kits de survie polaire que nous emportons en opération. Ce repaquetage est l’occasion de faire la connaissance de l’abri d’urgence, sorte de tente coupe-vent étanche que nous plantons au milieu du pont trois. Ce moment d’amusement résume parfaitement l’esprit des naturalistes Ponant : travailler sérieusement sans se prendre au sérieux.

À onze heures trente, la passerelle nous appelle : souffles à tribord ! Ce sont des rorquals de Minke. Le commandant entame une manœuvre d’approche, et les baleines demeurent un long moment à nos côtés. Nous observons un comportement inhabituel : elles marsouinent lourdement, deux par deux, soulevant des gerbes d’écume. Au bout d’un bon quart d’heure, nous reprenons la route. En début d’après-midi, je retrouve la cadette Mélissa et Delphine, le médecin de bord, pour avancer sur la carte imagée.

À quinze heures quinze, ce sont des pétrels antarctiques, aux ailes savamment bicolores, qui attirent l’attention d’un des naturalistes. Ils nichent par milliers sur un petit tabulaire largement entamé par l’érosion marine. Avec eux, des pétrels géants et des pétrels des neiges. Le commandant dévie, et c’est reparti pour un quart d’heure d’observation magique. À quinze heures trente, nous laissons l’iceberg derrière nous et continuons vers Cape Colbeck.

À dix-huit heures quarante, nous atteignons le pack. Le ciel laiteux se confond presque avec la glace. Une tortue d’une quinzaine d’empereurs apparaît dans la longue-vue, puis une seconde et une troisième, cependant la banquise est truffée de growlers et de morceaux d’icebergs. Nous ne nous y aventurerons pas.

Nous contemplons les manchots depuis l’eau libre. L’espoir que nous nourrissions d’organiser des opérations après dîner s’envole : les conditions sont médiocres, et surtout, le brash qui prolonge le glacier est agité d’une houle piégeuse. Nous devrons nous contenter du film qui déroule devant les baies vitrées – mais quel film ! L’Antarctique nous offre un visage mystérieusement hostile, où le camaïeu cendré des nuages fait ressortir le bleu des bourguignons du brash et le blanc électrique des banquises. Alors que nous franchissons ce promontoire glaciaire et inhospitalier, je vois s’ouvrir devant un horizon de gris mélancoliques. Ça y est : après treize jours de mer, nous atteignons la mythique Mer de Ross !

Nicolas SERVEL

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