Jeune Marine a le plaisir de vous proposer un nouveau volet du « Journal de bord de la première Semi-circumnavigation Côtière de l’Antarctique occidental par le navire d’exploration polaire Le Commandant Charcot. »
Cette formidable aventure vous est narrée par Nicolas SERVEL, Chercheur en biologie marine actuellement embarqué sur le Commandant Charcot, Président de TALARIA-XR et contributeur pour la revue Jeune Marine : que de talents ! Il nous fait l’extrême honneur de suivre le déroulé avec le Commandant Stanislas Devorsine.
4 février : Terre de Victoria
- Coordonnées GPS départ : 75°17.6’S / 169°47.4’ E
- Coordonnées GPS arrivée : 73°01.4’S / 170°02.6’E
- Distance parcourue : 208,37 NM
Météo :
Grand beau
– vent : force 4 de sud-ouest
– ciel : A, dégagé
– mer : 2, calme
– visibilité : D, bonne.
– glace : 0 à 5/10
– Température : -5°C ressentis
– humidité : 60%
Au matin, nous nous réveillons dans sous un ciel limpide. Le vent est retombé, et Le Commandant Charcot s’ébroue. Les matelots finissent de déneiger les ponts. Sur l’horizon, les pics majestueux de la barrière transantarctique scintillent. Deux-mille mètres au faîte de l’Ile Coulman, deux-mille au Mont Brewster, trois-mille-deux-cents au Mont Peacock. Enfin, les trois-mille-cinq-cents mètres du Mont Murchinson apparaissent dans le lointain alors que nous entrons dans le chenal qui sépare Coulman de la côte.
Le commandant envoie l’hélicoptère. En plus de repérer la voie de sortie la plus sûre pour ce soir, il espère découvrir une plaque de banquise suffisamment large et solide pour que nous y tankions le navire. Rien. La tempête a disloqué les promesses avancées par l’image satellite et nettoyé la baie. Florence opte pour une croisière en zodiac, et nous sortons nous promener entre les glaces dérivantes et les falaises titanesques de l’île. Les séracs coiffent le basalte coloré mille mètres au-dessus de nos têtes. Tout est mouvement. Les plaques de glace se réarrangent au gré du courant de marée qui entre par le nord. Nous croisons quelques phoques ainsi qu’un manchot Adélie, puis rentrons au navire.
En quittant le chenal, la passerelle nous offre un pur moment de navigation en pénétrant dans une encoche de la plateforme glaciaire. Au fond, une étroite plaque de fast ice croule sous les phoques et les manchots empereurs. Devant les falaises de glace si proches qu’on pourrait les toucher, je ne peux m’empêcher de revoir le Ster Wen belle-îlois – en plus blanc, et avec la pyramide à degrés du Murchinson à l’horizon. Une fois de plus, nous sillonnons le grandiose. Le soir, le soleil éclabousse l’interstice entre la mer et les nuages de projections cuivrées. Cela faisait longtemps que nous n’avions plus connu de fin du jour crépusculaire.
Nicolas SERVEL