Commandant Charcot

Journal de bord – 5 février : Baie de Moubray

Par Nicolas Servel, Chercheur en biologie marine actuellement à bord

Jeune Marine a le plaisir de vous proposer un nouveau volet du « Journal de bord de la première Semi-circumnavigation Côtière de l’Antarctique occidental par le navire d’exploration polaire Le Commandant Charcot. »

Cette formidable aventure vous est narrée par Nicolas SERVEL, Chercheur en biologie marine actuellement embarqué sur le Commandant Charcot, Président de TALARIA-XR et contributeur pour la revue Jeune Marine : que de talents ! Il nous fait l’extrême honneur de suivre le déroulé avec le Commandant Stanislas Devorsine. 

 

5 février : Baie de Moubray

  • Coordonnées GPS départ : 73°01.4’S / 170°02.6’E
  • Coordonnées GPS arrivée : 71°56.0’S / 171°47.8’E
  • Distance parcourue : 106,69 NM

Météo :

Couvert

Carte des vents
Carte météo dynamique

 

 

 

 

 

 

 

 

– vent : Force 4 de sud ouest

– ciel : C

– mer : 1, calme

– visibilité : D, bonne

– glace : 0 à 6/10

– Température : -8°C

– humidité : 80%

 

Aperçu de l’itinéraire – ©N. Servel – DR

Au matin, nous entrons dans la Baie Moubray sous un ciel chargé. La côte s’indente et se faufile entre des pics à l’ambiance plus alpine que jamais. Nous croisons jusqu’au fond du fjord d’Edisto. Deux glaciers finissent leur course dans une banquise côtière. Après avoir considéré les paramètres maritimes et environnementaux, le commandant renonce à tanker le navire. Des manchots en mue s’abritent sur ce fragile refuge, et il n’est pas question de prendre le risque de fissurer la glace.

Nous débarquons donc en zodiac. Florence prend la tête de l’équipe qui doit tester la glace. Celle-ci se révèle être une véritable patinoire : nous chaussons les crampons. Les scientifiques forent cinq carottes tandis que nous partons en randonnée jusqu’aux manchots en mue sous l’auguste présidence du plissement vertigineux qui referme le fjord. Sous nos pas, la banquise se fissure de partout. Le vent catabatique qui descend des glaciers l’étire jusqu’à rupture. Elle travaille, grogne et grince. Nous la sentons se soulever puis retomber avec les mouvements de la mer. Heureusement que nous disposons de nos équipements glace, car le risque est réel que nous finissions à la dérive.

Finalement le vent mollit et nous terminons la marche sans anicroche. La pause est courte. Une heure plus tard, nous revoilà sur les zodiacs pour une croisière devant les plages bondées de Seabee Hook. Des centaines de milliers de manchots Adélie se pressent sur les glaçons échoués dans la crique. Les icebergs aux reflets bleutés croulent sous les stalactites. Le plafond nuageux se morcèle à mesure et dévoile ici un versant de basalte, là les séracs d’un glacier funambule.

En quittant la baie, nous traversons une dernière fois le pack de banquise côtière dérivante, Ici, fini les angles droits, place aux plaques à demi pilonnées. Cela fait plus longtemps que la débâcle s’est opérée et que les vents ont écrasé les floes les uns contre les autres. Comme hier, l’horizon nous réserve une clarté chaleureuses jetée sur le feston des tabulaires.

Nicolas SERVEL

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