Commandant Charcot

Journal de bord – du 8 au 11 février : Océan Austral

Par Nicolas Servel, Chercheur en biologie marine actuellement à bord

Jeune Marine a le plaisir de vous proposer un nouveau volet du « Journal de bord de la première Semi-circumnavigation Côtière de l’Antarctique occidental par le navire d’exploration polaire Le Commandant Charcot. »

Cette formidable aventure vous est narrée par Nicolas SERVEL, Chercheur en biologie marine actuellement embarqué sur le Commandant Charcot, Président de TALARIA-XR et contributeur pour la revue Jeune Marine : que de talents ! Il nous fait l’extrême honneur de suivre le déroulé avec le Commandant Stanislas Devorsine. 

 

8-11 février : Océan Austral

  • Coordonnées GPS départ : 65°18.5’S / 164°41.9’E
  • Coordonnées GPS arrivée : 43°30.8’S / 173°12.8’E
  • Distance parcourue : 327,8 + 331,5 + 332,2 + 331,1 NM = 1323,1 NM

Météo :

Carte des vents
Carte météo dynamique

 

 

 

 

 

 

 

 

Variable

 

Aperçu de l’itinéraire – ©N. Servel – DR

Nous traversons les centaines de milles qui nous séparent de la Nouvelle-Zélande avec des conditions clémentes. Les cinquantièmes hurlants et les quarantièmes rugissants somnolent, loin de leurs excès tant redoutés. La mer reste modérément formée mais régulière, et nous finissons rapidement par l’oublier tandis que le ciel se dégage au fil de notre descente vers les latitudes tempérées.

Coll. ©Nicolas SERVEL

Nous franchissons la convergence le huit. Les oiseaux marins nous escortent. D’abord, nous retrouvons les albatros de Campbell. Viennent ensuite les Royaux et enfin les hurleurs, magistraux par leur envergure et leur maitrise de la portance. Les damiers du cap font à leur tour leur grand retour, accompagnés de pétrels, de fulmars, de puffins, et de toute la clique de la ceinture subantarctique. C’est au passage de l’Île Campbell, que nous laissons sur bâbord le matin du dix à sept heures, qu’ils sont les plus nombreux. Nous enregistrons un coup de vent de force dix avec des vagues jusqu’à six mètres, mais nous ne faisons que traverser et Le Commandant Charcot en a vu d’autres.

« J’apprécie les cinquantièmes hurlants de ce côté du globe » me confie le commandant. « Le Drake est vite franchi. Ici, c’est trois fois plus : la traversée prend toute sa dimension océanique. Je trouve qu’il y avait besoin de ça pour bien revenir après plus de dix-huit jours au sud du Cercle Polaire. »

Nous profitons de cette navigation pour effectuer les inventaires, organiser le matériel et faire le point sur les performances de l’équipe en interne. Le commandant rassemble l’équipage au théâtre avec son second afin d’aborder le programme du débarquement. Les jours raccourcissent, la nuit fait son retour progressivement, et nous recommençons à voir la Lune. Le matin du onze, Franck, mon colocataire, me réveille en ouvrant grand les rideaux et la porte du balcon. Il prend un air ravi, que je partage lorsque l’air tiède s’engouffre dans la cabine. Le soleil brille, la côte commence à se profiler. À quelques milles à peine, j’aperçois un cargo. Je peine à décrire l’étonnement que cette vision provoque en moi. En un mois de mer, les seuls navires que nous avons croisés sont le brise-glace scientifique chinois Xue Long et le grand frère du Commandant Charcot, Le Soléal.

Cette silhouette d’ordinaire si banale est devenue l’objet d’une longue seconde d’interdiction, et marque irrémédiablement notre retour dans le monde des hommes. Je ne sais pas où sont passés ces jours de mer ; le temps a défilé diablement vite.

Nicolas SERVEL

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