Armements

Simon BERNARD nous fait visiter le Plastic Odyssey

En escale à Recife

Bienvenue dans le premier volet de ce dossier exclusif Jeune Marine sur la « Transition énergétique et les nouveaux armements français« .

Nous nous intéressons cette semaine au Plastic Odyssey, qui regroupe énormément de nouveaux codes propres aux nouveaux armements : engagement écologique, impact environnemental, éducation des comportements, nouvelle activité. En effet le navire n’a aucune vocation à effectuer du transport commercial mais s’est créé sa propre activité avec comme mot d’ordre le bon sens que l’on sait une de plus grandes qualités du marin et propre à l’état d’esprit maritime !

Plastic Odyssey © Plastic Odyssey DR

Pour nous guider dans cette découverte, Simon BERNARD nous a enregistré une vidéo dans laquelle il nous explique son projet, nous fait découvrir le navire ainsi que toutes les technologies qu’ils ont développées et mises à disposition pour les populations visitées :

 

Simon BERNARD © Yann Chavance DR

 

Simon BERNARD : Bonjour à tous ! Ici Simon Bernard Président et co-fondateur de Plastic Odyssey.

Je suis en ce moment même à bord du navire d’exploration et je souhaite vous montrer  ce que l’on fait ici et vous présenter une partie de l’équipe : je suis avec Manu le capitaine ; Louis, c’est le Second Capitaine et Pierre-Louis, le Lieutenant ; on a une partie de l’équipe machine aussi ici et je vais sortir pour faire une petite présentation du bateau. On a une bonne équipe en ce moment à bord, nous sommes au Brésil, à Recife exactement et donc c’est une étape importante de l’expédition qui a commencé en octobre dernier : on est parti de Marseille, on a fait une première tournée en Méditerranée, en Afrique de l’Ouest et on vient de traverser la l’Atlantique après une escale au Cap Vert ; on termine notre escale au Brésil puis on part mercredi après-demain pour la Guyane ; on va remonter en Amérique centrale avant d’enchaîner sur le Pacifique et ensuite l’Asie du Sud-Est.

Avant, ce navire de 40 mètres était un navire de recherche océanographique, il embarque dorénavant des systèmes de recyclage du plastique : je vous fais un une petite visite !

L’objectif qu’on a avec ce navire, c’est de pouvoir installer des micro-usines de recyclage partout dans le monde pour faire en sorte que le plastique ne soit plus jeté à la mer mais recyclé. Nous voyons actuellement le premier système, c’est un système de pyrolyse plastique qui permet de transformer les déchets pour en faire du carburant diesel et de l’essence, qu’on vient ensuite utiliser dans un groupe électrogène pour obtenir de l’énergie à bord.

Pyrolyse Plastic Odyssey copyright_Marc_Royer

Je vous présente une partie de l’équipe qui est en train d’entretenir le navire et très occupée ! Nous sommes ici sur le pont supérieur et au pont inférieur on a plusieurs machines, qui constituent vraiment « l’atelier de recyclage » : c’est ici qu’on fait les expérimentations pour transformer les déchets ; en général, nous récupérons des déchets, Donc ça, ce sont des déchets de la ville de Recife, et ensuite on va les transformer. Pour ce faire, nous avons un broyeur qui nous permet de passer du déchet au copeau de plastique. Ces copeaux, nous allons d’abord les laver, nous disposons d’un bac de lavage, ensuite nous allons les sécher avec cette centrifugeuse, ce qui nous permet d’avoir des copeaux propres et secs. Ensuite, nous allons les transformer  à l’aide de plusieurs machines : vous avez ici une extrudeuse qui nous permet de faire chauffer le plastique et, derrière, nous allons pouvoir mouler cette pâte pour en faire plusieurs choses, comme par exemple ce pavé, qui peut servir à faire des trottoirs ; on peut aussi réaliser des tuiles pour les toits des maisons. On peut faire des matériaux de construction, comme par exemple cette planche qui peut remplacer le bois pour faire différentes choses comme des palettes de transport mais on peut imaginer faire des terrasses et un certain nombre de produits finis.

Extrudeuse © Plastic Odyssey DR

L’objectif, à chaque fois, c’est de faire en sorte que ces déchets-là se transforment directement en une ressource locale pour les populations et donc qu’ils soient collectés plutôt que d’être jetés dans l’océan.

Voici donc pour la partie atelier de recyclage, c’est un vrai laboratoire ! L’objectif n’est donc pas de recycler du plastique, c’est vraiment de développer des systèmes et surtout de former des entrepreneurs qui vont pouvoir ensuite mettre en place ces systèmes dans les villes qu’on visite.

 

Copeaux de plastique © Plastic Odyssey DR

Le navire est, comme je vous le disais, un véritable laboratoire, là on peut voir une extrudeuse qui est en cours de fabrication directement à bord du navire, on a carrément un petit atelier de fabrication avec tout le nécessaire : ici un tour, là une fraiseuse numérique (c’est une fraiseuse qu’on a numérisée nous-mêmes, elle n’est pas encore fonctionnelle à 100 %, mais c’est en cours). Ici, à chaque fois, on essaie d’innover, de fabriquer des nouvelles machines et donc de faire évoluer cet atelier.

Nous rentrons maintenant dans la zone de vie, je vois que le cuisinier se cache, Greg c’est le premier qui a un sacré défi puisque l’objectif c’est de cuisiner végétarien et puis de tendre vers du zéro plastique, du zéro déchet : on en est encore un peu loin mais on y travaille ! Ici, on est au carré avec Morgane, qui est la Directrice des escales et qui travaille à toute la préparation de ce qu’on va y faire, des entrepreneurs et des personnalités que l’on va rencontrer, de tout l’impact qu’on va générer derrière.

Ici on peut voir que tout le mobilier est fabriqué à partir de plastique recyclé, les tables, les chaises, et on essaie de vivre avec le moins de plastique possible ; on a une machine à pain : ce sont des détails mais ça nous permet d’éviter tous les sachets de plastique à usage unique ! On a le café, on fait nos jus aussi mais il reste encore beaucoup de packaging notamment dans les appros : c’est toujours un défi puisqu’on découvre un pays, à chaque fois il faut inventer des nouvelles manières de s’approvisionner, trouver les magasins vrac… Mais ça nous permet de montrer des solutions qui peuvent être appliquées à terre et sensibiliser le grand public, les enfants aussi, pour faire en sorte d’utiliser moins de plastique.

Nous arrivons maintenant dans la ce qu’on appelle la salle de conférences, qui est un peu une salle de réunions pour nous, et c’est là où nous accueillons les entrepreneurs qui viennent se former et qui viennent travailler sur leurs usines de recyclage. On peut voir plusieurs choses ici, notamment ce système qui permet de rendre l’eau potable : on charge de l’eau aux escales, qui n’est pas forcément potable et on va ensuite la « potabiliser ». Mais cela c’est juste la partie émergée de l’iceberg puisqu’on dispose à la machine d’une station de filtration qui nous permet d’avoir de l’eau potable directement dans des fontaines, ce qui  nous a déjà fait économiser quasiment 5000 bouteilles d’eau depuis 6 mois, c’est-à-dire depuis le début de l’expédition. Cela a un gros impact, on a énormément réduit la quantité de bouteilles plastique, on n’en consomme plus à bord.

Je vais vous montrer maintenant la machine du Plastic Odyssey, c’est un vieux navire qui a 45 ans et qui a été complètement transformé. Ah ! Tiens, voici Ramsès, c’est le chat du navire qui est monté à bord en Égypte et qu’on a gardé (maintenant il a ses papiers) et ça permet de rajouter un membre d’équipage et une petite touche de sympathie à ce bateau !

Vous allez voir que c’est une machine à l’ancienne ! Comme je vous disais, on a le système InovaYa, c’est la centrale de potabilisation de l’eau : on embarque l’eau dans les ballasts et ensuite elle est filtrée une première fois avant d’être filtrée au-dessus et d’être bue par l’équipage. Ensuite nous avons ici deux petits moteurs Volvo Penta de 500 chevaux, ce sont de tout petits moteurs qui consomment très peu mais on n’avance pas très vite non plus ! C’est aussi totalement suffisant pour ce que l’on veut faire, n’ayant pas d’impératif commercial, aussi les escales sont plutôt longues (en moyenne 3 semaines) ce qui nous permet vraiment de rencontrer des gens incroyables et d’avoir un impact sur la pollution.

https://inovaya.com/

On a fait un bon tour du bateau, déjà vous pouvez voir que ce n’est pas un navire de commerce classique, ça y ressemble quand même beaucoup, mais effectivement on a quand même moins d’espace, même si on peut retrouver les éléments principaux ; mais ce qui est quand même très différent, c’est l’exploitation du navire, puisqu’on n’est pas ici pour charger la marchandise mais pour travailler avec des entrepreneurs, innover, découvrir des nouvelles solutions et c’est cela qui me plaît et qui, je crois, plaît à toute l’équipe ! Nous nous voyons un peu en « explorateurs » des temps modernes, non pas pour découvrir des nouvelles terres mais pour découvrir des nouvelles solutions et j’espère inspirer un maximum de monde, les générations futures, pour inventer des solutions, réduire l’impact du monde maritime et plus globalement pouvoir protéger nos océans qui sont quand même aujourd’hui bien pollués !

Je vais vous montrer juste un petit détail, un peu plus loin, c’est la quantité de plastique qu’on retrouve ici dans le port, juste à côté du navire : c’est vraiment impressionnant et ce n’est qu’une toute petite partie de ce qu’on peut voir ! Ça, ce n’est que le plastique qui s’accumule entre la coque et le quai, c’est vraiment effrayant car il faut savoir que la majorité du plastique coule ou se décompose en petites particules !

On espère vous voir bientôt, quand on sera de retour en France, et pouvoir vous partager toutes les découvertes et toutes les initiatives qu’on a pu découvrir autour du monde. En attendant, je vous quitte sur ces images du Plastic Odyssey au soleil couchant à Recife au Brésil. A bientôt !

Simon BERNARD © Plastic Odyssey DR
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