Le vendredi 29 février, le Renaissance appareillait du Havre vers la Norvège. Après son arrêt de trois mois cet hiver, le paquebot de la Compagnie Française de Croisières a quitté Marseille fin février, pour entamer sa seconde année d’exploitation sur le marché francophone.
Après un lancement difficile, CFC a connu plusieurs changements organisationnels majeurs. Des changements qui ne remettent pas en cause la jeune compagnie, ni le produit qu’elle propose dans le monde du tourisme maritime. « Le vrai sujet qui est derrière pour moi, c’est effectivement d’avoir une offre distincte » analyse Philippe Mahouin.
Le nouveau Président des croisières CFC a rejoint la compagnie en octobre 2023. Philippe Mahouin compte parmi les principaux managers du monde du tourisme dans l’Hexagone : principalement dans le monde des clubs vacances tels Club Med ou Belambra. « Il y a des similitudes : un navire présente les mêmes activités qu’un club de vacances » décrit-il. « La grande différence étant qu’à bord, on ajoute la destination, un rythme particulier aux escales. À bord les gens sortent – ce qui n’est pas toujours le cas dans un club de vacances. »
L’année 2023 a été l’occasion d’un bilan quant à la satisfaction et aux attentes des voyageurs à bord du Renaissance. « Quel que soit le produit, une croisière, un hôtel, un circuit, un club de vacances ou autre chose, on retrouve je crois ce souci de qualité. »
Philippe Mahouin se félicite des excellents retours des premiers passagers de CFC. « On a une qualité de programme qui est moins tournée dans l’animation et plus vers la destination » rapporte-t-il. En soi, un voyage avant tout de qualité : « ce que nous proposons pour CFC, c’est vraiment au cœur de cette nouvelle tendance d’apprendre, d’être attentif à ce que l’on fait, d’avoir une qualité dans ce qui est fait et comment c’est produit. »
Parmi les éléments plébiscités de CFC, la francophonie est en tête. « C’est la première promesse du Renaissance. C’est une des raisons principales qui fait notre offre spécifique. » Sur le segment de la croisière premium, CFC demeure seule en France. Une identité particulière portée par le navire lui-même, à taille et surtout à capacité raisonnable. « Je crois que le vrai luxe, c’est l’espace. Je pense que le fait d’avoir 51m² par passager est un atout énorme. On ne se sent jamais oppressé, on a une qualité d’espace… » Le Renaissance a été inauguré en 1993 sous le nom de Maasdam, pour la compagnie Holland America : un navire dans l’héritage de l’aventure transatlantique, comme nous l’expliquait Antonio Donsanti au sujet de la croisière européenne.
En tant que compagnie française, CFC propose majoritairement des départs depuis la France. « C’est également la promesse principale. On a deux têtes de ligne : l’une vers le sud et la Méditerranée à Marseille, et l’autre au Havre, pour tous les programmes du nord. » Philippe Mahouin cite quelques exceptions : cet automne notamment, le programme en Mer Égée inclura des vols vers Héraklion. « Les jours en mer pour aller jusqu’à la Grèce ne sont pas forcément ce que les clients souhaitent en été » explique-t-il. « On a en programme principal nos deux têtes de ligne et, de manière plus ponctuelle, des départs hors de France. »
La clientèle voyageant à bord du Renaissance plébiscite cependant quelques jours à bord. Du Havre à la Norvège par exemple, le navire passe deux jours en mer. « Quelle que soit la destination, le premier jour est toujours passé à découvrir le navire. Le Renaissance est un navire facile : en quelques heures on repère les différents espaces » explique Philippe Mahouin, « mais cela occupe toute la première journée. » Le deuxième jour, c’est la préparation du voyage : « Excursions, programme des visites, réservations aux restaurants, au spa… l’avantage d’être sur un navire comme le nôtre, c’est que l’on peut vraiment personnaliser sa croisière. »
Pour construire ces voyages, CFC associe désormais chaque croisière à un thème. « La promesse que nous faisons maintenant est d’avoir des conférenciers sur toutes les croisières. » Philippe Mahouin évoque des thèmes culturels, historiques, parfois gastronomiques ou musicaux. « Par exemple, la géopolitique de la Mer Baltique, les guerres de religion, l’héritage gréco-romain, l’architecture méditerranéenne… Au cours de la saison, des conférenciers vont nous parler de l’ameublement scandinave. » Un outil pour attirer les voyageurs premium : « Notre intérêt, c’est de creuser un sillon auprès d’une clientèle curieuse de s’enrichir. » Le Président de CFC cite le succès de la bibliothèque, espace préféré des passagers à bord du Renaissance. « Ce succès est assez propre au segment de clientèle que nous avons. Des gens curieux, instruits, qui cherchent une expérience de qualité. On est dans une ambiance, un enrichissement, un rythme… »
Les prochains itinéraires du Renaissance sont créés dans ce sens. « La construction des itinéraires se fait selon plusieurs critères : vitesse de navigation pour le confort des passagers, pour la planète de manière générale » détaille-t-il. « Ensuite, un parcours doit inclure de grandes destinations que le client connaisse, et des bonnes surprises : une excursion spéciale, du contenu culturel et local beaucoup plus marqué qu’ailleurs » explique-t-il. « Toutes ces logiques de coût, d’intérêt pour les clients et de distance font que l’on arrive à construire de manière assez homogène, pour faire d’une croisière un vrai parcours. »
Un mélange d’itinéraires nouveaux et déjà réalisés : « pour les itinéraires 2025, nous allons répéter les best-sellers de 2023 et 2024 » annonce Philippe Mahouin, citant la Norvège comme destination-phare. « La deuxième destination qui intéresse, c’est l’Écosse. La troisième, c’est l’Islande. » Des destinations assez lointaines pour des départs depuis la France : « La durée est le point principal. C’est pour cela que l’on vient d’introduire une croisière plus courte vers la Norvège, en 9 nuits. » Des grands voyages demeurent en projet, mais à plus long terme : Philippe Mahouin évoque notamment les difficultés de transit en mer Rouge. « L’option des grands voyages est toujours une belle aventure, c’est sûr : mais le monde s’est rétréci » conclut-il.
Le Renaissance sera de retour en France vendredi, pour son second départ de la saison, avant de repartir vers la Norvège. Jusqu’à l’été, il alternera ses croisières entre Norvège, Îles Britanniques et mer du Nord. Cet automne, il rejoindra la mer Méditerranée puis la mer Égée. Avec, peut-être, un nouveau pavillon ? Affaire à suivre.