
Soyons éco-responsables : bannissons les activités maritimes !
Certains vont se demander si j’ai définitivement perdu la tête, je vous rassure : pas à ma connaissance (mais étant le seul juge je vous laisse vous forger votre opinion). Certains jours, l’actualité maritime me fait cependant douter : interdiction des navires de croisière à Nice, plan national monomodal qui donne presque tout le pouvoir à la route, promotion de moyens « zéro carbone » venant ajouter du carbone au décarboné. Bref, les Shadocks ont visiblement envahi les esprits : pompons mes amis, pompons !
Dois-je le rappeler ? La France c’est :
- Le second domaine maritime mondial,
- Un réseau fluvial et fluviomaritime desservant la quasi-totalité de la métropole,
- Trois façades métropolitaines avec chacune ses GPM, ses ports décentralisés et ses accès multimodaux,
- L’excellence de ses chantiers navals
Au final qu’en fait-on ? :
- Aucune vision maritime stratégique nationale, aucune ambition maritime,
- On fait venir nos conteneurs à Marseille et Paris via la Belgique ou la Hollande,
- On bétonne 107 km de canaux pour relier la banlieue parisienne aux ports de l’Europe du Nord,
- On interdit les navires dans les ports, avec report sur l’aérien et le routier,
- On nous fait rêver d’avenir décarboné à coup de baguettes magiques…
Pourquoi je vous parle de tout ça ? Où veux-je en venir ?
Pas si loin, je vous rassure. J’aimerais juste ouvrir mes yeux et ma conscience sur la situation du maritime français : j’ai l’impression que la vie, notre histoire, la géographie mondiale nous ont donné tous les atouts, mais qu’en enfants ultra gâtés on en souhaite toujours plus sans avoir encore découvert tous les trésors de notre coffre à jouets.
La France a tous les atouts pour être la première et la principale porte d’entrée maritime européenne ; la France a toute la capacité pour dominer l’intermodalité ; la France a tous les atouts pour être sur le podium des marines les plus influentes. Mais en bons terriens nous ne faisons que regarder passer les trains… ou les navires !
Il est temps que le monde maritime prenne la main, il est temps de montrer aux Français que leur avenir n’est pas béton, avion, camion mais bien bateau, bleu et vertueux !
La stratégie logistique est une chose mais elle n’aura de sens qu’à travers une stratégie maritime d’ampleur, une stratégie portée par une vision, un peu du même ordre que les grands plans visionnaires pour l’énergie des années après guerre : le maritime doit devenir le cœur de nos activités, le moteur de notre économie mais aussi de notre défense stratégique et au final un rêve, un graal professionnel.
Vous en doutez ? Nous vous attendrons pour en débattre et vous présenter tous nos arguments le 6 mars au Havre en compagnie des plus hauts dirigeants de toutes les marines et d’Edouard PHILIPPE, ancien Premier ministre et maire du Havre, qui nous livrera sa vision politique ; mais surtout ce numéro spécial « Rapport CHENEVARD : et après ? », qui commence la diffusion de ses articles cette semaine, vous permettra de revivre ces échanges et de reprendre tranquillement ces arguments pour vous faire une idée, pour réfléchir aux solutions, pour vous orienter dans votre philosophie de vie. N’oubliez pas que, depuis qu’on pousse à décarboner, nous n’avons jamais consommé autant d’énergies fossiles… Ne nous laissons pas endormir par l’idéologie mais regardons le problème dans tous les sens et adaptons notre vision maritime, stratégique à une marine française d’excellence, motrice et vertueuse pour ses populations.
Utiliser le maritime, même carboné, c’est déjà faire un pas vers la décarbonation ; s’ouvrir vers la mer et les outremers c’est déjà faire un pas vers la diplomatie mondiale et le rayonnement de la France ; s’ouvrir aux transversalités de nos marines c’est déjà faire un pas vers la réaffirmation et la confirmation de notre excellence française et d’une vision maritime commune.
Bienvenue donc dans ce numéro 277, qui a déjà recueilli de nombreuses contributions et qui vous réserve de très belles publications avec notamment pour ouvrir ce numéro un panorama de la sureté en mer à l’usage de tous les marins basé sur le rapport 2024 du MICA par Jean-Vincent DUJONCQUOY et Eric BLANC. Outre cet événement Jeune Marine consacré au rapport CHENEVARD et ses conséquences, votre revue vous proposera un nouvel épisode de sa série « Connaissez-vous vraiment les armements français ? », nous essaierons de partager avec vous notre tout dernier reportage embarqué dans la série « Une journée à bord », et vous retrouverez évidemment toutes vos rubriques habituelles, historiques et nouvelles, ainsi que de très belles rencontres !
Très bon numéro 277, à très vite dans nos prochaines vidéos !
Aymeric AVISSE