Un étrange bruit sous-marin a été détecté dans une région reculée de l’Arctique, le détroit de Fury and Hecla à 120 kilomètres du hameau d’Igloolik, dans la province du Nunavut. Il ferait fuir les mammifères de la région. Les militaires canadiens ont mené l’enquête, sans réussir pour l’instant à lever le voile sur cet étrange phénomène.
L’affaire a commencé dès le mois de juin Des chasseurs locaux rapportent avoir entendu des sortes de bourdonnements ou de cliquètements émanant du fond de la mer et pouvant être entendus à travers la coque des bateaux. Des plaisanciers empruntant ce passage confirment l’information, affirmant avoir également capté cet étrange signal avec leur sonar. Dans le même temps, les chasseurs ont constaté la disparition des animaux marins dans cette polynie (zone non gelée formée d’un courant tiède qui lui permet de rester libre de glace même en hiver).
Sollicitées par le gouvernement du Nunavut, les forces armées canadiennes ont dépêché sur place une équipe chargée de mener l’enquête. Début novembre, au cours d’une mission baptisée « Opération LIMPID », un avion CP-140 Aurora équipé de nombreux capteurs a sillonné la zone en vain. Aucun bruit suspect n’a été perçu. L’équipage de l’avion a en revanche pu observer à cet endroit deux baleines et six morses.
Illusion collective ? Coïncidence fortuite ? Pas si sûr. Plusieurs pistes sont évoquées. La première implique la Baffinland Iron Mines Corporation qui a, par le passé, cartographié le fond marin à l’aide de sonar. Mais la compagnie minière a démenti avoir utilisé récemment de tels équipements sur place. La deuxième hypothèse met sur la sellette l’ONG Greenpeace qui, selon une rumeur, utiliserait des sonars pour protéger les mammifères des Inuits en les éloignant ainsi des sites de chasse. Là encore, aucune preuve ne permet d’appuyer cette idée. Quant à la piste de sous-marins étrangers en opération discrète sous la banquise et émettant des fréquences aiguës, elle semble pour le moment écartée. Mais le département de la défense nationale à Ottawa, qui possède une ancienne base militaire à 70 km de Igloolik, mène encore l’enquête.
La réalité pourrait-elle être plus triviale ? Ce bruit mystérieux pourrait en effet provenir de n’importe quel équipement sonore tombé de l’un des nombreux bateaux qui empruntent désormais le Passage du Nord-Ouest, libre de glaces désormais l’été, à la faveur du réchauffement climatique.
Source Sciences et Avenir