Plus de 400 icebergs ont dérivé dans les voies commerciales de l’Atlantique Nord au cours des dernières semaines. Cet essaim d’icebergs, inhabituel aussi tôt dans la saison, force les bateaux à ralentir considérablement ou à prendre des détours de centaines de milles nautiques. ( Chronique de Radio Canada du 6 avril 2017)
( Photo presse canadienne)
Les experts attribuent ce phénomène aux forts vents de sens antihoraire qui amènent les icebergs vers le sud. Le réchauffement climatique, qui accélère la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, pourrait aussi y être pour quelque chose.
Lundi, on pouvait trouver environ 450 icebergs près de Grands Bancs à Terre-Neuve-Labrador. C’est 37 de plus que la semaine précédente, selon la Patrouille internationale des glaces de la Garde côtière américaine à New London, au Connecticut. On ne voit généralement pas ce genre de chiffres avant le début du mois de mai. On trouve normalement au début avril à peu près 80 icebergs dans cette région.
Dans les eaux avoisinant l’endroit où le Titanic a coulé en avril 1912, les icebergs forcent les bateaux à faire des détours qui ajoutent parfois jusqu’à 640 kilomètres à leur parcours. Pour beaucoup de cargos, c’est une journée et demie de plus de voyage.
Près de la côte de Terre-Neuve, les cargos d’Oceanex ralentissent à trois ou quatre noeuds, ce qui peut ajouter une journée à leur voyage, selon le président de l’entreprise, le capitaine Sid Hynes.
Un navire a été retiré de la circulation pour être réparé après avoir frappé un morceau de glace, a-t-il dit. « Ça rend tout plus cher. On utilise plus de carburant, ça prend plus de temps, ça use l’équipement. C’est vraiment inhabituel. »
Une saison extrême
La commandante de la Garde côtière Gabrielle McGrath conduit une patrouille des glaces. Elle n’a jamais vu une augmentation aussi marquée du nombre d’icebergs en si peu de temps. Pour ajouter au danger, trois icebergs ont été découverts à l’extérieur de la zone qui avait été définie comme « à éviter » pour les marins.
Gabrielle McGrath prédit une quatrième « saison des glaces extrême » consécutive avec plus de 600 icebergs sur les trajectoires des cargos.
La plupart des icebergs qui se retrouvent dans l’Atlantique Nord proviennent de la calotte glaciaire du Groenland. Michael Mann, directeur du Earth System Science Center de l’Université d’État de Pennsylvanie, affirme qu’il est possible que les changements climatiques soient responsables de cette hausse du nombre d’icebergs, mais que les vents sont aussi importants.
L’année 2014, pendant laquelle 1546 icebergs ont été comptés dans les voies maritimes commerciales, a été la sixième année depuis 1900 pour le nombre d’icebergs, selon la patrouille des glaces.
La Patrouille internationale des glaces a été formée après le naufrage du Titanic afin de contrôler le danger présenté par les icebergs dans l’océan Atlantique Nord. Elle exécute des vols de reconnaissance qui permettent de créer des cartes.
En 104 ans, aucun navire ayant écouté les avertissements n’a percuté d’iceberg, selon la patrouille.