Brèves

Brexit sans accord: Brittany Ferries signe un contrat avec le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni, qui se prépare au scénario d’un Brexit sans accord, a signé un contrat à plus de 120 millions d’euros avec trois sociétés qui affrètent des ferries en Manche, dont la compagnie Brittany Ferries. Le but est d’affréter des navires supplémentaires afin de désengorger les ports britanniques, dans le cas d’un No Deal, et d’éviter les retards de livraisons de certains produits  (médicaments, alimentation…). Ces liaisons additionnelles représentent environ 10% de la capacité actuelle du port de Douvres soit environ 4000 camions. Sur le montant global offert par le gouvernement britannique, 51,7 millions d’euros tombent dans l’escarcelle de la Brittany Ferries, 52,5 millions d’euros pour le danois DFDS et 15,3 millions d’euros pour le britannique Seaborne Freight, nouveau venu sur ce secteur.

L’augmentation de la capacité de transport fret pour un Brexit sans accord découlant de ce contrat du gouvernement britannique se traduit par la mise en place de dix-neuf allers-retours hebdomadaires supplémentaires sur les lignes Transmanche de Brittany Ferries ( Roscoff à Plymouth, de Cherbourg à Poole et du Havre à Portsmouth), à partir du 29 mars 2019. Au total, Brittany Ferries augmente ainsi de 50% ses capacités fret sur les trois lignes concernées, soit une augmentation globale de 30% sur la Manche Ouest et Centrale.

  » Notre priorité est de nous préparer au Brexit qu’il y ait Deal ou No Deal  » a déclaré Christophe Mathieu, le président du directoire de la Brittany Ferries.  « En augmentant le nombre de rotations sur des routes comme Le Havre – Portsmouth, nous serons en mesure de répondre aux sollicitations du ministère des Transports britannique concernant le scénario du No Deal qui pourrait engendrer des encombrements sur le Détroit. Nous nous efforcerons également de minimiser l’impact sur les clients ayant déjà réservé leurs traversées sur les quelques lignes concernées » .

©Pont Aven Brittany Ferries

Brittany Ferries exploite 12 navires sur 11 lignes reliant le Royaume-Uni à la France, le Royaume-Uni à l’Espagne, la France à l’Irlande et l’Irlande à l’Espagne. Elle transporte environ 2,5 millions de passagers par an, dont 85 % sont britanniques, ainsi qu’environ 210 000 unités de fret. L’année dernière, l’entreprise a confirmé un investissement de 450 millions d’euros pour le renouvellement de sa flotte. Trois nouveaux navires seront livrés après le Brexit. Le premier navire, le Honfleur, sera le premier navire propulsé au GNL (gaz naturel liquéfié) à naviguer sur la Manche. Il entrera en service pendant l’été 2019 et sera exploité sur la ligne la plus fréquentée de la compagnie entre Portsmouth et Caen.

Les trois contrats auraient été signés sans respecter la procédure d’appel d’offres, pratique habituelle pour confier des marchés publics. En cause : le manque de temps lié à cette situation « imprévisible » et d’« extrême urgence » qu’est devenu le Brexit, selon le ministère des Transports. Bon point pour les contractants : les trois sociétés choisies conserveraient une partie du montant du contrat même si leurs services ne sont plus nécessaires, en raison d’un accord de Brexit conclu avec Bruxelles.

Outre-Manche, des opposants politiques à Theresa May, tel Sir Vince Cable, le chef de file des Libéraux Démocrates, ont qualifié ces contrats de coup de « folie totale ». « Le fait que cet argent aille principalement à des entreprises européennes est tout simplement ironique, et fait de la Grande-Bretagne la risée de la scène mondiale », a-t-il tancé.

Le contrat concernant Seaborne Freight concentre les critiques de l’opposition politique anglaise. Seaborne doit transporter du fret de Ramsgate en Angleterre jusqu’au port belge d’Ostende. Le port de Ramsgate, situé dans le Kent, ne fournit plus ce type de services depuis 2013. Or Seaborne n’a jamais opéré ce type de services et n’a « ni navires ni historique commercial », pour l’instant.

« Pourquoi choisir une entreprise qui n’a jamais transporté un seul camion de son histoire et leur donner 14 millions de livres sterling? Je ne vois pas la logique », a déclaré le conseiller local Paul Messenger (conservateur) au micro de la BBC, estimant peu probable que la compagnie soit capable de mettre en place ce service à temps pour le Brexit, prévu le 29 mars 2019.

Dans un communiqué Seaborne a répondu: « Le service devait démarrer à la mi-février, mais il a maintenant été retardé à la fin mars pour des raisons opérationnelles ».

« Ce contrat a été attribué en sachant que Seaborne Freight est un nouveau fournisseur de services de transport maritime et que la capacité et les navires supplémentaires seraient fournis dans le cadre de ses premiers services », s’est défendu le ministère des Transports dans un communiqué.

« Le fait que le gouvernement ait signé un contrat avec une compagnie de ferry sans ferries résume en gros leur approche grotesque du fiasco du Brexit », a moqué le député Edward Davey, membre du parti libéral démocrate, pro-UE, sur Twitter.

On peut toutefois s’interroger sur la pertinence de ce choix d’augmentation de la capacité de transport de fret, qui laisse entendre que le gouvernement britannique prévoit une énorme pagaille à proximité de l’ensemble des ports assurant le trafic Transmanche.

 

 

 

 

 

 

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