La croisière se développe en Asie, une tendance nouvelle ? Avant que les armateurs occidentaux (Costa, Royal Caribbean, Princess…) ne déploient leurs navires en Mer Jaune, plusieurs compagnies proposaient des voyages entre Tianjin et Singapour. Parmi elles, Star Cruises, basée à Singapour, leader incontesté des voyages maritimes de loisirs non seulement en Asie… mais Made in Asia.
L’armement Star Cruises et sa maison-mère, Genting, a célébré la semaine dernière ses vingt-cinq ans au terminal croisières Kai Tak (ancien aéroport de Hong-Kong transformé en 2013 en môle destiné à l’accueil des paquebots). À travers ses trois marques (Star Cruises, Dream Cruises et Crystal), Genting exploite aujourd’hui 9 navires et a accueilli en 2018 environ 15 000 passagers. D’ici 2022, le groupe exploitera six navires supplémentaires : cette expansion ambitieuse l’a conduit au rachat des chantiers Llyod Werft (ex-Nordic Yards, Nord-Est de l’Allemagne) en 2016.
La diversité des navires en construction est à l’image de celle des produits proposés par Genting : ceux-ci s’échelonnent d’un yacht d’expéditions de 200 passagers à deux gros paquebots qui figureront à leur livraison parmi les plus gros du monde. À l’occasion de l’événement qui s’est tenu à Hong-Kong, le groupe a dévoilé quelques aspects supplémentaires de leurs futurs navires, résumés par le journal américain Cruise Industry News (1)
Baptisé Global, le projet est en nombreux points similaire au Genesis mené par le géant américain Royal Caribbean et qui a abouti sur les Oasis, Allure, Harmony et Symphony of the Seas (2).
Comme son prédécesseur, il atteint de nouveaux records de dimensions qui induisent de nouveaux défis en terme de gestion humaine et de sécurité. De fait, la taille elle-même des futurs navires (jauge brute de 204 000 UMS, 2500 cabines passagers, coût de 1,1 milliard de dollars) n’a aujourd’hui plus grand-chose d’extra-ordinaire : cependant c’est sa vocation elle-même, comme unité de masse sur le marché chinois, qui a conduit à revoir sa capacité passagers.
Par habitude, la capacité nominale d’un navire de croisières est définie selon son nombre de cabines passagers : à raison de deux personnes par cabine auxquelles on ajoute un pourcentage de groupes potentiels (familles, amis, etc), à la manière d’un hôtel terrestre. Cependant les passagers asiatiques voyagent beaucoup plus souvent en famille que les occidentaux : ainsi pour 2500 cabines, les deux navires de la classe Global auront une capacité de 9000 passagers ; pour le coup un record absolu en mer.
De fait Genting les a toujours décrits ainsi : les deux futurs navires seront des ambassadeurs de la croisière de masse. Pont supérieur dévolu aux montagnes russes, atrium occupé par des escalators, aire de jeux enfantine monopolisant le centre du pont principal… les espaces intérieurs décrits par Cruise Industry News décrivent un parc d’attraction flottant comme la croisière moderne elle-même n’en avait jamais vu.
Les deux navires sortiront en 2020 et 2021 des chantiers allemands : que l’on soit attiré ou non par les croisières de ce genre, le projet sera, d’un point de vue technique, extrêmement intéressant à suivre. Leur jauge passagers pose en effet un certain nombre de questions : gestion de foule, d’une évacuation, jauge des infrastructures (dont l’hôpital), du matériel de survie… Aussi production d’énergie, d’eau potable, stockage des denrées, quantité et traitement des déchets.
Par Mathieu Burnel
(1) (2)