Brèves

Tempête en Baltique : Un ferry ultramoderne s’échoue.

Le Viking Grace s’échoue  lors d’une manœuvre d’accostage dans l’archipel finlandais des Aland.

Le Viking Grace, navire amiral du groupe finlandais Viking Line, a été drossé à la côte alors qu’il manœuvrait pour accoster au terminal ferry du port de Mariehamn, la principale ville portuaire de l’archipel autonome finlandais des Aland, vers 14h15 le samedi 21 novembre 2020.

©Marine traffic

En fin d’évitage, avant de culer vers son poste, le ferry a été pris par de fortes rafales et n’a pu maîtriser sa dérive, venant se poser sur la berge à proximité d’une route. Les 331 passagers et 98 membres d’équipage à bord avaient quitté dans la matinée Stockholm pour Turku, en Finlande, traversée d’une dizaine d’heures avec une escale dans l’archipel des Aland. Aucun blessé ni aucune fuite de carburant n’ont été signalés. Avarie de propulsion, de commandes, rafales de vent impossible à contrer ou mauvaise appréciation en passerelle, l’enquête des gardes-côtes finlandais apportera probablement la réponse.

Les habitants proches de la scène ont exprimé leur surprise. « Il y a beaucoup de vent ici à Åland et ils ont essayé de faire marche arrière sur le quai », a déclaré Tina, 55 ans. « Nous avons vu qu’ils avaient des problèmes. Ils se sont arrêtés, puis quelque chose s’est passé et ils ont dérivé vers la terre ferme. En gros, vous pouvez toucher le bateau si vous descendez dans l’eau»

Les passagers se sont vus offrir un dîner et ont passé la nuit à bord. Ce dimanche matin, le Viking Grace a été remorqué par des remorqueurs jusqu’au terminal maritime de Mariehamn, où les passagers ont été brièvement débarqués. Le ferry a repris la mer ce dimanche vers 11h15 à destination de Turku, sa destination finale, laissant penser l’absence d’avarie à la coque.

A l’annonce de la tempête, le Viking Grace, qui peut accueillir jusqu’à 2 800 passagers et 500 véhicules, avait été déployé samedi, en lieu et place d’un navire plus petit et moins robuste, a déclaré Viking Line à l’agence de presse AFP. Le faible nombre de passagers à bord samedi, s’explique également par les précautions prises par le COVID-19.

Second échouement en deux mois pour Viking Line

C’est la deuxième fois en deux mois qu’un ferry de la Viking Line s’échoue au large des îles Åland. Le 30 septembre, 200 passagers et 80 membres d’équipage avaient dû être évacués du Viking Amorella qui avait heurté des rochers au large de Järsö, sur sa route habituelle entre Turku et Stockholm. Il a depuis été remorqué à Turku pour y être réparé. L’archipel d’Aland est caractérisé par des eaux peu profondes et des passages étroits difficiles à naviguer.

L’ombre de l’Estonia

Les Scandinaves sont particulièrement sensibles aux accidents maritimes en Baltique, car ils réveillent les sombres souvenirs de la catastrophe de l’Estonia en septembre 1994. Ce ferry, qui faisait la traversée entre Tallinn (Estonie) et Stockholm, a coulé, faisant 852 victimes, pour la plupart suédoises, ce qui en fait le deuxième plus grand naufrage d’un navire européen en temps de paix après celui du Titanic en 1912. En 1997, une enquête a révélé que le système de fermeture de la porte d’étrave de l’Estonia avait cédé lors d’une tempête.

Le Viking Grace : l’un des ferries les plus écologiques au monde.

Cet échouement permet de donner un coup de projecteur sur ce navire innovant au-delà de cet événement nautique classique dans le monde maritime.

La particularité du Viking Grace est d’être le premier navire à utiliser la combinaison de GNL et un rotor à effet Flettner (du nom de son inventeur, qui date de 1922) ou « voiles de rotor », une forme de propulsion éolienne, pour réduire la consommation de carburant. Premier navire à passagers de cette taille qui fonctionne au gaz naturel liquéfié (GNL) entièrement exempt de soufre, le ferry réduit ses émissions d’azote et de particules de 85 % et les gaz à effet de serre de 15 %, par rapport aux carburants classiques (MDO). Le GNL satisfait à toutes les exigences de l’OMI en matière d’émissions qui s’appliquent actuellement ou entreront en vigueur dans un avenir proche.

De plus, la chaleur excédentaire des moteurs est utilisée lorsque le navire est au port et le refroidissement du GNL est exploité pour la climatisation, grâce au système de recyclage d’énergie Ocean Marine, qui a été développé par la société d’innovation suédoise Climeon. Le système convertit la chaleur excédentaire des moteurs en 700 000 kWh d’électricité propre et sans émissions, par an. L’électricité est principalement utilisée sur les ponts des cabines, par exemple pour l’éclairage.

La coque du navire a été optimisée hydrodynamiquement afin de minimiser l’effet des vagues. Il bénéficie également d’une isolation phonique élevée pour l’élimination des bruits extérieurs aussi est-il l’un des navires les plus silencieux au monde.

L’innovation visible sur le Viking Grace est l’installation d’un rotor de 24 mètres de haut en 2018 (rétrofité par Norsepower, une société finlandaise) qui transforme la circulation du vent à l’intérieur de ce tube vertical en poussée. Pour mémoire, Jacques-Yves Cousteau avait testé l’effet Magnus (du nom du physicien allemand ayant découvert le principe physique qui explique la force tangentielle subie par un objet en rotation se déplaçant dans un fluide), avec les Turbovoiles installées sur l’Alcyone, en 1985. D’après le site de Viking Line, le rotor permet d’économiser 300t de GNL/an.

Ce nouvel incident vient fragiliser la stratégie environnementale mise en avant par le groupe Viking, au travers de sa communication.

JVD

Vidéos de présentation du Viking Grace 

Vidéo de la manoeuvre

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