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DESMM des M2 et CA de l’ENSM : Caroline GREGOIRE nous répond

Par Aymeric AVISSE

Bonjour Madame GREGOIRE, vous recevez aujourd’hui les associations d’anciens élèves, Hydros et Jeune Marine, afin d’évoquer ensemble les dernières communications qui sont apparues dans la presse, mais aussi l’avenir de l’ENSM.

Je sais que les élèves attendent beaucoup de vos éclaircissements notamment les M2 2021 auxquels vous avez adressé un courrier il y a peu, mais c’est également l’occasion pour nous dans cette interview d’évoquer le tout dernier CA de l’ENSM de jeudi dernier ( 10 mars 2022).

Bastien ARCAS Président d’HYDROS, Caroline GREGOIRE Directrice de l’ENSM, Christophe LACHEVRE pour HYDROS et Aymeric AVISSE Président de Jeune Marine

Aymeric AVISSE : Vous avez donc adressé un courrier aux M2 2021 afin de leur signifier qu’ils devraient compléter leur cursus des heures non dispensées par l’ENSM pendant le COVID et avant leur sortie fin 2021. Est-ce exactement ce propos ?

Caroline GREGOIRE Directrice Générale de l’ENSM

Caroline GREGOIRE : Tout d’abord je tiens à dire que je suis totalement désolée de la situation et que toutes les équipes pédagogiques de l’ENSM sont mobilisées pour trouver les solutions les plus adéquates !

Effectivement, j’ai écrit aux élèves et à leurs armements, car ces derniers sont majoritairement embarqués suite à leur sortie de l’école.

Ce courrier indique qu’il sera indispensable de valider certains modules qui n’ont pas pu être dispensés avant leur départ de l’École. Mais l’ENSM ne va pas leur demander de revenir en cours sur site au Havre ! Le but est de livrer ces compétences à distance, via différents moyens pédagogiques et une évaluation requise. Ces modalités précises devront être validées par l’inspecteur général de l’enseignement maritime (IGEM). Des groupes de travail sont organisés pour préciser les modalités. L’ingénieur pédagogique recruté l’été dernier participe à ces groupes de travail pour en faciliter la réalisation. Pour les TP, des modalités spécifiques sont à l’étude. Ainsi, le 13 juillet au plus tard, l’ENSM pourra certifier la délivrance des DESMM.

Aymeric AVISSE : Ces élèves ont été extrêmement impactés par le COVID, mais aussi par une organisation de l’ENSM qui a été très particulière pendant cette crise, ne pourrait-on pas trouver une manière de leur valider leur DESMM sans pour autant les contraindre de nouveau à des épreuves et une organisation supplémentaire ?

Caroline GREGOIRE : Pendant la période COVID, la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) a recommandé des allégements pour les établissements d’enseignement supérieur. L’ENSM n’a pas eu cette possibilité, car nous sommes dans l’obligation de suivre le référentiel STCW. Nous avons passé beaucoup de temps à modifier les modalités pédagogiques (c.-à-d. distanciel), mais pas le fond. Ainsi, l’IGEM a validé de nouvelles modalités adaptées à la situation sanitaire : enseignement à distance (visio), asynchrone, capsules vidéo. Donc, il y a déjà eu un aménagement sur la forme, mais pas sur le fond. Il est nécessaire de s’assurer de la mise en œuvre des normes fixées par la convention STCW.

Nous avons travaillé à identifier précisément les matières manquantes et nécessaires à la délivrance du DESMM. Une fois ce travail réalisé, il s’agit maintenant d’élaborer les supports pédagogiques adaptés à la situation embarquée des élèves qui devront ensuite être validés par l’IGEM avant mise en œuvre. L’accompagnement de ces jeunes professionnels est la priorité de l’École qui souhaite leur délivrer leur diplôme conformément aux exigences STCW. Nous ne les laissons pas tomber et ferons ce qui est nécessaire pour les accompagner jusqu’à l’obtention.

Aymeric AVISSE : Il ne nous a pas échappé que du côté organisationnel de ces deux dernières années, qu’on pourrait qualifier de chaotiques, des séquelles demeurent avec notamment (nous le constatons fréquemment) des postes de professeur à pourvoir et les administratifs qui jouent aux chaises musicales :

Caroline GREGOIRE : Tout le monde et l’ENSM en particulier sort d’une période COVID avec des mesures sanitaires imposées contraignantes : les séquences pédagogiques ont basculé en distanciel, certains enseignements ont dû être reportés et les effectifs de TD et TP ont dû être dédoublés pour respecter la distanciation sociale.

Nous sommes par ailleurs en recrutement permanent au Havre sur des postes STCW. Nous avons donc mis en œuvre plusieurs mesures afin de pallier ces manques : diffusion des offres d’emploi et fiches de postes sur différentes plateformes, ouverture de deux postes d’enseignants aux administrateurs des affaires maritimes et il est question de recruter des Ingénieurs Travaux publics de l’État (ITPE) sur titre également. Nous travaillons à la création d’une grille salariale attractive pour les anciens navigants, car la différence de salaire quand on passe de la mer à la terre peut être rédhibitoire. Nous avons également activé, depuis la rentrée 2021, la possibilité de recruter des enseignants directement en CDI. Nous avons même fait appel à deux cabinets de recrutement spécialisés dans le maritime, d’une part, et l’enseignement supérieur, d’autre part. Nous recherchons par ailleurs des vacataires qui devront être intégrés aux équipes pédagogiques en place. Nous avons finalisé un « catalogue » de besoins qui est transmis aux armements, entreprises afin qu’ils nous aident dans cette recherche. Afin de mieux traiter les demandes, nous avons mis en place une adresse générique : recrutement@supmaritime.fr.

Le développement de nos relations internationales nous permet d’être en contact avec d’autres académies. Nous les sollicitons et j’ai bon espoir qu’un échange basé sur une prestation hybride (cours théoriques à distance et TP/TD sur site) qui sera possible à la rentrée 2022. Enfin, nous sommes en contact avec les armateurs pour activer les dispositions du code des transports qui nous permettent d’intégrer des navigants, nous en reparlerons certainement plus tard.

Aymeric AVISSE : Justement vous nous parlez salaire n’y a-t-il pas un réel problème salarial ?

Caroline GREGOIRE : Il y a 15 ans et plus, l’école faisait état de ses besoins, et le recrutement de professeurs de l’enseignement maritime ou de professeurs techniques de l’enseignement maritime avait lieu en tant que de besoin. Le contexte a changé et il n’est plus possible de recruter d’enseignants dans ces corps d’accueil.

Il a été fait le choix de recrutements d’enseignant sous statut contractuel. Au-delà du statut, ce sont les compétences spécifiques notamment STCW nécessaires pour former les jeunes officiers qui sont plus difficiles à trouver. Le corps professoral doit intégrer des anciens navigants porteurs de la qualification STCW. Force est de constater que les salaires en mer et à terre sont différents. Les salaires proposés à l’École doivent être plus attractifs tout en respectant l’épure de la masse salariale contrainte par notre subvention pour charge de service public. Un travail est en cours. Nous souhaitons mieux valoriser par exemple ce que l’on appelle la « reprise d’ancienneté » pour une insertion dans la grille salariale plus favorable. Une prime de prise de poste, une perspective d’évolution annuelle, des possibilités de contrat à durée déterminée et les vacances scolaires complètent notre attractivité.

Aymeric AVISSE : Il s’est tenu jeudi dernier le Conseil d’Administration de l’ENSM justement, pouvez-vous nous donner dans les grandes lignes des nouvelles de notre école préférée ?

Caroline GREGOIRE : Et bien, je suis déjà contente que cette école soit toujours votre école préférée, car je dois dire qu’elle est bien secouée. Le conseil d’administration du 10 mars 2022 a permis de se redire collectivement que c’est bien collégialement que nous trouverons une solution. La Ministre lance à travers son cabinet une mission d’appui pilotée au plus haut niveau et prévoit son suivi dans les quatre à six prochaines semaines. C’est une proposition bienvenue pour l’Ecole qui pourra bénéficier ainsi de soutien supplémentaire pour l’avancée des dossiers majeurs comme le Fontenoy du maritime. Le suivi sera assuré de manière rapprochée par le directeur de cabinet de Madame Girardin.

Aymeric AVISSE : Et pour conclure, quel serait votre mot ?

Caroline GREGOIRE : Depuis ma prise de fonction, je consacre toute mon énergie à cette école qui m’est très chère. Je suis pleinement consciente qu’elle est l’héritière de traditions séculaires, mais l’ENSM est aussi un établissement qui doit être en prise avec son époque. C’est la mission qui m’a été confiée : accompagner l’évolution de l’école dans la société, dans la filière et sur les marchés. Cette mission est d’autant plus complexe à mener que l’École hérite de problèmes structurels profonds qui causent des tensions internes très fortes. Dans ce contexte, toutes les tentatives d’évolution sont complexes. Bien d’autres équipes de direction s’y sont cassé les dents avant moi. Mais je formule le vœu que nous puissions collectivement mettre l’École à la place qui est la sienne, une place d’excellence, et poursuivre son évolution, entre tradition et modernité, avec tout son équipage.

 

 

 

 

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