Jeune Marine N°264Vie de l'école

Rencontre avec Julien PEROTTINO

Formation d'Ingénieur en Génie Maritime

L’ENSM n’a pas encore atteint son allure de croisière, faisant parler d’elle cette année et remontant des mécontentements des différents corps mais aussi des élèves. Pour autant certains nous ont renvoyé une image différente et pleine d’espoir et de confiance dans la qualité de leur formation et les possibilités d’embauche et d’évolution en sortie d’école. Nous avons donc rencontré Julien PEROTTINO qui termine sa formation d’Ingénieur en Génie Maritime et qui souhaitait nous présenter son point de vue :

Aymeric AVISSE : Bonjour Julien, je suis ravi de m’entretenir avec toi ce jour pour parler de l’ENSM. Beaucoup d’encre a coulé ces derniers temps sur certains problèmes et tu souhaitais nous présenter ton expérience. Alors tout d’abord, peux-tu te présenter aux lecteurs ?

Julien PEROTTINO : Tout d’abord, je remercie Jeune Marine pour me permettre d’évoquer mon parcours ainsi que mon ressenti sur l’ENSM. Agé de 23 ans, je viens d’achever ma 5ème année et donc ma formation d’Ingénieur en Génie Maritime – spécialité Eco-Gestion des Navires (EGN), basée sur le site de Nantes. Originaire de Nice, mon début de parcours est très académique : après un bac scientifique, aimant bien les sciences et attiré par le métier d’ingénieur sans pour autant avoir un domaine de prédilection, je me dirige plutôt naturellement vers une Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles, spécialité Physique et Technologie (PTSI-PT) puisque j’avais déjà une grande appétence pour les sciences industrielles et les applications très concrètes des sciences.

Il m’a fallu du temps pour trouver ce que j’avais envie de faire et où je pourrais m’épanouir en tant que futur ingénieur, d’autant plus que la prépa reste un environnement très scolaire et académique – on se prépare à des concours pour intégrer une école, mais ce qu’il se passe en école et après reste au final opaque pour beaucoup d’étudiants. Je ne savais donc pas forcément vers quelle école me diriger, mais ce que j’ai très vite su en revanche, c’est ce que je ne voulais pas faire après l’école : rester toute la journée dans un bureau derrière un ordinateur. Ce qui me passionnait, c’était les grands chantiers, être sur le terrain, faire quelque chose de concret et malléable, là où l’homme repousse les limites. J’hésitais beaucoup entre l’aéronautique et le maritime, et puis un ami m’a parlé d’une certaine école de la Marine Marchande qui venait d’ouvrir une formation d’ingénieur en génie maritime pour travailler sur les futurs enjeux de l’industrie navale. Je me suis alors beaucoup renseigné sur l’école, et je fis déjà un premier constat qui je pense est commun à beaucoup qui découvrent cet univers : pourquoi n’ai-je pas entendu parler de cette école plus tôt ? J’ai donc décidé de la présenter aux concours, et ayant décroché l’admissibilité, je suis monté à Nantes pour les oraux. Après la découverte des équipements techniques et des simulateurs, du cœur de métier de la formation qui s’axe autour des grands enjeux du maritime et de la transition énergétique, et des nombreux débouchés possibles – et ouverts sur l’étranger de par la nature internationale du maritime ! – je savais que c’était l’école que je souhaitais intégrer. Aujourd’hui je ne le regrette pas et j’en suis très heureux : alors que j’ai découvert un univers passionnant et dans lequel je suis épanoui, j’ai pu effectuer mon stage de fin d’études aux Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, sur la construction du prochain pétrolier ravitailleur de la Marine Nationale, le Bâtiment Ravitailleur de Forces Jacques Chevallier. Pour quelqu’un qui voulait du terrain et des grands chantiers, me voilà servi !

 

Les chantiers de l’Atlantique © Jean-Marc LEGRAS DR

AA : Tu nous a donc contactés pour nous faire part de ta satisfaction quant au cursus que tu viens de réaliser à l’ENSM : peux-tu nous présenter ton point de vue et nous expliquer ce qui pour toi constitue ta réussite ?

JP : En effet, je suis très satisfait de la formation que j’ai suivie à l’ENSM Nantes, et pour cause : c’est une formation de pointe totalement unique. Dès la première année (de niveau BAC+3), qui vise à nous « maritimiser », nous sommes formés sur des aspects bien spécifiques : la navigation, sur carte marine puis dans les différents simulateurs de passerelle, de radar et de manœuvre ; l’environnement technique d’un navire, notamment au travers du simulateur machine et des nombreux ateliers techniques disponibles à l’école – dont un moteur marin 4 temps que l’on fait toujours tourner ! – ; ainsi que le fonctionnement global d’un navire, de son exploitation et de son équipage, avec comme point culminant un embarquement (bien que de trop courte durée à notre goût). Ces aspects ne sont pas foncièrement nécessaires à la formation d’un ingénieur, mais c’est bien là où se différencie un ingénieur de l’ENSM : nous sommes avant tout formés à l’Hydro, riche de son héritage et de ses traditions, et même pour une formation qui ne fera pas de nous des marins, il est essentiel de connaître leur quotidien, leurs outils ainsi que leurs besoins. C’est d’ailleurs ce qui fait que nos profils sont très appréciés : rapidement opérationnels, nous avons une forte connaissance et polyvalence dans le milieu maritime, ce que les employeurs ont du mal à trouver sur des profils d’ingénieurs plus classiques.

Mais ce qui m’a le plus impressionné dans notre formation, c’est qu’elle est en grande avance sur son temps. Le monde maritime, qui a connu de profonds changements ces dernières années, arrive à un important carrefour : celui de la transition énergétique et de la décarbonation. Il va y avoir un train à prendre, et l’industrie maritime française se doit de ne pas le manquer. C’est exactement le pari que s’est lancé l’ENSM avec notre formation, sur le site de Nantes : former les futurs ingénieurs et cadres qui seront les acteurs de cette transition. Optimisation des énergies à bord, décarbonation et réduction des émissions, traitement des déchets liquides et solides, démantèlement des navires et intégration de l’analyse du cycle de vie dans la conception, formation sur les nouvelles énergies et les prochaines propulsions telles que l’hydrogène et les piles à combustible, le GNL, la propulsion vélique, les bio-carburants ainsi que les carburants de synthèse… sont les axes phares de notre cursus. C’est également le cas pour mes camarades qui ont suivi la spécialisation Déploiement et Maintenance des systèmes Offshore (DMO) et qui s’orientent quant à eux vers l’industrie des énergies marines renouvelables, le démantèlement des plateformes pétrolières ou encore l’optimisation énergétique des procédés offshore. Alors que beaucoup d’entreprises maritimes n’en sont encore qu’à la phase initiale de cette transition et avancent à tâtons, nous avons la chance de sortir en tant que jeunes diplômés avec un regard critique et une vision d’ensemble sur les futures évolutions du secteur, à la fois sur le plan technique et réglementaire. Il y a encore quelques semaines, je discutais dans mon entreprise avec un jeune ingénieur, diplômé il y a peu d’une grande école réputée. Il était impressionné par la connaissance et la maturité que nous avait apporté la formation sur les propulsions alternatives, et regrettait de ne pas avoir eu cette approche très spécifique dans ses études, quand on est encore étudiant c’est toujours très gratifiant d’entendre ce type de retour venant d’un professionnel ! Enfin, les chiffres sont d’autant plus parlants : 100% des étudiants ont un emploi dans les mois qui suivent leur diplomation, voir même se font directement embaucher lors de leur stage de fin d’études. J’ai eu personnellement la chance de connaître ce cas de figure en signant ma promesse d’embauche en CDI au sein des Chantiers de l’Atlantique au bout de seulement 3 mois de stage et après des retours très positifs, preuve du vif intérêt porté par l’industrie sur nos profils.

Après, tout n’est pas parfait, loin de là. Il y a encore des axes à améliorer, comme dans toute formation récente, mais ce qui est sûr, c’est que l’ENSM tient un joyau entre ses mains et ne doit pas le perdre mais continuer à le développer et à en faire une filière de renommée et d’excellence dans le secteur maritime !

Avitaillement GNL aux chantiers de l’Atlantique © Jean-Marc LEGRAS DR

AA : Ce que tu nous décris nous a déjà été relayé par Manon PAYET qui avait effectué le même cursus que toi, néanmoins les problèmes soulevés par d’autres élèves de l’ENSM étaient plutôt liés à la filière polyvalente, partagerais-tu le sentiment que former des ingénieurs a conduit à ne plus former de bons marins ?

JP : Bien évidemment, n’étant pas issu de la formation des officiers polyvalents, je ne souhaite pas m’exprimer à leur place, mais faire part de mon ressenti. Après 3 ans à l’ENSM, où j’ai été très investi dans la vie associative et différentes instances de l’école, et où j’ai eu la chance de pouvoir côtoyer des étudiants et anciens étudiants issus de la filière polyvalente, il est clair qu’il y a actuellement une situation de crise entre l’école et cette filière, qui est le fruit d’erreurs échelonnées sur plusieurs années. Le diplôme d’ingénieur délivré par l’ENSM pour la filière polyvalente est de plus en plus souvent remis en cause, dont l’un des points critiques a été l’entrée de l’école dans le classement l’Etudiant 2022 des écoles d’ingénieurs : l’ENSM y est classée avant-dernière. Et cela questionne sur la légitimité du diplôme, à juste titre. Pour autant, je pense que le diplôme d’ingénieur n’est en rien incompatible avec la formation des officiers polyvalents de la Marine Marchande. L’ENSM peut et doit former de bons marins avant tout, mais cela ne l’empêche pas de délivrer un diplôme d’ingénieur.

J’ai le sentiment que cette situation est le fruit de graves erreurs de forme, mais non de fond. Pour en revenir sur le classement de l’Etudiant par exemple, la présence de l’école dans celui-ci est absolument ridicule : l’ENSM n’est pas et ne doit pas avant toute chose se présenter comme une école d’ingénieurs, mais bien comme une école de marins. C’est bien pour cette raison qu’elle est en avant-dernière position : sa formation polyvalente, bien particulière dans le paysage des formations d’ingénieurs, ne répond pas aux critères des écoles d’ingénieurs classiques émis par le classement, et heureusement ! C’est ce qui fait même la force de l’école. On peut faire l’analogie avec les grandes écoles militaires, telle que l’Ecole Navale, qui forme les Officiers de la Marine Nationale : elles délivrent à leurs étudiants un diplôme d’ingénieur, mais ce n’est pas la mission première de ces écoles, et ce n’est d’ailleurs pas pour ce diplôme que les étudiants les intègrent. On peut d’ailleurs remarquer que, pour ces raisons évidentes, les écoles militaires n’ont pas émis le souhait d’apparaître dans les classements tels que celui de l’Etudiant, tout simplement parce qu’elles n’ont rien à y faire de par leur statut spécifique. Cela devrait être la même chose pour l’ENSM : il me semble indispensable que ce qui doit motiver un étudiant à intégrer la formation d’officier polyvalent c’est avant tout de devenir un marin, le diplôme d’ingénieur étant un bonus, une plus-value qui permet la reconnaissance d’un statut et d’un niveau d’études et qui aide grandement à la reconversion à terre. Une autre erreur de forme par exemple, c’est celle de constamment parler d’Ingénieurs Navigants, qui est désormais le nom officiel de la formation des officiers polyvalents. Tout cela porte à confusion. Renforce le sentiment de défiance des étudiants, et je les comprends. Le nom de la formation doit rester celui d’Officier Polyvalent de la Marine Marchande : quand on est un jeune lycéen qui voit une formation appelée « Ingénieur Navigant » sur Parcours Sup, comment appréhender au mieux les débouchés de celle-ci ? Quand on est étudiant dans le cursus d’officier polyvalent, comment ne pas ressentir un mal-être quand on voit la stratégie de communication de l’école, plus que laborieuse ?

Ce que je trouve dramatique, c’est qu’aujourd’hui le diplôme d’ingénieur est véritablement remis en cause, par beaucoup d’acteurs qui ne voient que ces aspects de communication et de forme – qui sont des échecs j’en conviens. Pour autant, ce diplôme est une vraie force pour les futurs officiers, et cela serait fortement dommageable d’y renoncer, après toutes ces années de construction fragile. J’ai pu croiser de nombreux anciens marmars dans l’industrie navale, et la plupart m’ont partagé ce constat : il est difficile de sortir des sentiers battus de la marine marchande sans diplôme d’ingénieur, si tant soit peu que l’on souhaite trouver un poste à responsabilité égale. Tout simplement parce que les RH ont besoin de cocher des cases, d’avoir une attestation de niveau d’étude pour certains postes. De plus, comme je l’ai évoqué précédemment, l’industrie maritime va profondément changer et se complexifier de plus en plus. De nouvelles technologies voient le jour à bord des navires, et le diplôme d’ingénieur permet de former des marins polyvalents avec un grand recul sur les aspects techniques. Ce bagage apporté par les spécificités de la formation d’ingénieur, en automatique par exemple, est un atout important, et n’est pas un frein mais au contraire un gage d’excellence pour la formation. Alors que la compétitivité internationale est de plus en plus en forte et que des acteurs privés souhaitent se positionner sur la formation d’officiers navigants, l’ENSM doit se démarquer, tout en assurant sa mission première, celle de former des marins avant tout. Il faut tout simplement lui donner le temps et les moyens nécessaires pour achever la transition qu’elle a démarrée en 2010, et redonner les moyens pour permettre à des navigants de venir enseigner à l’école, la grande problématique du site du Havre en ce moment qui manque cruellement d’enseignants.

 

Compartiment machine MSC World Europa © Jean-Marc LEGRAS DR

AA : Effectivement, l’ENMM en son temps avait un enseignement hors norme et je veux dire par là hors des normes de l’enseignement supérieur, ce qui a motivé la création de l’ENSM, mais avait pour première qualité de reconvertir des anciens navigants en professeurs. Ce modèle étant mort la transmission se fait désormais par des personnes de grande qualité mais n’ayant pas forcément connu l’environnement marin. Sans rentrer dans la nostalgie du « c’était mieux avant », penses-tu qu’il serait intéressant de retrouver cette singularité propre à l’ENMM dans une version « modernisée » de l’ENSM ?

JP : Il me paraît essentiel que la majeure partie des formations soit assurée par des anciens navigants, et c’est bien normal : comment former de bons marins… sans marins ? Alors que je ne suis pas destiné à en être un, ce qui a fait la grande force de ma formation, ce sont justement ces enseignants qui ont navigué et nous transmettent leur expérience qui est inestimable ! Ce qui va faire la différence lors d’un cours, ce sont ces petites anecdotes, ces retours d’expériences ou les applications directes du cours au travers du vécu et du ressenti de ceux qui ont connu la mer et son environnement bien particulier. Un bon enseignant peut dispenser un cours classique et inculquer des connaissances théoriques, mais aussi bon soit-il, s’il n’a pas connu les particularités de la vie à bord et les difficultés que l’on peut rencontrer en autarcie, il lui sera toujours moins évident de faire le lien entre la théorie et la pratique, de contextualiser ce que retrouveront les navigants à bord.

Evidemment, je ne dis pas qu’il ne faudrait que des anciens navigants comme professeurs. L’expérience à bord ne remplacera jamais la connaissance théorique qu’il est primordial d’aborder dans un premier temps. Certains cours bien spécifiques, tel que le droit maritime, ne nécessitent pas le profil d’un navigant mais celui d’un expert. Ce qui est important, c’est d’ensuite valoriser et concrétiser cette théorie par un aspect pratique et concret, et encore une fois la connaissance du terrain prime.

Depuis la fin du renouvellement du corps de l’enseignement maritime, l’ENSM peine à recruter des navigants en qualité d’enseignants, notamment sur le site du Havre. C’est la principale cause des problèmes de diplomation et de structuration qu’a connus l’école ces derniers mois. Il est plus que nécessaire de revaloriser l’attractivité de l’enseignement à l’ENSM, notamment pour du personnel navigant. Pourquoi ne pas entamer une discussion avec les armateurs pour permettre à leurs navigants un détachement à terre de quelques années dans le but de former les futurs officiers, tout en conservant certains avantages salariaux de personnel embarqué, par exemple ?

AA : Depuis peu le recrutement se fait par la plateforme Parcours Sup : l’idée d’attirer les talents via cette plateforme est séduisante et très pertinente pour les candidats à la diplomation ingénieur, mais ne risque-t-elle pas de rater sa cible pour les navigants ?

JP : Depuis ce profond changement dans le recrutement, il existe un débat très houleux sur la pertinence ou non d’effectuer le recrutement des futurs navigants en formation initiale via Parcours Sup. Je n’ai évidemment pas la prétention de dire si c’est le format de recrutement le plus adapté ou non, et je pense qu’il faudra prendre du recul et attendre encore quelques années afin de voir ce qu’il en est concrètement, notamment parce que la première promotion recrutée sur Parcours Sup ne sera qu’en 2ème année à la rentrée !

De mon point de vue, et sur le papier, je ne vois pas en quoi le recrutement via Parcours Sup serait néfaste pour le recrutement des navigants. La plateforme permet de transmettre les dossiers à l’école, qui fera ensuite sa sélection sur les critères qu’elle définit. Si les élèves recrutés ne sont pas des profils de navigants idéals, c’est que le problème vient peut-être de la sélection mise en place par l’école via ses critères ainsi que les jurys, et non de la plateforme en elle-même…

Il est aussi essentiel que l’école soit parfaite sur la forme. Comme je l’évoquais plus tôt, ne pas intituler la formation d’ingénieur et ne pas positionner en premier lieu l’école dans cette catégorie d’enseignement supérieur serait un bon début. Il faut que cela soit clair pour le candidat qu’il postule à une formation de marin, et c’est du ressort de l’école de respecter cet aspect dans le processus de recrutement. Ensuite, je présume qu’il est plus ou moins évident lors de l’entretien oral de repérer les candidats qui ont l’appétence et l’envie de pratiquer la navigation, de ceux qui ont candidaté un peu par hasard à ce qui leur semblait être une école d’ingénieurs maritimes comme une autre, même si bien évidemment je ne parle pas en toute connaissance de cause. Toujours est-il que c’est l’école qui a le dernier mot sur les profils retenus, et il en va de sa responsabilité de sélectionner les profils qui seront les plus à même de faire de bons officiers dans la marine marchande de demain, car c’est le principal rôle de l’ENSM. Ensuite, il faut tout mettre en œuvre pour permettre à ces étudiants d’avoir le niveau requis pour obtenir le diplôme d’ingénieur, mais il ne faut pas inverser le problème et sélectionner des profils académiques qui ne seraient intéressants que pour un diplôme d’ingénieur, ce n’est pas le but premier de la formation polyvalente !

Je conviens que l’équilibre est dur à trouver. Mais encore une fois, le curseur n’est pas mis au bon endroit, et tout ce que cela engendre, c’est d’envenimer des guerres intestines. J’ai souvent eu des échos de l’image négative qui était renvoyée du site de Nantes et de notre formation sur le site de Marseille par exemple, comme si la formation d’ingénieur en génie maritime était une potentielle menace qui viendrait puiser dans le vivier des futurs officiers formés à Marseille. Le recrutement via Parcours Sup a accentué cette paranoïa et je trouve cela triste de voir les choses sous ce prisme. Nos formations sont complémentaires, l’ENSM est une école unique avec des formations incroyables que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France, et au lieu de faire de la spécialisation de ses sites une force et de se tirer vers le haut, elle en fait une faiblesse qui provoque des tensions internes. C’est extrêmement dommage, et je ne pense pas que ce soit un problème dont la cause soit le recrutement via Parcours Sup plutôt que sur concours. Si l’école impose des critères de recrutement qui visent à recruter des personnes qui veulent naviguer, avec le bagage technique requis et indispensable pour quiconque prétend à obtenir à la fois des brevets de chef mécanicien et de capitaine, alors je ne vois pas pourquoi le recrutement ne serait pas efficace. Ensuite, libre aux étudiants de se diriger ou non vers le Havre ou Nantes, tout simplement parce qu’on peut se rendre compte après certaines expériences que l’on n’est pas fait pour la navigation ou que le côté à terre nous attire finalement plus.

 

© Jean-Marc LEGRAS DR

AA : Si je résume un peu notre échange, pour toi le fond de l’ENSM n’est donc pas un problème mais certains points de forme seraient à revoir : la diplomation d’ingénieur est pertinente et en avance sur la demande mais l’uniformisation du modèle ingénieur aux navigants ne serait pas forcément adaptée voir adaptable ?

JP : Exactement ! Au final, je ne peux que témoigner de la pertinence pour mon cas personnel, de cette formation unique que j’ai suivie et des formidables opportunités que peut donner l’ENSM. Il est aussi important de rassurer et de faire connaître les nombreux aspects positifs, parce que ces derniers temps, avec le climat délétère qui s’est installé autour de l’école suite à ses déboires de diplomation, tout le monde y va de son grain de sel pour pointer ce qui ne va pas, mais il y a beaucoup de bon dans cette école et ce serait dommage de l’oublier. L’ENSM reste un choix d’excellence pour quiconque souhaite évoluer dans le maritime, que ce soit en tant que navigant ou en tant qu’ingénieur, et j’espère qu’on donnera à cette belle école le temps et les moyens nécessaires pour faire face aux difficultés actuelles et pour satisfaire les élèves, les armateurs et les industriels. Enfin, et pour finir sur une note positive, le site internet Génération Prépa a sorti un classement général des écoles d’ingénieurs en 2022. La formation délivrée par le site de Nantes de l’ENSM en Génie Maritime y figure à la 81ème position, sur 158 entrées, soit presque à la position médiane. Pour une formation qui n’a même pas 10 ans et qui est très spécifique, et quand on compare ce qui est comparable, c’est déjà beaucoup plus gratifiant ! (source : https://generation-prepa.com/classement-ecoles-ingenieurs/ ).

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