On veut y croire ! Cette première matinée a fait souffler sur le Grand Palais de Lille une bourrasque marine. Que d’enthousiasme chez les orateurs, que de pouvoir de persuasion partagé, et même, fait plutôt inattendu dans ce type de conclave, que d’annonces ! Parmi les éminents personnages qui ont esquissé la stratégie maritime des dix années à venir, retenons les présidents des métropoles de Dunkerque et de Lille, des ports et de la région, le président du Cluster, notre camarade Frédéric Moncany de Saint-Aignan, le secrétaire d’Etat à la Mer, Hervé Berville, et le président de CMA-CGM, Rodolphe Saadé. Comment ne pas être convaincu par un tel panel de hauts responsables ?
Passons sur les aspects de logistique portuaire, sur le plan de soutien à la pêche, sur les mesures de protection de la biodiversité, et concentrons-nous sur les propos qui concernent plus directement notre métier.
Le caractère stratégique de la logistique maritime a été très largement souligné et partagé. Le ministre a rappelé que les échanges maritimes étaient la clef de la souveraineté. Les crises récentes ont donc ancré cette évidence historique dans le cerveau des décideurs, et il faut s’en féliciter. Nous pouvons donc passer à la question suivante, objet de la table ronde Jeune Marine de demain, sur le statut stratégique qu’il faut reconnaître aux officiers de marine marchande. Sur ce sujet, le ministre n’a pas été avare de propositions. Parmi elles, retenons le doublement des effectifs des ENSM, le renforcement du professorat et du budget de l’école, et une réflexion à conduire sur l’engagement que pourraient contracter les élèves pour que leur abandon prématuré du métier ne se fasse pas au détriment du financement par l’Etat de leurs études. Un véritable appel à rejoindre le métier a été lancé à la nouvelle génération. A suivre.
Dans la foulée, le ministre a parlé du concept de flotte stratégique, citant quelques pistes de maintien sous pavillon de navires clefs. Il a violemment condamné le dumping social sur tous les navires escalant en France et a promis d’intensifier les contrôles dans nos ports, visant nommément P&O et Irish Ferries.
Toutes ces mesures ne peuvent que flatter nos oreilles attentives à tout ce qui peut rendre des couleurs à notre profession. Il nous reste à vérifier dans les mois et les années qui viennent que ces excellentes idées, au-delà des effets d’annonce, seront suivies d’une mise en application pratique avec continuité et persévérance quelles que soient les crises à venir. Il faut pour cela que l’Etat trouve les bras de leviers efficaces dans une économie maritime mondialisée, que les structures s’adaptent, que les professionnels se mobilisent avec un objectif commun, et que nous sachions convaincre nos meilleurs cadets de rejoindre l’équipage. Peut-être plus compliqué qu’il n’y paraît.
Retenons du discours très mesuré et sobre de Rodolphe Saadé, son engagement à mettre sous RIF une douzaine de nouveaux porte-conteneurs de taille moyenne propulsés au GNL ou au méthanol, son inquiétude de ne plus trouver assez d’officiers et sa promesse d’en faire plus pour le pavillon quand les candidats seront assez nombreux.
Décidément, on veut y croire !
Eric BLANC
