À la uneCommandant CharcotInterviewJeune Marine N°266Vie à bord

PORTRAIT : Olivier MABILLE, pilote d’hélicoptère

C’est une spécificité du Commandant Charcot par rapport au reste de la flotte Ponant : tout brise-glace qui se respecte se doit d’être doté d’un hélicoptère. Cette aide précieuse à la navigation permet de se prémunir des pièges de la banquise et d’informer le commandement dans le choix de ses routes. Sans surprise, n’est pas pilote en Antarctique qui veut. Les conditions rassemblent à peu près tous les pires cauchemars de l’aéronautique : givre, vents catabatiques, whiteouts, neige, blizzard… Il faut aussi décoller d’un navire en mouvement. Ces compétences uniques, Olivier les rassemble grâce à un parcours de l’extrême. Ce Périgourdin à la blague facile déborde d’énergie. Il a le bagout des anciens militaires, mais aussi la rigueur.

Rencontre avec notre éclaireur des glaces.

Olivier obtient à dix-sept ans son brevet de pilote d’avion. Son but : devenir chasseur dans l’aéronavale. Il part au Canada suivre une licence de pilote professionnel qui lui ouvre les portes de la Marine Nationale.

Seulement voilà, depuis que l’un de ses amis l’a initié au vol en hélicoptère, oubliés les avions de chasse : il ne rêve plus que de rotors ! Il retourne sur les bancs de formation et obtient son brevet hélicoptère. Il sert alors principalement sur des missions de sauvetage en mer au large de la Bretagne et de la Normandie. Appelé par le CROSS, il vole sur les Dauphin et les Super Frelon au secours des navires en détresse, dont l’Erika et le Ievoli Sun. Il embarque également sur les bâtiments porteurs d’hélicoptères en tant que pilote logistique, entre autres sur la Jeanne d’Arc, avant de rejoindre les commandos de marine et le GIGN dans les missions de contre-terrorisme maritime.

Après vingt ans de loyaux services, il rend son tablier et profite de sa retraite militaire pour prendre les manettes des Super Puma de la compagnie Sonair. Il assure la desserte des plateformes pétrolières en Angola durant trois ans, jusqu’à l’interdiction de ce modèle. Il intègre alors une compagnie luxembourgeoise et participe à la mission Frontex au large de l’Italie. Son carrosse : le MD902-Explorer américain. Au fil des patrouilles maritimes, il participe à la lutte contre le trafic de drogue, la pêche irrégulière, et les réseaux de passeurs clandestins. Ses vols permettront le sauvetage d’esquifs de migrants en déroute.

Il opère ainsi plusieurs années pour le compte de l’Union Européenne, jusqu’à ce qu’une connaissance le contacte personnellement. Ponant va sortir un brise-glace, et il lui faut un as des conditions exigeantes. « Cette occasion était en or » confie-t-il. « J’avais le profil idéal : toute ma carrière, je l’ai passée en milieu aéromaritime à décoller par tous les temps et surtout depuis les ponts de navires. En plus, je suis quelqu’un de sociable. Sur un navire comme Le Commandant Charcot, la moitié de mon travail s’appuie sur le relationnel avec l’équipage et les passagers. C’est comme ça que j’ai rejoint Canadian Helicopters Limited auprès de laquelle Ponant sous-traite son service hélicoptère. »

ournal de bord de la première Semi-circumnavigation Côtière de l’Antarctique occidentale par le navire d’exploration polaire Le Commandant Charcot - 21 janvier 2023 © Nicolas SERVEL DR
© Nicolas SERVEL DR

Nous abordons les spécificités du Commandant Charcot : « en réalité, j’y vois beaucoup de similitudes avec la Marine Nationale, en termes d’organisation, de procédures et d’état d’esprit. On est entre gens de mer ; tout est carré. Et puis, les spécificités opérationnelles de la glace sont aussi pointues que celles de la lutte anti-sous-marine. »

Attention, pas question de le méprendre pour un pilote de tourisme : « l’Hélico, nous ne le sortons que pour les missions de sécurité de la navigation et des personnes. La plupart du temps, je pars en vol de reconnaissance glace pour confirmer les éléments obtenus par image satellites. Je suis aussi amené à effectuer des évacuations médicales vers la terre. Certes, c’est très beau, mais nous évoluons dans l’environnement le plus hostile qui soit, avec les conditions de l’Everest au niveau de la mer. Les turbulences peuvent être particulièrement brutales. »

Quant à notre semi-circumnavigation, Olivier la vit comme un moment exceptionnel. « Professionnellement, c’est une occasion inespérée. Je retiens particulièrement le survol de l’Iceberg B22a, le quatrième plus gros sur la planète. J’ai repéré un canyon complètement isolé. Au fond, loin de la mer, il y avait un phoque qui se reposait. Des moments comme celui-là, on ne les oublie jamais. »

Nicolas SERVEL

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