Si Le Commandant Charcot rassemble parmi les meilleurs officiers de la marine, c’est aussi un lieu d’apprentissage. Aucune salle de classe ne prépare à ce genre de navigation, c’est donc sur le terrain que se forme la relève. Qu’ils souhaitent ou non continuer sur cette voie, ces élèves repartiront avec une expérience unique que très peu de marins, même aguerris, ne connaîtront jamais.
Serviables, studieux, et boute-en-train, ils m’ont accompagné le temps de ce reportage pour étayer certains aspects techniques : Mélissa, avec son caractère bien trempé et son espièglerie complice ; Clément et son sérieux de grand frère ; Titouan, le premier de la classe qui a toujours un mot gentil ; et Flavien avec sa bonne humeur spontanée et communicative. Je leur ai demandé de me résumer en quelques mots comment ils ont vécu ces semaines passées à écumer les glaces au sud du soixante-dixième parallèle :
Mélissa :
« Je voulais vraiment embarquer sur Le Commandant Charcot. Déjà, pour la navigation glace. Ça, on ne l’étudie pas à l’école ! Ensuite, pour le navire lui-même. C’est un concentré de technologies toutes plus innovantes les unes que les autres. Je pense à la passerelle arrière, par exemple, ou aux azipods et aux équipements GNL. Le Commandant Charcot est un formidable couteau suisse. Ce qui m’aura le plus marquée, c’est la conjugaison des différentes fonctionnalités pour aborder chaque situation de façon optimale : sondeurs, cartes, zodiacs, hélicoptère… »
Titouan :
« Je rêvais d’apprendre à naviguer dans la glace. C’était une première, et une rencontre absolument magnifique. J’ai été émerveillé par les lieux que nous sommes parvenus à atteindre, mais par-dessus tout, c’est la manœuvre du navire en marche arrière dans la banquise qui restera pour moi inoubliable. »
Clément :
« Je suis vraiment reconnaissant de cette opportunité. J’ai beaucoup appris sur la navigation glace, et surtout, j’ai réussi à faire ma place à la passerelle et à me rendre utile. C’est la première fois que nous sommes entrés dans le pack en Mer de Weddell et ça m’a réellement frappé : ce que nous allions vivre promettait d’être exceptionnel. Je crois que ces deux mois ont tenu leurs promesses. »
Flavien :
« Ce voyage qu’on a fait était exceptionnel et restera à jamais gravé dans ma mémoire. À vingt-et-un ans, Le Commandant Charcot m’a offert la possibilité d’effectuer un demi-tour du monde le long des côtes de l’Antarctique. Je suis conscient de la chance que cela représente. Mon meilleur souvenir, je crois bien que c’est d’assister l’officier de quart tandis que nous filions à quatorze nœuds dans de la banquise de trois mètres d’épaisseur avec les cinq générateurs à plein régime. »
Nicolas SERVEL