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Portrait : Antoine BUS, pilote maritime à La Réunion

Les orientations de mi-carrières sont très diverses pour les officiers de la marine marchande, et nous avons choisi aujourd’hui de vous parler d’une orientation qui fait souvent rêver les jeunes officiers : le pilotage maritime. Ce pilotage maritime est exercé dans tous LES ports français mais nous avons choisi aujourd’hui de rencontrer les équipes du service de pilotage de LE Port à la Réunion. Nous rencontrons aujourd’hui Antoine BUS C1NM promo 2002 de Marseille qui va tout nous expliquer :

 

Jeune Marine : Bonjour Antoine, merci beaucoup pour nous accorder cet entretien exclusif, nous sommes ensemble pour parler de toi, de ton parcours, et de ton avenir. Déjà peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Antoine BUS : Bonjour,  je m’appelle Antoine BUS et je suis Pilote maritime à Port Réunion depuis 2017. Originaire de Cassis, petit village de Méditerranée bordé par la mer, j’ai toujours été passionné par la mer et animé par l’envie de devenir Commandant dans la marine marchande. Naviguer fut pour moi une évidence dès le plus jeune âge.

J’ai suivi une formation de C1 à l’ENSM de Marseille que j’ai intégrée sur concours l’année de mon Bac en 2002. S’en est suivi 15 ans de carrière de navigant comme officier jusqu’à ma reconversion comme Pilote maritime.

N’étant pas issu d’une famille de marins, j’ai découvert ce métier au fil de mes embarquements. 

J’ai très vite été attiré par les types de navigations qui offraient des escales régulières comme la croisière et le cabotage de navires pétroliers, chimiquiers, cimentiers. Ce sont des navigations rythmées, ponctuées de nombreuses manœuvres et permettant de découvrir.

© Pilotage Le PORT Réunion DR

Jeune Marine : Comment as-tu pensé au pilotage ? Et pourquoi as-tu choisi cette voie professionnelle ?

Antoine BUS : J’ai découvert le métier de Pilote maritime au cours de ma carrière de navigant, tout d’abord de loin car lorsqu’on est lieutenant on part sur les plages de manœuvre à l’arrivée du pilote à bord, puis par la suite comme Second Capitaine où on est présent en passerelle et on observe l’étroite collaboration entre le pilote et le Commandant.

Ayant eu la chance de pouvoir « manœuvrer » très tôt dans ma carrière j’ai su rapidement que j’avais un gout certain pour la manœuvre et j’attendais impatiemment l’escale suivante dans l’espoir que le Commandant me laisserait les commandes.

Puis je suis passé Commandant, moment qui marque une carrière car il n’y a plus personne au-dessus pour vous guider. Sauf…

Je me souviendrai toujours de ma première manœuvre d’entrée comme Commandant, c’était au port de Marseille-Fos, nous étions en attente sur rade et il y avait un mistral avoisinant les 110 km/h en rafales. Cette manœuvre je l’avais déjà faite des dizaines de fois mais comme Commandant, et avec ce vent, jamais !

C’était la panique à bord ! Puis le pilote s’est présenté, je lui ai exposé la situation sans filtre et il me répondit avec un brin d’humour : « Ne vous inquiétez pas les vieux pilotes forment les jeunes commandants et les vieux commandants forment les jeunes pilotes »

Ces paroles furent un élément déclencheur dans mon envie de devenir pilote, d’une situation que je décrivais comme chaotique, le pilote avait réussi à la « dédiaboliser » par son calme et son expérience, et tout se déroula sans aucunes difficultés.

Par la suite j’ai pu continuer à collaborer avec bon nombre de pilotes en France ce qui n’a fait que conforter l’envie de devenir pilote à mon tour.

© Pilotage Le PORT Réunion DR

Jeune Marine : Dans la carrière d’officier il ne suffit pas de décider qu’on sera pilote, il faut avoir un certain nombre de mois de navigation, il faut qu’il y ait un concours au moment où on a moins de 35 ans et surtout une station qui corresponde à ses envies ? Quelle a été TON expérience ?

Antoine BUS : Devenir pilote n’est pas chose facile, c’est un parcours long qui nécessite de la détermination

La détermination il en faut, car présenter un concours demande un gros investissement, mais il met également votre entourage à contribution.

Le contexte a aussi son importance comme les bonnes rencontres qui vous guident dans la préparation de cette épreuve si exceptionnelle, mais on ne maîtrise pas l’ouverture d’un concours.

Lorsqu’on entame une carrière maritime et surtout au long cours il y a une question qui revient souvent c’est celle de la reconversion. La vie de marin étant une vie très riche mais aussi très singulière.

J’ai abordé la question d’une éventuelle reconversion en appliquant un conseil simple de mon père qui était de toujours se garder un maximum de portes ouvertes et, même si l’envie de devenir pilote m’est venue tardivement, je savais qu’il fallait beaucoup naviguer pour prétendre au concours. Donc, j’ai navigué…

En suite se sont posées deux questions : la première est celle des temps de navigation requis et du temps restant avant  35 ans pour préparer un concours,  la deuxième : y-aurait-il un concours dans cette période ?

J’ai eu mes temps de navigation à 33 ans et demi, ce qui reste tout de même assez tard pour avoir un maximum d’opportunités :je n’aurais pas eu le temps de présenter un deuxième concours en cas d’échec.

Dans ce créneau il y avait deux concours déclarés, Dunkerque et La Réunion.

J’ai appris l’ouverture d’un concours à La Réunion quasiment en direct alors que j’étais embarqué. J’avais sept mois pour être prêt, ce qui laissait peu de temps pour se décider. Avec ma compagne nous avons donc pris des billets direction la Réunion pour se présenter à la station  de pilotage et voir si nous pouvions vivre là-bas.

Dix jours plus tard je démissionnai et nous commencions l’aventure du pilotage maritime.

© Pilotage Le PORT Réunion DR

Jeune Marine : Bien installé à Cassis, tu as donc fait le choix de l’insularité, le concours n’est donc pas réservé aux locaux ? 

Antoine BUS : C’est un concours ouvert à tous, comme tous les concours en Métropole. Actuellement à La Réunion il n’y a qu’un seul pilote sur 4 originaire de La Réunion.                                                                                       

La Réunion est une île assez distante géographiquement de la Métropole mais il y a peu de décalage horaire et une facilité de transport qui l’en rapproche.

 

Jeune Marine : Ce choix de l’insularité quand on est métropolitain peut être excitant au début et peut-être plus monotone dans le temps ; est-ce également ton sentiment ?

Antoine BUS : L’insularité peut être vécue comme un handicap mais La Réunion reste un territoire ouvert par son vivre ensemble et des possibilités de voyage.                             

© Pilotage Le PORT Réunion DR

Jeune Marine : Le pilotage dans les grandes stations des GPM est souvent verrouillé aux moins de 35 ans avec 72 mois de navigation. Vous avez, je crois, un concours cette année, comme nous l’avions indiqué dans notre planning des concours publié l’an passé ( https://jeunemarine.fr/2022/02/concours-de-pilotage-toutes-les-previsions-station-par-station-pour-les-5-prochaines-annees/ ). En est-il de même pour le concours à venir ?

Antoine BUS : Les conditions du concours à La Réunion étaient fixées à 36 ans, et suite à modification du règlement local, l’âge est maintenant de 38 ans pour 66 mois de navigation (depuis cette année), ce n’est pas une habitude de modifier ces conditions d’accès mais une manière de s’adapter au contexte et se rendre plus attractif.

La principale raison qui impose ce choix d’assouplissement, fait par plusieurs stations, s’explique par le fait que les navigants ont plus de difficultés à effectuer la navigation requise avant 35 ans ; de plus, il va y avoir un important besoin en pilotes dans les années à venir.

Ce règlement sera appliqué pour le prochain concours.

 

Jeune Marine : Donc, si je comprends bien, le concours initialement prévu en 2022, que vous avez décalé en 2023, se tiendra bien au second semestre ? Comment peut-on manifester son intérêt à postuler et avoir la chance de pouvoir vous rejoindre dans cet endroit paradisiaque ?

Antoine BUS : Je confirme ! Notre concours pour le 10 octobre 2023, le concours reste ouvert à toute personne réunissant les conditions requises pour la présentation. Il ne faut surtout pas hésiter à nous contacter ou à venir nous rencontrer sur place.

Vous souhaitez en savoir plus ? Vous pouvez contacter directement Antoine BUS ou le Président de la station par mail sur president@sppmr.re

Vous souhaitez en savoir sur le métier en général et actualiser les prévisions de concours nationaux, vous pouvez contacter André GAILLARD à la FFPM en cliquant sur leur lien.

 

La rédaction de Jeune Marine

 

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