L’année suivant sa nomination au poste de Directeur Général de l’ENSM, François Lambert annonce une nouvelle vague. Au-delà du symbole, le nécessaire renouveau de notre école multiséculaire est en marche. Mais dans quelle direction ?
Nouveau cap
Le nouveau logo de l’ENSM dévoilé lors des Assises de la Mer 2023 à Nantes sera sans doute considéré par certains comme un simple ajout sans importance. Pourtant, il annonce la couleur : une vague d’étrave, assumant à la fois les plus de 450 ans de sillage de l’Hydro, mais aussi le cap pris de manière volontaire et ambitieuse. Car le coup de barre, décisif, doit être mené de manière ferme et sans à-coups sur un navire aussi imposant que l’ENSM. C’est la condition qui lui permettra de fendre les flots avec vigueur.
Le nouveau Contrat d’Objectifs et de Performances vient d’être signé avec le Secrétariat d’Etat à la Mer auprès du Première Ministre, et l’école n’est déjà plus seulement une école qui forme les officiers de marine marchande.
Des ingénieurs en génie maritime y sont préparés pour renforcer l’écosystème maritime en tant que sédentaires, dans des entreprises technologiques, des chantiers ou des cabinets d’études alors que les règlementations environnementales préparent l’avènement d’un transport maritime durable d’ici 27ans – soit demain -.
La formation continue permet d’accompagner compagnies et collaborateurs tout au long de leur carrière, renforçant la présence de l’école dans le panorama maritime quotidien. Cela permet également d’investir dans des équipements de pointe et de valoriser les lieux historiques en mutualisant les moyens disponibles. Dans un milieu aussi évolutif que le maritime, le choix de consacrer des efforts sur cet axe doit être salué.
La Fondation a été créée, comme outil de rayonnement de l’école auprès des jeunes publics. Faire naître et transformer des passions en objectifs professionnels est essentiel pour garantir la qualité et la motivation de nos futurs collègues. La Fondation agit également à des fins de promotion sociale via des bourses, de promotion de la recherche pour l’environnement, de la diversité et du modèle de l’Hydro à l’international.
Ce dynamisme ne se fait pas au détriment de la formation des officiers polyvalents ou monovalents, puisque le référentiel de formation est régulièrement mis à jour pour correspondre aux besoins du secteur, dépassant comme à son habitude les exigences de la convention STCW. Ainsi un nouveau simulateur gaz a été dévoilé sur le site de Marseille, en partenariat avec Gazocean qui accueille de nouveaux navires en gestion. Rappelons que Knutsen France connaît également une croissance de sa flotte que le maritime n’avait pas connue depuis les années fastes des navires de service à l’offshore pétrolier.
Et le Président de la République persiste et signe : ce sera bien le double de diplômés qui sortiront de l’école en 2027, soit 446 forces vives. Une montée en puissance à accompagner au niveau des services de l’ENSM, de sa logistique et de son prestige.
Alors bien sûr, l’Hydro était autrefois une grande école. Le temps passe et par définition, elle est aujourd’hui différente : une grande école en phase avec son temps. Une école inscrite dans un écosystème et ouverte sur l’extérieur.
Prise de hauteur
Car ce grand plan du renouveau de la culture maritime est mené dans un cadre plus large que le périmètre de l’école. Et c’est bien de la hauteur que cette nouvelle image de vague vue du ciel nous invite à prendre.
Ainsi, le budget de la Marine Nationale s’emballe pour dépasser les 50 milliards d’euros (2023). Le député Yannick Chenevard a rendu dans le même temps son rapport sur la flotte stratégique, incluant des propositions de nombreuses passerelles entre les marines.
La Fondation et la Direction Générale de l‘ENSM effectuent des rapprochements à l’international, notamment en Afrique de l’Ouest, et avec les professionnels de la formation maritime dans les DOM-TOM.
Les Apéritifs de la mer s’exportent au-delà des frontières françaises, en commençant par Madagascar et Genève pour lier les professionnels de la mer de toute la francophonie.
L’association des anciens élèves, Hydros Alumni, fait évoluer son conseil d’administration et son modèle de partenariats pour fédérer sa communauté. Comme un symbole, elle est présidée par un cadre de la blue tech.
D’ailleurs, les technologies maritimes françaises s’exportent avec succès à l’international. Des multinationales comme GTT trustent l’écrasante majorité des parts de leur marché. Des entreprises de taille moyenne comme Opsealog confirment leur avance technologique et donc leur indépendance sur un marché de l’algorithmie maritime massivement investi par les sociétés de classification étrangères. Les startups françaises de la propulsion vélique forment un pool unique au monde, favorisant l’émergence du cercle vertueux de l’innovation accélérée et de la mise sur le marché fiabilisée.
En parallèle de ce marché dynamique, l’appui politique est bien présent pour cette évolution du maritime – souveraineté énergétique, logistique, scientifique, défense, communication – si l’on en juge l’affluence d’élus et de représentants de l’État aux Assises de la Mer 2023.
Il semble donc passé le temps de l’entre-soi de la “marmar”. L’humilité impose d’accueillir positivement la place de maillon qui revient à l’école et à ses élèves, futurs diplômés. Une mission à accepter, en tâchant de conserver l’héritage et les traditions bien spécifiques qui ont lié des générations de diplômés.
La sagesse de nos aïeux nous apprend qu’il vaut mieux allumer une chandelle plutôt que de maudire l’obscurité. C’est finalement un phare qui brille, alors que nous joignons le feu de notre passion pour la mer et ses métiers.
Colomban MONNIER
Retrouver les institutions en ligne :
La Fondation : https://www.supmaritime.fr/fondation-ensm/
Apéritifs de la mer : https://aperitifsdelamer.com/
Hydros Alumni : https://hydros-alumni.org/fr/
