Les formations à l’ENSM ont fortement évolué ces dix dernières années, proposant notamment un diplôme d’ingénieur avec plusieurs spécialités. Orientation nécessaire voire obligatoire pour les uns ou inutile pour les autres, qu’en est-il réellement sur le terrain de l’employabilité et de la complémentarité des métiers de navigants ? Nous avons eu l’occasion d’échanger avec une toute jeune diplômée de l’ENSM de Nantes, Manon PAYET, qui nous explique son parcours, ses motivations et surtout le bel avenir qui s’ouvre à elle.
Manon PAYET
Son parcours :
- 2 années de Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles, spécialité Physique Technologie (CPGE PTSI-PT) au lycée Lislet Geoffroy à l’île de La Réunion.
- Master Génie Maritime Spécialité Eco-Gestion des Navires à l’ENSM Nantes.
- Stage de fin d’études au sein de la Compagnie Maritime Nantaise au sein du Service Technique.
Jeune Marine : Bonjour Manon, tu es en train de finir ta formation d’ingénieure en Eco-Gestion des Navires peux-tu nous expliquer ton parcours et tes motivations à intégrer l’ENSM plutôt qu’une école d’ingénieurs « classique » ?
Manon PAYET : Après mon baccalauréat, j’ai décidé de m’orienter vers des études d’ingénierie, j’ai donc intégré une classe préparatoire aux grandes écoles à la Réunion et j’ai voulu me spécialiser dans la physique et la technologie parce que cela me permettait de voir les choses d’une façon plus concrète. Ensuite, au moment de passer les concours, il a fallu que je choisisse les écoles pour lesquelles je voulais candidater. C’était la première année où l’ENSM figurait dans la liste des écoles de la Banque PT (Physique Technologie) et par curiosité, j’ai voulu tester. Ce n’était pas une évidence en premier lieu car je ne connaissais rien au monde de la mer. Mais ensuite, je me suis rendue compte que la formation en Eco-Gestion des Navires proposée par l’ENSM correspondait bien à ce que je voulais faire comme études et donc je me suis lancée dans l’aventure. Ce qui m’a particulièrement intéressée dans cette formation c’est que l’ENSM proposait une formation novatrice qui touchait le transport maritime et l’environnement.
Jeune Marine : La formation est dispensée sur deux orientations, l’éco-gestion des navires et le déploiement et la maintenance des systèmes offshore, tu as choisi l’éco-gestion des navires mais en quoi consiste l’éco-gestion des navires ?
Manon PAYET : La formation en Eco-Gestion des Navires permet de sensibiliser les ingénieurs sur l’optimisation des performances des navires tant sur leur conception, leur construction, leur exploitation que sur leur déconstruction. Il est intéressant de voir que nous entrons dans une ère où de nombreuses technologies sont développées pour le transport maritime, notamment au niveau de la propulsion des navires. Nous suivons donc des cours sur la réglementation des navires, sur les différents types de rejets d’un navire et sur les systèmes permettant de les réduire, les compenser ou les éliminer. Bien que nous ne sommes pas voués à naviguer, nous suivons également des cours d’éco-conduite des navires sur des simulateurs machine et passerelle. Cela nous permet d’avoir un esprit critique même si nous ne sommes pas navigants.
Jeune Marine : Nous avons assisté il y a quelques semaines à la labellisation Green Marine Europe des lauréats 2021, peux-tu nous expliquer ce label et ce qu’il apporte aux armateurs mais également aux navigants ?
Manon PAYET : Le label Green Marine Europe est un label environnemental qui a été créé par l’Alliance verte aux Etats-Unis en 2007. En 2020, l’association Surfrider Foundation a permis au label de toucher les armateurs européens et notamment français.
Il s’agit d’un label environnemental qui fait état de l’impact écologique des compagnies certifiées. Il permet aux armateurs volontaires d’évaluer leur performance environnementale et propose des solutions d’améliorations pour les accompagner dans une démarche de développement durable de leur flotte. Ce label propose d’aller au-delà de la réglementation, montrant ainsi la volonté des armateurs à aller plus loin dans leur démarche environnementale. Il fait référence aux bonnes pratiques de la compagnie et donc aussi des bonnes pratiques à bord. Ainsi cela incite un échange plus approfondi entre l’armateur et le bord sur la gestion des navires et les processus à mettre en place pour réduire l’impact écologique de la flotte.
Jeune Marine : Tu viens de vivre cette labellisation de l’intérieur ayant préparé et contribué à la labellisation de la Compagnie Maritime Nantaise, la formation dispensée à l’ENSM a-t-elle été un plus comparativement à une école d’ingénieurs généralistes ?
Manon PAYET : Bien sûr ! La formation dispensée par l’ENSM m’a permise d’avoir toutes les bases pour mieux comprendre et appréhender les objectifs du label. Que ce soit au niveau de la réglementation, du fonctionnement global d’un navire jusqu’à la maitrise des outils de suivi de performance et de maintenance, j’ai pu rapidement me repérer et m’appliquer pour ce projet.
De plus, le label se base sur 8 critères axés sur les rejets atmosphériques, les espèces aquatiques envahissantes, les rejets huileux, la gestion des ordures, la pollution sonore et le recyclage des navires. Or, tous ces critères figuraient dans la formation dispensée par l’ENSM avant même que le label n’arrive en Europe.
Jeune Marine : L’ENSM aura donc été visionnaire en créant un diplôme avant même qu’on en ait besoin : le pari était osé ?
Manon PAYET : Je dirais plutôt que l’ENSM a pressenti le besoin. En effet, de plus en plus, le transport maritime est face à des réglementations poussant armateurs, chantiers et ports à dépasser leurs performances actuelles. L’ENSM propose ici une formation permettant aux futurs ingénieurs d’anticiper les nouveaux défis du transport maritime et de répondre au mieux aux besoins des acteurs du monde de la mer.
Jeune Marine : Ton stage de 6 mois terminé tu deviens diplômée Ingénieure maritime EGN-DMO, quelle est la suite pour toi ?
Manon PAYET : Durant ma formation, j’ai développé un intérêt particulier pour l’optimisation des performances environnementales des navires. Puis, mon stage de 6 mois au sein de la Compagnie Maritime Nantaise m’a permis de mettre cela en pratique et j’ai la chance aujourd’hui d’intégrer cette même compagnie en tant qu’ingénieure en Transition Energétique pour l’accompagner dans ce processus de développement durable de ses navires.
Puis j’espère plus tard me spécialiser dans le cycle de vie des navires et intégrer un chantier de déconstruction, et peut-être qu’un jour j’aurai la chance de ramener toutes mes compétences et mon expérience sur mon île pour contribuer au développement économique et maritime de la Réunion.
Jeune Marine : Merci Manon, c’est tout ce que nous te souhaitons et je crois que le secteur n’est pas prêt de s’arrêter d’embaucher ! Félicitations et certainement à bientôt dans nos pages !
Propos recueillis par Aymeric AVISSE