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Au Rad’Lô : interview exclusive de son Président Elouan DEBRAY

Par Victor PHILLIPPS

Vous souvenez-vous de la première expérience de naufragés volontaires organisée par des élèves de l’ENSM en 2017 à Marseille ? L’association Au Rad’lo se remet au travail avec une toute nouvelle équipe présidée par Elouan DEBRAY de la promo 2019. Cette très belle équipe nous a fait le plaisir de nous organiser et réaliser l’interview d’Elouan afin de nous présenter ce défi 2022. Jeune Marine sera évidemment là d’ici le mois de mai pour vous faire vivre toute l’organisation, l’avancement et vous préparer à l’évènement. Nous remercions tout spécialement Victor PHILLIPPS pour son interview et ce montage.

© Au Rad’lo

Victor PHILLIPPS : Bonjour Elouan, aujourd’hui nous allons parler de l’association Au Rad’lo et découvrir plus en détails le projet. Peux-tu déjà nous présenter le projet ?

Elouan DEBRAY : Au Rad’lo est une association créée en 2016, avec pour but d’améliorer la survie en mer. L’association a déjà organisé une expérimentation en 2017 avec un radeau de 16 places dans lequel 12 naufragés avaient pris place. L’expérience a mis en avant les limites et contraintes du radeau et en 2022 nous ambitionnons de pousser l’expérience encore plus loin avec une embarcation rigide de 20 places et un radeau de 25 places pour un nombre total de 30 naufragés volontaires, ce qui nous permettra d’embarquer des passagers non-marins.

Victor PHILLIPPS : quels sont les profils des différents naufragés ?

Elouan DEBRAY : nous souhaitons des naufragés aux profils les plus divers possibles pour représenter la population croisée sur un navire de croisière : pour cela nous avons besoin de profils qui ne connaissent pas grand-chose aux notions de sécurité en mer, mais aussi nous étudiants des ENSM, des pompiers et des psychologues dont la sécurité en mer est leur métier.

Victor PHILLIPPS : Quelles sont vos attentes suite à la dernière expérimentation ?

Elouan DEBRAY : Les résultats de la première expérience ont mis en lumière que les radeaux résistaient parfois plutôt mal au mauvais temps, car la première nuit une grande arrivée d’eau a ouvert la tente et donc inondé le radeau et que les sols isolants n’étaient pas présents : les personnes qui dormaient à ces endroits ont donc eu plutôt froid la nuit.

Victor PHILLIPPS : pourquoi t’es tu engagé dans l’aventure en même temps que nous en 2021 ?

Elouan DEBRAY : Je me suis engagé en 2021 dans cette association car j’ai toujours eu un attrait dans la survie en mer et les caractéristiques de la sécurité en mer et les équipements ; finalement c’est cette association qui permet de pousser ce goût pour la sécurité en mer le plus loin.

Victor PHILLIPPS : As-tu également rejoint l’association pour participer à l’expérience ?

Elouan DEBRAY : Oui comme tout le monde ! Je pense que nous sommes tous un peu fous pour conduire cette expérience, on ne réalise pas encore ce que l’on va subir pendant 5 jours, on le fera certainement après !

Victor PHILLIPPS : As-tu des appréhensions vis-à-vis de l’expérience ?

Elouan DEBRAY : Oui j’en ai…. J’en ai deux déjà, en tant que Président et en tant que participant : en tant que participant c’est déjà la peur du mal de mer, se demander comment nous allons faire nos plus simples besoins, comment on va interagir avec les autres (on en connaîtra certains mais pas d’autres), savoir si ça peut casser des amitiés ; et en tant que Président l’appréhension de savoir que quelque chose se passe mal, que quelqu’un soit blessé, que l’expérience ne se passe pas : il y a une certaine responsabilité et il ne faut pas la minimiser.

 

© Au Rad’lo

Victor PHILLIPPS : Peux-tu nous parler des sponsors ?

Elouan DEBRAY : Nous avons beaucoup de sponsors et partenaires autour du bassin méditerranéen mais aussi ailleurs en France. Pour les principaux qui nous aident quotidiennement ce sont Servaux-Survitec côté matériel et le Bataillon de marins-pompiers de Marseille niveau sécurité. Servaux-Survitec est l’un des leader de la sécurité en mer, ils sont basés à l’Estaque au nord de Marseille et nous aident en nous fournissant une grande partie du matériel que nous allons utiliser pendant l’expérience ; quant au Bataillon de marins-pompiers de Marseille, il nous fournit l’autre partie du matériel, c’est-à-dire l’embarcation solide qui nous servira en même temps que le radeau dans l’expérience. Le Bataillon de marins-pompiers de Marseille mettra également à disposition un dispositif de sécurité avec deux marins-pompiers embarqués, des secouristes, des médecins, ainsi que le soutien de la vedette de la SNSM.

Pour les autres partenaires nous aurons le côté scientifique avec l’IRBA (Institut de Recherche Biomédicale des Armées) , le Centre Hospitalier de Saint-Nazaire avec la cellule d’aide psychologique en mer et allons avoir aussi l’école Camondo avec sa directrice des études Charlotte POUPON qui a fait un doctorat sur l’habitabilité en milieux extrêmes et qui va nous aider sur le confort à bord des radeaux.

 

© Au Rad’lo

Victor PHILLIPPS : au travers de cette expérience : comment tu le lierais au métier de marin ?

Elouan DEBRAY : en se projetant en tant que naufragé, on peut un tout petit peu ressentir ce qu’ont ressenti de réels naufragés, mais aussi sensibiliser aux détails d’entretien d’un radeau pour qu’en cas d’utilisation réelle ce soit plus convenable et plus confortable, car nous ne l’utiliserons pas tous les jours mais devons l’entretenir tous les jours pour s’assurer qu’il fonctionnera le jour où nous devrons le percuter.

Victor PHILLIPPS : penses-tu qu’en tant de bientôt jeune officier tu as déjà un peu d’avance par rapport aux profanes qui vont embarquer avec vous ?

Elouan DEBRAY : je pense que nous sommes tous à égalité sur la préparation mentale de l’expérience, même si notre équipe travaille plus la préparation de la réalisation, mais mentalement nous seront égaux. Après, sur les techniques de survie nous serons un peu avantagés, sachant déjà comment un radeau se gonfle, ce qu’il contient, on sait déjà comment ça marche (idem pour l’embarcation rigide), mais psychologiquement ce sera pareil.

Victor PHILLIPPS : peux-tu nous expliquer comment va se dérouler l’expérience en mer ?

Elouan DEBRAY : l’expérience se déroulera du 2 au 8 mai 2022, nous aurons des mesures pré-expérience le lundi 2 mai qui vont servir de base aux scientifiques pour notre physiologie (mesures sensorielles, d’équilibre) et psychologie. Nous embarquerons le mardi 3 mai sur le radeau et l’embarcation rigide pour une durée de 5 jours pendant lesquels nous serons suivis avec des possibilités d’évacuation si un naufragé se sent trop mal, et l’expérience arrivera à son terme le samedi 7 mai dans l’après-midi pour des mesures immédiates et ensuite de nouveau des mesures à J+1 le dimanche 8 mai.

Victor PHILLIPPS : les naufragés sont-ils libres de cesser l’expérience quand ils le souhaitent ?

Elouan DEBRAY : évidemment ils sont libres de tout arrêter quand ils le souhaitent mais ça ne fait pas partie du but de l’expérience ;  nous allons les inciter à rester jusqu’au bout, pour aussi essayer de respecter un isolement le plus strict sur le radeau comme si nous étions en pleine mer et éviter qu’un sauveteur ne vienne toutes les demi-journées et donc pour respecter ces règles il nous faut éviter les évacuations…. Aussi nous allons essayer de respecter notre convention et n’évacuerons que les cas graves, les paniques ou les états de santé non compatibles avec la poursuite de l’expérience.

Victor PHILLIPPS : Enormément de données seront récoltées lors de cette expérience : quelle sera la suite ?

Elouan DEBRAY : toutes ces données vont servir aux constructeurs et scientifiques pour la conception et l’analyse et pour Au Rad’lo ce sera peut-être d’organiser des expériences plus grandes, plus loin et plus longtemps, on se sait pas encore ce seront nos successeurs qui décideront !

Victor PHILLIPPS : l’expérience 2022 ne sera donc pas la dernière ?

Elouan DEBRAY : je l’espère et souhaite que ces expériences soient reconduites pour la recherche et le développement de la sécurité en mer.

De gauche à droite : Lou NAVARRO, Isaac GOBLET, Athénaïs MABECQUE, Elouan DEBRAY, Lauris CONTESTABLE, Jeanne CANTIN, Gwennolé VENEAU, Julie THIRY, Victor PHILLIPPS, Aliénor RAMBEAU © Au Rad’lo

 

Pour les contacter :

Mail : projetsurvie@supmaritime.fr

Facebook : Au rad l’ô 

Instagram : au-rad-lo

LinkedIn : Au Rad’lô

 

 

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