ArmementsConnaissez-vous vraiment les armements français ?InterviewJeune Marine N°262

MARFRET / MARSEILLE FRET

Connaissez-vous vraiment les armements français ?

Nous rencontrons aujourd’hui Charles GAUTHIER pour initier une toute nouvelle rubrique dans Jeune Marine « Connaissez-vous vraiment les armements français ? ».

Cette nouvelle rubrique a pour but de mettre en avant les atouts des armements qui pourraient au final mieux convenir à certains qu’à d’autres. Prêts à faire le bon choix ? Embarquez dans ce premier volet de notre nouvelle rubrique !

2021 nous a conduits à réfléchir sérieusement sur la pertinence du cabotage national et international jusqu’à la tenue de notre conférence sur ce sujet. Vos retours sont de plus en plus nombreux et nous vous ferons découvrir prochainement, après Charles FURIC et Richard MERMIN, encore un nouvel armement qui s’est créé démontrant une nouvelle fois votre formidable esprit d’entreprise et votre positionnement en marge du dictat de la démesure. Etes-vous totalement fous ? Etes-vous totalement en phase avec les temps à venir ? Certains ne se posent même pas la question tellement la réponse est simple : nous recevons donc aujourd’hui Charles GAUTHIER qui va nous expliquer ses choix et les perspectives d’une carrière au long cours sur des navires à taille humaine.

 

Aymeric AVISSE : Bonjour Charles, tu es entré à l’école en 1997 en formation C1NM, tu en es sorti en 2004 pour rejoindre MARFRET / MARSEILLE FRET (shipmanager)   compagnie dans laquelle tu es passé par tous les postes d’officiers pour occuper aujourd’hui le poste de Directeur de la flotte, un armement resté à « taille humaine » alors que les autres se sont réunis, rachetés et devenus des géants du commerce maritime : peux-tu nous expliquer votre modèle (ligne desservies, type de navigation, etc…) ?

Charles GAUTHIER

Charles GAUTHIER : Notre groupe est constitué de deux entités principales : Marseille Fret, qui assure le shipmanagment des navires, et Marfret qui opère des lignes régulières dans 5 grandes zones géographiques : Méditerranée, Europe du Nord, Atlantique Nord, Pacifique Sud, Caraïbe.

Marseille Fret assure la gestion de 7 navires dont 3 sous pavillon français – le Douce France, le Marfret Guyane et le Marfret Marajo – et 4 sous pavillon Luxembourg – le Marfret Niolon, le Marin, le Durande et le Saumaty

Tous nos navires sont à taille humaine et exploités principalement sur des lignes régulières de navigation au long cours. Nos porte-containers, gréés, ont des capacités entre 500 et 2200 evp et nos deux rouliers font, chacun, 1200 mètres linéaires. Leur design répond parfaitement aux besoins de nos services et aux spécificités des ports que nous desservons. Nous exploitons en effet la majorité de nos navires sur nos propres lignes : notre stratégie, qui a consisté à opérer des navires en propriété plutôt que d’avoir recours à l’affrètement, est un véritable atout dans le contexte actuel de hausse spectaculaire sur le marché de l’affrètement. Cela nous permet ainsi de rester compétitifs. Nous avons l’ADN des PME, nous exploitons nos navires en « bon père de famille », en attachant de l’importance à l’outil navire.

Evitage du DOUCE FRANCE dans Port 2000 au Havre © AA DR

Aymeric AVISSE : pour ma part, j’ai effectué mes premiers embarquements d’officier sur des navires de cette taille « humaine », j’en garde un très bon souvenir en dépit de conditions moins confortables que certaines navigations sur des navires plus grands ou avec des passagers et cette expérience a été une formidable opportunité de mieux percevoir la globalité du métier mais également de progresser plus rapidement dans les fonctions, tu nous confirmes que cette réalité passée est d’actualité ?

Charles GAUTHIER : Etre salarié d’une petite structure m’a permis de prendre des responsabilités jeune, que ce soit sur les navires ou dans les bureaux. Dans une PME, il y a plus d’échanges entre les interlocuteurs, les navigants visitent le siège régulièrement, les sédentaires visitent les navires durant les escales clefs. La Direction visite les navires et reçoit les navigants, je pense que c’est moins anonyme que dans les grands groupes

Lors de mes navigations, et principalement dans la fonction de Commandant, je n’ai jamais senti de pression excessive, je me suis senti maître de la décision finale. Conscient des enjeux commerciaux, le Commandant a aussi des responsabilités et se doit de conduire l’expédition maritime sans prendre de risque pour l’équipage.

Choisir ses routes, adapter ses allures, maîtriser le plan de chargement, ne pas subir de pression financière m’ont permis d’apprécier ma navigation …. C’est toujours le cas chez Marseille Fret, l’Armement est au service du navire, et non l’inverse. 

 

Aymeric AVISSE : Aujourd’hui tous les armements recherchent des officiers, soit par le départ naturel qu’on a toujours connu soit, nouvellement, par un dégoût de la profession mais aussi par un désir d’entreprenariat souvent vers le cabotage : penses-tu que MARFRET/Marseille Fret peut être une redécouverte  du métier en proposant un autre esprit de navigation ? Ou serait possiblement un tremplin pour l’entreprenariat ?

Charles GAUTHIER : Marseille Fret offre une navigation moins stressante, sur des lignes commerciales plus calmes, avec un rythme entre cabotage et long cours. Nos zones d’exploitation offrent quelques escales longues ( 2/3 jours ) où mettre le pied à terre, avant le COVID, était aisé. Nous n’exploitons que peu de navires, nous nous connaissons tous assez bien, L’ambiance à bord est bonne. Depuis mars 2020, c’est plus compliqué, mais nous avons réussi à assurer l’ensemble des relèves. Ne pas être engagés sur l’Asie nous a aidés dans les périodes dures de la pandémie.

 

Aymeric AVISSE : Armement à « taille humaine » implique souvent des solutions à taille humaine, et pour votre transition écologique vous venez de mettre en service à l’essai sur le MARFRET NIOLON un système d’assistance vélique très simple et facilement interchangeable : peux-tu nous expliquer le fonctionnement de votre système ?

Charles GAUTHIER : Conscient de la transition énergétique en cours et de l’enjeu pour les années à venir, Marfret souhaite développer sur ses rouliers la technologie turbovoile de la société hollandaise eConowind.

https://www.econowind.nl/index.php/econowind-unit/

Nous avons installé sur le Marfret Niolon quatre turbovoiles eConowind depuis fin janvier 2022. Les turbovoiles sont logées dans des containers 40 pieds, par deux, et le chef de quart décide, depuis la passerelle, de hisser les voiles de manière automatisée en fonction des conditions météorologiques.

Avec le support du Luxembourg et de la Classe, nous avons homologué l’usage de deux containers, pour les douze prochains mois. Nous sommes donc entrés dans une phase de test, qui, je l’espère, donnera raison à un développement de ce modèle.

 

Aymeric AVISSE : Tout ceci nous oriente vraiment vers un métier d’officier embarqué qui gère son navire mais qui participe activement à l’élaboration de nouvelles solutions pour agir sur sa consommation et son empreinte : est-ce enfin l’heure de redécouvrir les vertus du cabotage tant au niveau métier qu’en solution de bon sens vertueux pour nos échanges maritimes ?

Charles GAUTHIER : L’impact des réglementations à venir risque de déséquilibrer les échanges internationaux, l’empreinte Carbone du transport maritime va être surveillée ; en l’attente de nouvelles technologies, il va falloir contrôler sa consommation et sa vitesse. Le cabotage devrait trouver sa place et les ports secondaires se développer.

Aymeric AVISSE : A nouvelle rubrique, nouvelles questions ! Les salaires sont une chose mais les rythmes, les navigations et surtout le bien-être au travail sont aujourd’hui des points essentiels lors du choix : aussi j’aimerais te soumettre à ces 5 questions, y répondre brièvement et simplement pour faire le point de ce que vous pouvez proposer aux nouveaux candidats.

 

Voici les 5 points à retenir chez MARFRET :

1. Quel est le point fort de MARFRET pour un nouvel embauché ?

CG : L’atout est principalement lié à l’exploitation de nos navires, que ce soit dans leur taille humaine ou que ce soit dans leurs zones géographiques.

2. Quels sont les postes à pourvoir immédiatement et à 6 mois ?

CG : Nous avons des besoins immédiats de lieutenant et de second capitaine.

3. Quelles sont les perspectives de promotion à 2 et 5 ans ?

CG : Tout va dépendre de nos aptitudes à intégrer de nouveaux lieutenants/seconds capitaines. Nous ne pourrons développer le pavillon français au Registre International Français (RIF) qu’à condition de pouvoir recruter du personnel français. Le marché de l’emploi ne joue pas en notre faveur, le déséquilibre existe, mais nous n’offrons pas la même navigation. 

4. Quels sont les rythmes d’embarquement ? Ports d’embarquement et débarquement ?

CG : Nous faisons du long cours avec des durées d’embarquement de 75/90 jours, les relèves se font majoritairement en Europe, sans quarantaine imposée. Nous savons adapter les plannings, pour que le marin reste en lien avec sa famille.

5. Y-a-t-il une évolution possible à terre ? Souhaitez-vous fidéliser les candidats ?

CG : Il y a des évolutions possibles à Terre, à l’Armement ou avec les lignes commerciales et/ou les agences. Nous sommes une PME donc nos offres sont moins nombreuses. 
 

Merci Charles d’avoir initié cette toute nouvelle rubrique de Jeune Marine, si vous souhaitez plus d’informations ou vous positionner n’hésitez pas à les contacter !

 

CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE

Nos abonnés lisent aussi...

Bouton retour en haut de la page