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Témoignage : Dans le piège de la Pandémie en Chine à bord du Président Wilson

Le quotidien d’un équipage américain consigné à bord d'un porte-conteneurs dans un chantier naval en Chine.

Dans une série de vidéos postées sur la chaine Youtube, Madeleine Wolczko, lieutenant navigation à bord du porte-conteneurs Président Wilson, exploité par APL, filiale du groupe français CMA-CGM, raconte le quotidien d’un équipage américain bloqué à bord pendant un arrêt technique à Shanghaï depuis le début du mois de février 2022.

Seule femme parmi les 30 membres d’équipage, Madeleine Wolczko a raconté, au journal Seattle Times, le quotidien des marins à bord dans un chantier de réparation navale, ne pouvant quitter le navire en raison du reconfinement de la région de Shanghaï par les autorités chinoises.

Les travaux programmés ont été stoppés, puis ont repris avec des équipes de terre dix fois moins nombreuses. Alors que les autorités ont levé les mesures de quarantaine pour la population, les équipages sont toujours consignés à bord. Madeleine et ses collègues attendent impatiemment le moment où ils pourront reprendre la mer.

«  On arrive à un point où il faut vraiment se détacher de la situation, sinon on tombe dans une spirale de dépression », a déclaré Mme Wolczko, lors d’un échange par téléphone le vendredi 3 juin, alors qu’elle faisait son jogging sur le tapis roulant branlant du navire.

Elle évacue sa frustration en faisant du kickboxing sur un sac de frappes dans la salle de sport. Mais ce sont les chocs psychologiques qui lui font le plus mal, les fausses rumeurs sur le transport aérien, les nombreuses dates de départ qui sont passées et repassées. Elle était censée en avoir fini son embarquement le 18 mars.

« Nous avons vraiment l’impression de recevoir des coups de matraque encore et encore, et pour l’instant, nous ne faisons qu’encaisser les coups » dit-elle.

Les vidéos de Wolczko sur la vie à bord du Président Wilson, dans une série qu’elle appelle « Restricted to Ship », méritent d’être vues. Dans l’épisode ci-dessous, posté le 2 juin, les membres de l’équipage parlent de leurs tâches quotidiennes, vont chercher des rations de légumes déposées par le gouvernement chinois, se coupent les cheveux les uns aux autres et passent un test PCR après l’autre. L’ambiance à bord, et l’importance du travail de l’équipage sont bien montrées.

L’équipage du President Wilson n’est pas le seul dans ce cas. Dans cet épisode, Madeleine Wolczko salue l’équipage du Stardust, un autre navire retenu dans le même chantier. Certains navires en réparation dans ce chantier naval n’ont pas encore vu d’équipes de travail, mettant en évidence les nombreux problèmes résultant de ce dernier épisode de la pandémie.

Il est assez courant que des navires et leurs équipages soient bloqués et parfois abandonnés en raison de la disparition de propriétaires, de conflits salariaux et de problèmes de gestion – suffisamment répandus pour que l’Organisation internationale du travail tienne une base de données des cas de marins abandonnés. L’abandon se produit officiellement lorsque les armateurs ne couvrent pas les frais de rapatriement des marins, ne versent pas leurs salaires ou se dérobent à leurs responsabilités en matière d’assistance aux marins pendant plus de deux mois. Au début de la pandémie, l’Organisation maritime internationale, a enregistré au moins 31 cas d’abandon entre janvier et août 2020.

La pandémie du COVID-19 a montré que le statut des gens de mer est rarement prioritaire malgré leur rôle essentiel dans le commerce mondial. La guerre en Ukraine nous rappelle également que les gens de mer ne sont pas une priorité lorsqu’il y a un conflit. Plus de 500 marins sont encore prisonniers avec leurs navires dans les ports ukrainiens, dans des conditions bien plus pénibles et précaires que celles vécues par l’équipage américain à Shanghaï. On pense également aux équipages des deux pétroliers grecs arraisonnés le 27 mai 2022 par les forces spéciales iraniennes, dans le Golfe Persique.

L’équipage du Président Wilson devrait bientôt voir le bout du tunnel. Le 7 juin, le navire a quitté le chantier pour un mouillage d’attente au large de Shanghaï. Il était temps , car Shanghai sera partiellement fermée ce week-end ( 11 et 12 juin) après la découverte de six nouveaux cas dans la plus grande ville de Chine, qui abrite le plus grand port à conteneurs du monde.

Président Wilson

277 mètres de long et de 65.792 tonnes, immatriculé à Wilmington DE, construit en 2002 d’une capacité de 5510 EVP.

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