Bonjour à tous, nous voici aujourd’hui à Marseille dans un nouveau volet de notre série « Connaissez-vous vraiment les armements français ? » pour vous présenter un armement emblématique : PONANT. Ils vont nous recevoir dans quelques instants pour nous expliquer quelles ont été les évolutions de la flotte, quelles sont également les évolutions à venir, et surtout que peuvent-ils vous proposer pour embarquer.
Aymeric AVISSE : Bonjour Thomas Mc CANDLESS, PONANT est dans le coeur des marins un armement très important et je suis très heureux d’être reçu aujourd’hui dans le fleet center.
Thomas Mc CANDLESS : Bonjour Aymeric, tout à fait nous nous trouvons ici dans le centre où nous gérons les opérations et déploiement de notre flotte d’aujourd’hui treize navires autour de la planète, avec des navigations très variées et exclusives.
Aymeric AVISSE : Tu nous reçois aujourd’hui pour nous parler de PONANT, de ce que vous pouvez offrir aux officiers, mais surtout pour nous actualiser un peu l’image que l’on peut avoir de PONANT. Historiquement PONANT est né d’un projet d’hydros avec Jean-Emmanuel SAUVEE et ses amis, qui ont décidé de créer une compagnie pour faire vivre le pavillon français, et pour cela ont fait construire le navire Ponant. Aujourd’hui qu’en est-il ?
Thomas Mc CANDLESS : Aujourd’hui nous avons une flotte de treize navires avec douze navires et un voilier, un objectif d’une construction neuve embarquant des technologies vertueuses et respectueuses de l’environnement pour une échéance à 2026, PONANT s’engageant à verdir sa flotte et à la renouveler. La flotte est à cet instant assez jeune composée du voilier PONANT construit en 1988 (NDLR : entièrement refitté en 2022) qui est d’ailleurs notre logo, PONANT a été fondé par des officiers de la Marine Marchande avec des valeurs humaines, familiales et maritimes françaises qui sont toujours bien présentes. Depuis PONANT a fait du chemin, est aujourd’hui contrôlé par un actionnaire français (breton) qui nous a soutenu pendant cette crise, et qui nous permet d’entrevoir de belles perspectives pour notre évolution.
Aymeric AVISSE : Tu nous a donc parlé de douze navires plus le voilier « historique ». Peux-tu nous détailler cette flotte ?
Thomas Mc CANDLESS : Nous avons quatre LBS de la série « Boréal » avec BOREAL, AUSTRAL, LYRIAL et SOLEAL, qui naviguent en zones polaires mais également en Méditerranée ou dans les Kimberley, et donc aptes aux croisières type « yachting » ou de l’expédition.
Aymeric AVISSE : il est important de noter que PONANT est positionné entre le yachting et la croisière.
Thomas McCANDLESS : Tout à fait, nos navires sont à dimensions humaines d’environ 130 à 150 mètres, maximum 200 passagers pour 115 à 200 membres d’équipages, permettant de naviguer dans des endroits exclusifs, reculés, d’aller là où les autres ne vont pas et de ne pas copier le mass-market de la croisière. Cela permet aussi d’offrir à nos équipages des navigations exclusives qui nous faisaient rêver quand on était plus jeunes en rentrant à l’hydro !
Aymeric AVISSE : En parlant des marins : combien en employez-vous et quelle proportion est française ?
Thomas Mc CANDLESS : Aujourd’hui nous employons environs 1800 marins, de 250 à 300 officiers à 90% de nationalité française, la volonté de l’armement est de conserver des états-majors français pour la fluidité de fonctionnement (même si PONANT s’internationalise), pour la marque du produit français et de meilleures communications bord/bord et bord/terre.
Aymeric AVISSE : Depuis les tout débuts de PONANT les navires ont invariablement arboré le pavillon français avec une petite spécificité : le registre Wallis et Futuna. Peux-tu nous expliquer ce que ce registre implique aujourd’hui pour les officiers ?
Thomas Mc CANDLESS : Le registre Wallis et Futuna reste effectivement sous pavillon français, c’est le registre spécialisé dans la croisière, qui nous permet les mêmes avantages que les autres registres (NDLR : 1er registre et registre international « RIF ») à savoir la possibilité de couverture ENIM, la possibilité de CDI, des salaires annualisés (contrairement à nos précédentes pratiques).
Aymeric AVISSE : Pour rappel, précédemment vous contractiez des officiers pour un « contrat » une mission, sans réel engagement de temps comme sous CDD ou CDI.
Thomas Mc CANDLESS : Tout à fait, nous avons dû revoir notre approche et notre modèle car nous avons besoin de fidéliser nos équipes et nos équipes ont besoin de visibilité sur leurs vies, leurs plannings, leurs engagements et tout simplement sur leur carrière ! C’est donc ce que nous proposons aujourd’hui dans le renouveau sociétal de l’armement PONANT afin d’attirer des marins qui ont envie de faire belles carrières et leur proposer des évolutions, la lisibilité sur leur planning à l’année, des rythmes d’embarquement dès le niveau lieutenant de 2 mois / 2 mois (c’est un grand changement opéré en 2022). Ceci est donc très récent et s’inscrit dans un plan baptisé PGE (Plan de Gestion des Equipages) qui est le pendant sociétal de la stratégie de notre nouveau Président Hervé GASTINEL, une stratégie « Explore to inspire » dans laquelle respect de l’environnement mais aussi des valeurs sociales sont très présentes. Nous avons donc mis en place cette stratégie de monter en attractivité par des revalorisations salariales sur des paliers annuels.
Aymeric AVISSE : En détail, commençons déjà par le nouveau rythme que vous proposez, le 2 mois / 2 mois avec fidélisation voire même un binôme ?
Thomas Mc CANDLESS : Exactement, 2 mois / 2 mois avec un binôme et nous laissons à ce binôme une certaine liberté dans la planification (validée par son chef de service et l’armement) afin de les laisser maîtres de leur planning et restons bienveillants pour le bien-être de ces équipes. Nous y trouvons également un intérêt avec la fidélisation et le management sur le navire qui va être meilleur, ou encore le suivi technique et l’implication à bord, avec en bonus leur progression interne. Nous restons évidemment à l’écoute des souhaits de chacun de nos marins, nous offrons une énorme diversité de navigations avec de l’exploration polaire, des croisières d’expéditions tropicales, en Polynésie, aux Kimberley, l’Arctique, l’Antarctique, mais aussi une diversité de compétences cadrées par la STCW.
Aymeric AVISSE : C’est un point très important à souligner, vos navires sont récents mais également modernes techniquement avec de l’hybridation électrique, de la propulsion GNL, ce qui nécessite des habilitations : comment les gérez-vous ? Embauchez-vous des officiers déjà formés ou faites-le vous vous-mêmes ?
Thomas Mc CANDLESS : En effet Le Commandant Charcot, dernier-né de notre belle flotte, est un navire de haute technicité, notre équipe de Recherche et Développement a travaillé sur ce projet pendant plus de 6 ans, nous avions identifié les postes qui nécessitaient ces formations spécifiques pour armer le navire avec son premier équipage; maintenant dans le recrutement nous essayons de trouver des équipages qui ont déjà ces compétences et nous formons également en interne pour nous permettre d’avoir des personnes un peu plus juniors sans ces qualifications et petit à petit sur la certification polaire, gaz, etc… nous les formons et les prenons en charge.
Aymeric AVISSE : Vous avez un nouveau navire qui va arriver vers 2026, sera-t-il également équipé de ces nouvelles technologies ?
Thomas Mc CANDLESS : Ce navire n’aura aucune empreinte carbone, avec certainement de nouvelles technologies; PONANT est moteur dans la transition, ce qui est très important pour nous mais aussi nos passagers et membres d’équipages qui sont à l’écoute de ces sujets d’actualité.
Aymeric AVISSE : PONANT vient d’annoncer la signature d’une « charte de bien-être au travail » : ce bien-être au travail est-il également moteur pour le bien-être des passagers ?
Thomas Mc CANDLESS : C’est évident et notre Président l’a bien compris, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour le convaincre, notre adage « Happy crew = Happy guest » rayonne et contribue à remplir nos navires, ce qui reste notre objectif ! Quand je dis remplir, on parle bien en terme de passagers mais également d’équipages en termes de joie, de leadership managérial français, dans ce rôle pédagogique envers nos élèves et jeunes officiers, mais aussi côté services avec l’Internet illimité (ou 2h par jour selon les zones de navigation) pour tous nos équipages, de pouvoir faire embarquer son conjoint pour qu’il puisse comprendre ce qu’il se passe à bord et percevoir aussi le produit, comprendre l’éloignement. Ce sont nos éléments mis en place pour attirer et fidéliser nos officiers.
Aymeric AVISSE : Pour résumer vous avez revu votre modèle pour favoriser la fidélisation et les contrats CDI sur des rotations de 2 mois ?
Thomas Mc CANDLESS : Exactement, nous avons l’avantage d’avoir des escales quotidiennes, on peut toujours s’organiser et nous souhaitons donner de la visibilité car d’une part, il est important pour nous de pouvoir piloter cette visibilité mais d’autre part cela contribue à l’équilibre vie à bord / vie personnelle.
Aymeric AVISSE : Vous embarquez également énormément d’élèves, vous recherchez plutôt des juniors, des personnes avec un expérience pour complémenter l’expertise du bord, en somme quel est le profil que vous recherchez ?
Thomas Mc CANDLESS : Pour chaque poste pont, machine ou polyvalent (les trois sont possibles) nous recherchons tout type de profil, nous avons embarqué l’an dernier 240 élèves au total soit 1/3 des élèves à l’ENSM, que nous avons même envoyés au Pôle Nord pour un exercice. Nous avons entre quatre et cinq élèves à bord de nos navires de tout profil et tout niveau, polyvalents, OCQPI, monovalent machine, tout est possible. Nous avons également un système de bourse pour les profils qu’on aura jugés de qualité et qui évidemment le souhaitent, ils peuvent bénéficier d’une bourse d’études pour financer leur dernière année et avoir une place garantie d’officier en sortie.
Aymeric AVISSE : Pour les postes intermédiaires de seconds ainsi que de commandants et chef mécaniciens : peu d’armements embauchent directement à ces postes. Comment cela est-il organisé chez vous ?
Thomas Mc CANDLESS : Chez nous la moyenne d’âge est assez basse du fait de notre flotte jeune : étant passé de 6 à 13 navires avant 2020 dans une période plus simple du point de vue recrutement, on a pu également promouvoir en interne de nombreux juniors, ce qui est une valeur importante chez PONANT, mais, pour autant, nous devons quand même faire appel à du recrutement externe. Nous avons identifié de très bons profils qui sont passés en entretien ici à l’armement et avons réussi à transformer et fidéliser ces nouveaux salariés qui semblent en retour être également très satisfaits puisque toujours là ! Pour vous donner un ordre d’idée la moyenne d’âge chez nos officiers chefs de quart est de 29 ans, chez nos seconds environ 35 ans, et chez nos commandants et chefs environ 45 ans. Nous favorisons la polyvalence même s’il y a une spécialisation naturelle qui peut s’instaurer avec le temps, mais ceux qui souhaitent des parcours polyvalents peuvent le faire et ceux qui souhaitent rejoindre un travail un peu plus sédentaire, que ce soit une mission de deux mois, deux ans ou toute une carrière peuvent également le faire. Nous offrons aussi grâce à cette professionnalisation avec une création de la Direction des opérations maritimes, un service SSE, un service technique et un service armement qui se professionnalisent, nous avons toujours besoin de marins au siège.
Aymeric AVISSE : C’est un point effectivement important : on a toujours trois lieutenants mais bien qu’un seul commandant ! Obligatoirement la question de l’évolution va se poser : est-ce que j’attends mon tour ou est-ce que je tente autre chose ? Mais PONANT a la réponse en proposant, soit temporairement soit en poste permanent, des reconversions au siège dans les différents services armement ?
Thomas Mc CANDLESS : Exactement, soit à l’armement, soit au technique, soit à la conception de navires neufs, ou encore sur les chantiers : pour Le Commandant Charcot des chefs y sont détachés depuis 6 ans, depuis le cahier des charge jusqu’à sa mise en service.
Aymeric AVISSE : Donc effectivement plus du tout le modèle originel au contrat mais sur une professionnalisation totale jusqu’à une carrière complète au sein de PONANT. Comment fait-on pour vous contacter ?
Thomas Mc CANDLESS : Pour nous contacter nous travaillons avec un partenaire historique, UMS basé à Wallis et Futuna, que vous pouvez contacter via LinkedIn, via leur site Internet dédié ou encore le site Internet PONANT.
Aymeric AVISSE : Merci beaucoup de nous avoir reçus, n’hésitez pas à les contacter !