Vous souvenez-vous de la brève publiée en juin sur la mission accomplie pour le voilier océanographique Blue Observer ? Nos équipes ont pu rencontrer Gwenal L’HELGOUALC’H qui nous fait le plaisir de nous expliquer ce projet et son avenir et ses besoins immédiats :
Jeune Marine : Bonjour Gwenal, nous vous avions suivi durant le premier semestre, peux-tu nous rappeler quel est le projet Blue Observer ?
Gwenal L’HELGOUALC’H : Blue Observer est une SAS à raison d’être, créée à Brest-même, en janvier 2021 autour du skipper Eric Defert. Nous avons racheté à Maud Fontenoy son voilier Taia, qui n’est autre que l’ancien voilier Adrien de VDH. Un plan Vaton construit en 2002 à la Rochelle qui détient toujours le record du tour du monde à l’envers en 122 jours.
Nous avons transformé ce voilier en navire océanographique et l’armons à présent pour des missions scientifiques. Nous le mettons à disposition de diverses entités comme la NOAA, le programme ARGO, le CNRS et la station biologique de Roscoff entre autres. Ce voilier rapide permet de mener à bien des missions auparavant effectuées par des navires classiques à propulsion thermique. Notre première campagne en 2021-2022 a été une réelle réussite. 95 flotteurs ARGO ont été déployés et de nombreux prélèvements d’échantillons aquatiques et aérosols ont été effectués lors de ce voyage.
Jeune Marine : Quelle est ton implication dans le projet ?
Gwenal L’HELGOUALC’H : En tant que marin de commerce (je navigue toujours à temps plein chez Ponant) j’apporte mon soutien à l’équipe sur la partie réglementaire mais aussi technique du navire. Lors des chantiers je suis également amené à entretenir les deux moteurs Volvo TAMD 32 ou à servir de matelot lors d’un convoyage !
Jeune Marine : Vous venez de lancer un appel à financement, peux-tu nous présenter le projet qu’il financera ?
Gwenal L’HELGOUALC’H : La prochaine mission partira début 2023 de Brest, port d’attache du voilier IRIS, pour l’Océan Indien. Cette expédition scientifique mutualisera plusieurs missions : le déploiement d’instruments de mesure, le prélèvement d’échantillons aquatiques et aérosols, une étude de la faune marine dans les AMP (Aires Marines Protégées), ainsi qu’une récolte d’échantillons marins pour évaluer la pollution au micro-plastique dans ces zones peu étudiées.
Pour mener à bien cette mission nous avons besoin d’équiper notre voilier avec du matériel pour la science tel qu’un treuil et une rosette pour pouvoir effectuer des prélèvements d’eau à différentes profondeurs, un deuxième hydrogénérateur et des panneaux solaires, couplés à un nouveau parc de batteries qui permettra de faire fonctionner tous les équipements à bord. Si le montant est atteint nous pourrons aussi remplacer notre J1, voire même envisager de remplacer la grand voile.
Jeune Marine : jusqu’à quand peut-on vous soutenir ?
Gwenal L’HELGOUALC’H : Nous faisons appel aux particuliers mais aussi aux sociétés privées, à leurs comités d’entreprise avec des contreparties allant d’un T-shirt à la privatisation du voilier pour une sortie en mer. C’est un projet de grande envergure, et nous avons besoin de différentes sources de financement pour le mener à bien. Je suis persuadé que de nombreux hydros nous soutiendront !
Le crowdfounding se termine le 10 décembre et nous comptons sur les lecteurs de Jeune Marine pour prendre part à ce projet.
Jeune Marine : quels sont les futurs projets ?
Gwenal L’HELGOUALC’H : Nous souhaiterions développer Blue Observer avec pourquoi pas l’achat ou la construction d’un voilier plus petit dédié aux missions scientifiques côtières. Notre navire Iris pourra également servir de plateforme de développement pour l’utilisation d’hydrogène en combustible pour la propulsion ou la production d’électricité. Car même si la consommation de gasoil est minime sur une navigation de plusieurs mois (700 litres en 100 jours de navigation lors de la dernière mission!), nous souhaiterions nous affranchir à 100 % d’énergie carbonée.
Jeune Marine : Merci Gwenal ! Nous vous présentons tous nos bons voeux !
La rédaction de Jeune Marine
