InterviewJeune Marine N°267

Portrait d’Armateur : Floris SCHORSCH créateur d’ARMARA

ARMARA : compagnie maritime spécialisée sur le cabotage européen

Floris Schorsch © rpt

Ce n’est pas tous les jours que des hydros se lancent comme armateurs ! Jeune Marine a le grand plaisir de vous présenter aujourd’hui un ancien élève, Floris SCHORSCH, fondateur ARMARA et qui ne manquera pas de vous impressionner !

 

Aymeric Avisse : Bonjour Floris, nous sommes ravis de te rencontrer aujourd’hui pour que tu expliques ton formidable esprit entrepreneurial. Tu es rentré à l’ENMM en 1994 au Havre en formation C1NM et as navigué quelques années pour fonder ton entreprise : peux-tu nous expliquer ce parcours et comment tu en es venu à l’entreprenariat ?

Floris Schorsch : Bonjour Aymeric. En sortie de l’Hydro, j’ai navigué 4 ans de 1997 à 2001 sur les porte-conteneurs de CGM puis CMA CGM. J’étais intrigué et curieux de savoir comment une compagnie gérait l’organisation de lignes maritimes conteneurisées : le commercial, les opérations, la logistique, … J’ai continué ma carrière à terre à Marseille, toujours chez CMA CGM. D’abord comme ship planner sur les lignes Europe-Asie puis comme responsable des opérations pour 2 lignes entre l’Inde et l’Europe (service EPIC) et l’Inde et les USA (service Indamex).

Fin 2007, j’ai eu l’opportunité de partir en expatriation à Odessa en Ukraine. Pendant 3 ans, j’étais le Owner’s Representative de CMA CGM. J’ai passé ensuite 1 an au Chili, toujours comme Owner’s Rep pour la côte Ouest de l’Amérique du Sud.

Fin 2007, retour au siège à Marseille où j’ai pris la direction de département transport de colis lourds et XXL.

J’ai toujours souhaité être entrepreneur et je me suis lancé en Avril 2011 en créant MARTIN BENCHER FRANCE en partenariat avec le groupe Martin Bencher, un transitaire danois, spécialisé dans la logistique internationale des projets industriels et colis lourds.

Aymeric Avisse : En avril 2022, tu as franchi une étape supplémentaire en devenant armateur : nous avions déjà mis en avant ce bel élan d’hydros pour la création d’armements lors notre conférence sur le cabotage, peux-tu nous expliquer ton modèle et ce qui t’a motivé à franchir le pas ?

Floris Schorsch : Après 11 ans de développement, j’ai quitté mes fonctions opérationnelles chez Martin Bencher France pour me consacrer à mon nouveau projet : le lancement d’une compagnie maritime spécialisée sur le cabotage européen et qui s’appelle ARMARA.
Cela faisait longtemps que je rêvais de lancer une compagnie maritime et il fallait plusieurs années pour faire mûrir le projet. Ma première expérience entrepreneuriale avec Martin Bencher France m’a énormément apporté et m’a également permis de construire un réseau.
Depuis 2021, j’ai recruté et formé mon successeur chez Martin Bencher France et la transition s’est déroulée sans encombre. J’avais les mains libres pour me consacrer au lancement de la société.

Aymeric Avisse : Alors contrairement à de nombreux armements créés récemment, ton modèle vient apporter de la capacité de transport et les clients viennent faire appel à toi ; tu n’avais pas un client « principal » qui motivait la création de cet armement. Est-ce une prise de risque ou un business model répandu ?

Floris Schorsch : Se lancer est toujours un peu délicat. C’était dur d’aller démarcher des clients sans navire et d’un autre côté, difficile de convaincre un armateur sans contrat de fret.
J’ai eu plus de chance du côté armateur et j’ai réussi à affréter le Lady Hanneke à temps. Il s’agit d’un caboteur de 4200 tonnes de port en lourd pour 100m de long.
Il y a effectivement une prise de risque au démarrage de prendre un navire en T/C sans contrat derrière et de partir au spot. Mais de nombreux armateurs ont démarré et réussi comme cela.

 

Aymeric Avisse : Certains arrivent à obtenir un pavillon français, la facilité oriente les autres vers le pavillonnement panaméen, mais toi, ton navire est sous pavillon hollandais, peux-tu nous expliquer ce choix ?

Floris Schorsch : Je voulais affréter un navire auprès d’un armateur sérieux (le néerlandais WIJNNE BARENDS) et je voulais un pavillon européen.
J’aurais beaucoup aimé affréter un navire avec un pavillon français mais il n’y en a pas (ou pas ouvert à l’affrètement) au niveau du cabotage. Le cabotage européen est un secteur extrêmement dynamique qui compte plus de 1000 navires. Les plus importants armateurs sont néerlandais, allemands, norvégiens, turcs, … mais quasiment pas de français.

Aymeric Avisse : Des armements avec un seul navire sont assez rares, vous ambitionnez de développer l’activité ?

Floris Schorsch : Dans ce secteur, la taille critique est d’opérer 4-5 navires pour pouvoir s’engager sur des contrats long terme en complétant avec du cargo spot.
Le démarrage est positif et j’ambitionne d’opérer 4-5 navires d’ici 2-3 ans.
Sur le long terme, j’espère pouvoir développer encore plus la flotte avec pourquoi pas des navires en propriété.
Je crois fortement au cabotage comme alternative à la route et donc comme moyen de réduire l’empreinte carbone des transports. Le transport maritime rejette environ 8 g de CO2 par t.km, c’est 10 fois moins qu’un camion.
Et les futurs carburants ou l’ajout de voiles permettront de réduire encore plus les rejets.

 

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