InterviewJeune Marine N°267Reportage

Visite guidée d’A GALEOTTA

Entretien avec Isabelle OTTAVIOLI et Grégory CYRILLE

CORSICA Linea nous fait le grand plaisir de nous inviter à bord de son tout nouveau navire, commandé spécialement pour leur activité sur la Corse : navire moderne propulsé au GNL, il n’en demeure un géant du transport roulier avec 2600m de roulage fret ! Isabelle OTTAVIOLI et Grégory CYRILLE tous deux promo 2001 nous font un petit tour de ce qu’il faut retenir sur ce nouvel arrivant en flotte mais aussi des possibilités qui vous sont offertes pour les rejoindre :

A GALEOTTA © Vincent Baccelli DR
A GALEOTTA © Vincent Baccelli DR

Aymeric AVISSE : Bonjour Isabelle, bonjour Grégory, nous voici à la passerelle d’A GALEOTTA, qui est le tout dernier ferry commandé par CORSICA Linea et que vous avez réceptionné et baptisé tout récemment. Nous venons de visiter le bateau, de la machine aux emménagements, et souhaitions en savoir un peu plus sur ce nouveau navire. Isabelle, tu es la Capitaine d’Armement de CORSICA Linea, peux-tu nous présenter les caractéristiques et l’origine de ce fabuleux bateau ?

Isabelle OTTAVIOLI : Ce navire vient d’un besoin supplémentaire sur nos traversées DSP (en Délégation de Service Public) sur la desserte de la Corse, pour le fret et les passagers ; il a été livré le 6 décembre 2022 et mis en service le 8 janvier 2023. Le navire fait 206m de long par 28 de large et une capacité de 150 voitures et 2600m linéaires de fret avec le pont principal et la pontée pour les remorques, ainsi qu’une cale remorques et une cale voitures, et pour finir un pont supérieur également dédié au chargement.

Garage d'A GALEOTTA © Jeune Marine DR
Garage d’A GALEOTTA © Jeune Marine DR

Aymeric AVISSE : Grégory, tu es le chef mécanicien et lors de la visite de la machine on a vu beaucoup de peinture jaune : ce navire aurait-il une spécificité ?

Grégory CYRILLE : Tout à fait, nous sommes sur un navire « dual fuel » acceptant le fonctionnement au gasoil et au gaz naturel, avec deux moteurs 12V50 de chez Wärtsilä pour la propulsion et quatre groupes électrogènes avec deux Caterpillar de 2000kW chacun et deux Wärtsilä 9L20DF dual fuel de 1600kW chacun.

Moteur principal d'A GALEOTTA © Jeune Marine DR
Moteur principal d’A GALEOTTA © Jeune Marine DR

Aymeric AVISSE : Nous avons vu en embarquant deux grosses citernes au cul du bateau : nous nous ne sommes donc pas sur la technologie des cuves intégrées au navire mais bien sur des cuves supplémentaires.

Grégory CYRILLE : Nous avons effectivement deux grosses bonbonnes de 250m3 chacune sur l’arrière du navire qui accueillent le gaz sous forme liquide. Nous avitaillons actuellement par camion mais avons la possibilité de procéder à des soutages par barge que l’on pourra utiliser dès que le service sera disponible pour les navires à passagers sur le port de Marseille.

Citernes de gaz d'A GALEOTTA © Jeune Marine DR
Citernes de gaz d’A GALEOTTA © Jeune Marine DR

Aymeric AVISSE : Isabelle, Corsica Linea est compagnie très jeune pourtant elle traverse toutes les crises et notamment la plus grosse, celle du COVID. Pour autant, vous n’avez jamais arrêté vos navires, au moins le fret, et êtes aujourd’hui en période d’expansion avec des chiffres d’affaires qui n’ont jamais été catastrophiques, pour aujourd’hui arriver en plein renouveau : peux-tu nous expliquer la situation ?

Isabelle OTTAVIOLI : C’est cela, nous avions 6 navires lors de la reprise de la SNCM en 2016, pour arriver aujourd’hui avec trois navires supplémentaires à une flotte de 9, avec la réception du VIZZAVONA en 2018, d’A NEPITA en 2020 et maintenant d’A GALOETTA. Effectivement, nous ne nous sommes pas arrêtés pendant le COVID car il fallait quand même ravitailler la Corse, évidemment sans passagers puisque confinés, mais on a continué les remorques et les accompagnés.

Aymeric AVISSE : Ce navire est neuf mais en plus c’est vous qui l’avez commandé, donc totalement adapté à vos besoins.

Isabelle OTTAVIOLI : C’est exactement cela, nous avions un manque de capacité sur Ajaccio et Bastia, c’est pour cela que ce navire dessert Bastia la semaine et Ajaccio le week-end, à raison de deux à trois voyages chaque semaine sur les deux ports.

Aymeric AVISSE : Si nous sommes ici c’est aussi pour parler de vous deux, vous êtes tous deux de promotion 2001, Isabelle à Marseille en C1NM et Grégory à Nantes en C2NM. Des parcours à la base un peu différents, pour autant vous êtes aujourd’hui ensemble à des postes importants. Isabelle peux-tu revenir sur ton parcours ?

Isabelle OTTAVIOLI : j’ai toujours aimé les bateaux car je les prenais depuis toute petite ; à la sortie de l’école ce qui m’intéressait, c’était la SNCM, j’y ai donc effectué mes temps d’élève, j’ai quand même voulu découvrir d’autres navigations j’ai donc également embarqué sur un petit gazier  quelques mois et un navire de croisière pendant 1 an, qui a été dépavilloné malheureusement. Je suis ensuite revenue à la SNCM avant ma 5ème année puis au retour de cette cinquième année, et j’y suis restée ! Jai eu un enfant il y quelques années, je me suis donc « recyclée » dans un service à terre pour occuper depuis le 1er janvier le poste de Capitaine d’Armement.

Aymeric AVISSE : Tu as évoqué deux sujets intéressants : en plus d’être très en forme Corsica Linea fait naviguer ses navires sous le 1er registre et, second point, Corsica Linea permet aux officiers embarqués des pauses dans leurs embarquements pour des raisons de parentalité ?

Isabelle OTTAVIOLI : Exactement nous avons constamment des besoins dans tous les services au technique, QSSE, armement, donc effectivement toujours des possibilités de faire un passage ou de s’y installer de manière plus permanente.

Passerelle d'A GALEOTTA © Jeune Marine DR
Passerelle d’A GALEOTTA © Jeune Marine DR

Aymeric AVISSE : Quant à toi Grégory, peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Grégory CYRILLE : Je suis rentré en 2001 à Nantes, je suis sorti de l’Hydro en juillet 2004 et entré à la SNCM en janvier 2005. J’ai fait le choix de ne pas partir au long-cours et souhaitais rester sur un pavillon français (NDLR : 1er registre) : ce choix m’a toujours plus et j’y suis resté.

Aymeric AVISSE : Tu es nantais ou marseillais ?

Grégory CYRILLE : Comme Isabelle, je viens d’une île, mais plus éloignée : la Guadeloupe. Je vis en Guadeloupe et je travaille à la SNCM puis Corsica Linea depuis 18 ans en faisant des allers-retours. Venant d’une île, j’ai fait le choix de faire marin, car mon grand-père était également marin ; j’ai découvert la SNCM, qui m’a plu, et j’ai gravi les échelons au sein de Corsica Linea car à la fermeture de la SNCM j’étais toujours lieutenant, je suis ensuite passé second et chef aujourd’hui.

Aymeric AVISSE : Donc polyvalent au départ et aujourd’hui monovalent, par choix, sur le plus beau navire de la compagnie !

Grégory CYRILLE : En tant que lieutenant, j’ai occupé tous les postes possibles au pont et à la machine et j’ai très vite compris que je préférais la machine, j’ai donc fait le choix au passage à Corsica Linea de me positionner à la machine et j’ai ainsi été promu second puis chef.

Aymeric AVISSE : Tu as donc fait ce choix, mais pour autant Corsica Linea laisse la possibilité à tout un chacun de choisir comme de ne pas choisir ?

Isabelle OTTAVIOLI : Tout à fait c’est au bon vouloir ! Si on veut rester polyvalent c’est possible et cela nous arrange car il est toujours intéressant d’avoir des officiers qui connaissent tous les postes et tous les bateaux ; mais si au contraire on préfère choisir une filière pour se perfectionner, comme Grégory l’a fait, c’est également possible.

Aymeric AVISSE : Quand on parle de polyvalence, chez Corsica Linea c’est même très polyvalent puisque les officiers passent également par le service Commissariat ?

Isabelle OTTAVIOLI : Tout à fait, c’est d’ailleurs mon parcours, j’ai occupé tous les postes de lieutenant au pont et à la machine sur les navires de la compagnie, et j’ai aussi occupé le poste de commissaire qui est le directeur d’hôtel du bateau, qui est un poste chez nous de second capitaine sous ENIM, comme tout officier à bord.

Aymeric AVISSE : Isabelle, étant corse la SNCM était certainement une évidence mais, te concernant, Grégory, c’est plutôt surprenant !

Grégory CYRILLE : En 2004 le marché du travail n’était pas bon, je suis sorti de l’école en juillet, j’ai envoyé beaucoup de CV et j’ai été recruté à la SNCM, ça m’a plu et j’ai donc décidé d’y rester et de continuer !

Aymeric AVISSE : Mais la Guadeloupe ça fait loin, non ?

Grégory CYRILLE : Oui, mais le rythme de 3 semaines / 3 semaines ou 1 mois / 1 mois me convient et permet de le vivre sereinement. Cela permet également de faire une vraie coupure, de mettre sur off en congés et de revenir en pleine forme pour son embarquement. Au début j’ai essayé, le rythme m’a convenu et j’ai continué.

Aymeric AVISSE : Donc un rythme de trois semaines l’hiver et deux semaines l’été ?

Isabelle OTTAVIOLI : C’est ça, alors Gregory est sur un rythme plus long, par choix, avec un binôme fixe : ils peuvent donc proposer un planning au planificateur et s’il est raisonnable il sera validé.

Aymeric AVISSE : C’est peut-être un arrangement qui vous convient aussi par rapport aux frais de route ?

Isabelle OTTAVIOLI : Exactement, mais ceux qui ne le font pas ne sont pas pour autant écartés du circuit ! Nous avons des officiers qui habitent un peu partout en France et à l’étranger proche ; en été tout le monde embarque le même jour avec des changements de bordées complètes, mais sur le reste de l’année, soit on peut s’arranger avec son binôme, soit la « norme » vous propose trois semaines d’embarquement l’hiver pour seulement deux l’été.

Aymeric AVISSE : Pourquoi trois semaines l’hiver ? Le rythme est différent ?

Isabelle OTTAVIOLI : En hiver les navires ne naviguent que la nuit et passent toutes les journées à quai,  et en été les navires effectuent un aller-retour par jour donc le service est continu et plus intense. Mais aussi nous allongeons les embarquements l’hiver pour des raisons de coûts, à savoir payer deux personnes sur le jour de relève plus les frais inhérents aux trajets, car chez nous, nous payons les frais de route à tous nos navigants, qu’ils habitent en France ou ailleurs sachant que s’ils habitent à l’étranger on prend en charge jusqu’à Paris seulement.

Aymeric AVISSE : Donc dans ton cas Grégory pour rentrer chez toi on te prend en charge jusqu’à l’aéroport et toi tu achètes le billet d’avion ?

Grégory CYRILLE : C’est ça ! J’ai trouvé mon équilibre et il me satisfait pleinement !

Aymeric AVISSE : Si on résume un peu, nous sommes aujourd’hui à bord d’un bateau magnifique, avec une propulsion moderne et d’avenir, en tout cas d’avenir proche, avec des rythmes de navigation qui ne sont peut-être pas aussi courts ou longs qu’ailleurs mais totalement adaptés à votre service plutôt sympathique entre Marseille et la Corse. Corsica Linea fait rêver, proposez-vous des possibilités d’embarquement ?

Isabelle OTTAVIOLI : Bien sûr, en saison plus que hors saison, mais chez les officiers bien que les navires soient moins exploités l’hiver il reste les entretiens à faire donc un besoin d’effectif pont et machine.

Aymeric AVISSE : Merci à vous deux, si vous souhaitiez les rejoindre vous pouvez les contacter via leur site internet, sur les réseaux sociaux Facebook, LinkedIn et Instagram. A bientôt ! 

 

CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE CORSICA linea recrute... DES OFFICIERS PONT & MACHINE

Nos abonnés lisent aussi...

Bouton retour en haut de la page