Connaissez-vous vraiment les armements français ?Jeune Marine N°267

« Connaissez-vous vraiment les armements français ? »

Rencontre avec Benoît JONES, Directeur des Armements Français et Britannique de DFDS

Les transbordeurs à passagers attirent nombre d’entre vous, mais les « Connaissez-vous vraiment ? ». Nous embarquons, pour ce numéro 267, dans le nord de la France pour rencontrer Benoît JONES, le Directeur des Armements Français et Britannique de DFDS. Cet armement est particulièrement intéressant notamment de par son développement européen, Benoît nous explique tout ce qu’il faut retenir et surtout nous explique une histoire, un fonctionnement, et peut-être des plans de carrières qui pourraient bien résonner dans vos esprits !

 

Port de Calais © Jeune Marine DR

 

Aymeric AVISSE : Bonjour Benoît, merci beaucoup de nous recevoir aujourd’hui à Calais dans vos tout nouveaux locaux pour ce tout nouveau numéro de « Connaissez-vous vraiment les armements français ? ». Je suis ravi de pouvoir te rencontrer, tu es aujourd’hui chez DFDS le Directeur des Armements Français et Britannique ainsi que Directeur de la formation des marins pour tout le groupe. L’armement actuel a une très longue histoire ou plutôt deux longues histoires car beaucoup d’entre nous ont connu Sea France, aujourd’hui il y a DFDS : peux-tu nous expliquer comment est arrivée cette organisation et que reste-t-il de Sea France aujourd’hui chez DFDS ?

Benoît JONES : DFDS est donc un grand groupe international, il est arrivé sur le détroit du Pas-de-Calais en 2010 et a racheté l’entreprise qui s’appelait Norfolkline opérant trois navires entre Dunkerque et Douvres sous pavillon anglais ; DFDS a donc acquis Norflokline,  coexistant pendant cette période avec Sea France, puis Sea France a cessé d’opérer au tout début 2012 et c’est à ce moment-là que DFDS a créé une alliance avec LD Lines, pour mettre un navire puis un deuxième sous-pavillon français entre Calais et Douvres : c’est ainsi que DFDS est arrivé avec un pavillon français sur cette ligne.

Aymeric AVISSE : Donc, en fait, à la base rien à voir avec Sea France ?

Benoît JONES : Rien à voir avec Sea France, si ce n’est que DFDS, au fur et à mesure que l’entreprise a grossi, a recruté une bonne partie des effectifs ex-Sea France, ils constituent encore aujourd’hui une bonne moitié de nos effectifs.

Aymeric AVISSE : Il me semble également que vous avez des bateaux en commun ?

Benoît JONES : En effet Sea France est donc devenu My Ferry Link, et, quand il a cessé d’opérer fin 2015, DFDS a acquis deux des navires de My Ferry Link / Sea France : les ex-Rodin et Berlioz qui sont devenus les Côte des Dunes et Côte des Flandres, qui naviguent encore pour nous aujourd’hui.

 

M/V Côte des Flandres © Jeune Marine DR

 

Aymeric AVISSE : Donc, aujourd’hui DFDS France est basé à DIEPPE, exploite des navires sur CALAIS et sur DIEPPE-NEWHAVEN.

Benoît JONES : Tout à fait, suite à cette alliance avec LD Lines en 2012, DFDS a fini par acquérir LD Lines, et à ce titre DFDS a récupéré la ligne du Havre et aussi la délégation de service public entre Dieppe et Neawhaven. La ligne du Havre a malheureusement depuis fermé, mais subsistent aujourd’hui cette délégation de service public et la ligne de Calais sous pavillon français.

Aymeric AVISSE : Vous opérez donc trois navires sur Calais et deux navires sur Dieppe mais aussi le second port français de Newhaven car Dieppe et Newhaven c’est une délégation de service public entre deux ports français ?

Benoît JONES : Tout à fait, une partie du port de Newhaven a été achetée par le Conseil Général de Seine-Maritime, c’est une délégation de service public qui se renouvelle tous les 5 ans et DFDS et d’ailleurs très fier d’avoir à nouveau remporté le dernier appel d’offres en fin d’année dernière, et donc nous sommes ravis de pouvoir continuer à opérer sur cette ligne pour au moins les 5 prochaines années, et on espère bien plus !

Côte d’Albatre © DFDS DR

Aymeric AVISSE : Alors tous vos navires chez DFDS France sont sous pavillon français, évidemment, et sous premier registre, évidemment ! C’est une valeur forte pour vous, peux-tu nous expliquer vos motivations et puis ce qui a peut-être un petit peu changé avec récemment les menaces de dumping social sur votre concurrence ?

Benoît JONES : Comme tu le dis EVIDEMMENT le pavillon français au premier registre, ce qui est très important pour nous, je crois que les Français ont réussi dans le groupe DFDS au fur et à mesure des années à prouver leur valeur, notamment des valeurs d’autonomie et de compétences tout simplement, et donc on y est très attaché. Maintenant, en effet, depuis quelque temps notre concurrence sur la ligne de Calais n’a pas le même modèle social que nous, et donc il y a une situation de dumping social qu’on souhaiterait voir disparaître : cela entraîne des questions de salaire, il y a aussi une question de jours de repos et donc les masses salariales n’ont rien à voir et ne peuvent pas être comparées ; et donc, de fait, il faut qu’on puisse obtenir quelque chose et c’est en ce sens qu’on avait sollicité le ministre chez Armateurs de France il y a quelques mois.

Aymeric AVISSE : Alors pour autant on parle bien de DFDS France, mais DFDS c’est un grand groupe et toi tu es également le Directeur de l’Armement Britannique ?

Benoît JONES : Tout à fait, donc depuis 2 ans j’ai la charge des 3 navires ex-NORFOLK du coup qui naviguent entre Dunkerque et Douvres, donc 3 bateaux sous pavillon anglais.

Aymeric AVISSE : Tu me parles de dumping social, de concurrence, mais c’est vrai que c’est quand même très confortable en France de parler des armements de ferry ou de transbordeurs à passagers puisque aucun de vous ne se fait concurrence ; pourtant aucun de vous n’a également les mêmes ports de départ, d’arrivée, et les mêmes manières de travailler : alors quelle est la spécificité, comment tu pourrais nous requalifier un petit peu l’organisation du travail à bord des navires DFDS ?

Benoît JONES : Sur les navires de DFDS France, les personnels sont 14 jours à bord pour 14 jours à terre, donc 14 jours de travail à bord à 10h30 de travail par jour, suivis de 14 jours de repos ; à cela dans l’année il faut ajouter deux semaines de congés acquis, ce qui signifie (puisque les gens restent dans leur bordée) qu’ils peuvent faire sauter 7 jours d’embarquement et donc ne faire qu’une semaine, avoir 3 semaines à la maison et revenir sur leur cycle en 14/14 derrière. Ce qu’il faut comprendre chez nous, c’est que ce sont des lignes très courtes et donc une navigation assez intensive, 24 heures sur 24. Alors c’est vrai que cela peut paraître beaucoup. Ceci étant, comme je le disais tout à l’heure, une grosse partie de nos effectifs vient de l’ex-Sea France et je crois qu’il y a très très peu de gens qui reviendraient sur le 14/14 aujourd’hui, ayant largement accepté et apprécié ce nouveau rythme qui permet d’avoir deux semaines à la maison tous les mois.

Aymeric AVISSE : C’est peut-être aussi votre organisation à bord qui permet de conditionner ce 14/14, puisque vous avez plusieurs commandants ?

Benoît JONES : Il y a plusieurs commandants, donc il est vrai que les équipes sont toujours doublées chez nous puisque il y a une équipe de jour et une équipe de nuit ; il y a deux commandants par exemple, qui se relèvent tout au long de la journée pour faire tourner le navire 24 heures sur 24.

Manoeuvre d’arrivée à Calais à bord du M/V Côtes des Flandres © Jeune Marine DR

Aymeric AVISSE : Quand on a sa relève à bord c’est plus facile ! Vos lignes sont concentrées sur le nord de la France, Dieppe et Calais, pour autant vous cherchez absolument des locaux ou quel est le profil de personnes que vous souhaitez embaucher ?

Benoît JONES : Pas du tout, tous les officiers sont les bienvenus chez nous, le rythme en 14/14 permet de vivre plus ou moins où on veut, on a des officiers qui viennent du sud de la France, de Bretagne, de Paris, de l’Est de la France ; on a un peu de tout, et donc tout le monde est le bienvenu il y a pas du tout de préférence.

Aymeric AVISSE : On a donc une double équipe à bord, du lieutenant, du second, du commandant, du chef : est-ce que vous proposez peut-être également, au sein du groupe, de mettre un petit pied à terre de temps en temps ? De faire de la formation ? Quelle est votre politique à ce sujet ?

Benoît JONES : On est très attaché à pouvoir évoluer en interne, c’est le cas à bord avec le recrutement sur les fonctions les plus « basses », au niveau lieutenant ou officier mécanicien, pour pouvoir évoluer ensuite vers des postes de second puis chef et commandant, et c’est la même chose pour la terre : c’est-à-dire que quand on cherche un capitaine d’armement, on va d’abord recruter en interne ; un superintendant, c’est la même chose, le directeur technique, directeur de flotte, idem ! Donc il y a des opportunités (même si les postes ne sont pas non plus très nombreux) pour se reconvertir à terre ; d’autre part, sur des missions un peu plus restreintes en temps, on fait aussi appel aux officiers,  notamment pour la formation, donc il faut savoir qu’on est centre de formation agréé par les Affaires maritimes pour plusieurs formations, telles que le navpax, la sûreté, le canot de secours rapide et le CAEERS ; et donc on dispense tout au long de l’année des formations à nos équipages et ce sont nos officiers qui sont détachés pour ce faire.

Aymeric AVISSE : Dans un centre dédié à terre ?

Benoît JONES : Non, tout est dispensé à bord, donc on fait le navpax et la sûreté sur nos navires de Calais, généralement pendant la navigation, ce qui permet aux gens de poser un premier pied à bord et de voir comment ça se passe ; par contre, pour les formations un peu plus lourdes, type canot de secours rapide et CAEERS, on profite du fait qu’un de nos navires de Dieppe ne navigue pas en période hivernale pour faire centre de formation et ce navire-là avec nos matériels et nos procédures sur nos embarcations, nos canots de secours rapide, pour former nos équipes directement avec nos officiers.

ITW dans les nouveaux bureaux de DFDS à Calais © Jeune Marine DR 

Aymeric AVISSE : Tu nous parlais des évolutions possibles au sein de DFDS avec un pied à terre, un pied à bord, ou peut-être complètement à terre : est-ce que il y a peut-être aussi une possibilité comme toi d’évoluer au sein du groupe, peut-être sur la branche anglaise voire même la branche danoise ?

Benoît JONES : Il y a des possibilités, le groupe propose énormément de postes en interne sur tous les pavillons et sur toutes les entités, donc il y a beaucoup de possibilités. DFDS est un énorme groupe, avec plus de 10.000 salariés, plus de 5000 marins et donc il propose nécessairement beaucoup d’opportunités, notamment à l’étranger.

Aymeric AVISSE : Ce qui favorise également la fidélisation ?

Benoît JONES : Ce qui favorise la fidélisation, oui, et puis il ne faut pas se le cacher, ce qui favorise aussi la fidélisation ce sont les bons salaires et je pense qu’on n’est pas à plaindre sur ce point.

Aymeric AVISSE : On va récapituler un petit peu : vous recrutez au niveau élève, lieutenant, voire peut-être même dans les tout premiers temps d’élève ?

Benoît JONES : Tout à fait, moi j’ai toujours été très attaché au fait de recruter des élèves très tôt, pour ceux qui le souhaitent bien sûr (ça ne veut pas dire qu’on ferme la porte pour des recrutements plus tard), mais j’ai toujours été assez sensible au fait de créer de vrais « bébés » DFDS, finalement qui peuvent venir en première année, deuxième année, faire leur contrat pro et ensuite devenir officier et nos futurs chefs et commandants de demain ; je vois cela d’un très bon œil et on a toujours donné priorité en tout cas à ce type de profil.

Aymeric AVISSE : Donc, pour celles et ceux qui souhaiteraient vous contacter pour avoir un peu plus d’informations,  on va mettre en ligne toutes les coordonnées de DFDS, afin de faciliter les échanges. Merci beaucoup Benoît.

 Benoît JONES : Merci Aymeric, à bientôt, au revoir.

 

Pour contacter les équipes de DFDS et en savoir plus rendez-vous ici :

Mail : recrutement@dfds.com ou directement Madame CRONIE

LinkedIn : Estelle JUAN et Benoît JONES

 

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