InterviewJeune Marine N°271

Entretien avec Alexandre Montaillard

Fondateur et gérant de TECH Bretagne

Certains rêvent d’entreprenariat, d’autres passent à l’acte ! Cette semaine Jeune Marine vous propose de découvrir le parcours d’Alexandre MONTAILLARD, un officier avec les pieds sur terre mais surtout pas dans le même sabot ! De l’offshore à l’entreprenariat,  Alexandre nous explique tout !

Jeune Marine : Bonjour Alexandre, nous te rencontrons aujourd’hui pour parler de ta nouvelle activité, mais avant cela, pourrais-tu te présenter et nous expliquer ton parcours ?

Alexandre MONTAILLARD : Bonjour ! Effectivement tout commence pour moi comme pour tout officier, j’ai intégré l’ENSM (l’ENMM à l’époque) de Marseille en 2001. Après trois belles années, j’ai embarqué chez Fouquet Sacop sur un souteur au Gabon. Ce type de navigation m’a immédiatement immergé dans le milieu. Sur ce genre de navire avec un petit effectif et un rythme soutenu, les élèves sont très vite sollicités et cela a été très formateur. J’ai rejoint ensuite Green Tankers, devenu par la suite BW France, lorsque je suis sorti de 5e année en 2008, toujours dans le transport d’hydrocarbures. C’est une école exigeante où j’ai énormément appris, tant d’un point de vue purement technique que sur les méthodes de travail. Après un cours passage chez Louis Dreyfus Armateurs sur un navire de réparation de câbles sous-marins, j’ai travaillé cinq ans chez Perenco sur le terminal offshore du Cameroun. Dès la sortie de 5e année, j’ai principalement eu un parcours « machine », étant passionné de technique depuis le lycée.

 

Jeune Marine : Les embarquements à l’offshore sont souvent passionnants et très formateurs mais tu as décidé très récemment de quitter ce monde pour la très belle aventure de l’entrepreneuriat : peux-tu nous expliquer comment t’est venue l’idée ?

Alexandre MONTAILLARD : Oui, l’offshore a été une expérience passionnante. Un terminal pétrolier, c’est un ancien pétrolier reconverti pour les besoins de l’offshore. Toutes les maintenances y sont réalisées à bord, y compris celles habituellement effectuées en arrêt technique lorsqu’un navire navigue. Je n’aurais jamais imaginé changer une traverse eau de mer… en mer… C’est le genre de travaux que l’on doit réaliser chez Perenco. Cinq années passionnantes !

Cependant, j’ai commencé à comprendre à l’offshore l’une des différences fondamentales qu’il y a entre le « monde industriel marine marchande » et le « monde industriel classique, terrestre ». Sur un navire de commerce, notamment avec des Français à bord formés à la polyvalence, tout le monde a grosso modo la même culture professionnelle. Nous avons tous suivi le même cursus scolaire dans les Hydros et ceux qui conduisent les installations sont les mêmes que ceux qui en assurent la maintenance. Il n’y a pas de distinction entre un service de conduite machine et un service de maintenance machine, c’est inimaginable… et bien en fait, c’est une exception ! Dans toute l’industrie, ceux qui conduisent les machines n’ont souvent que très peu de connaissances techniques et le dialogue avec les « maintenanciers » est un défi. J’ai commencé à le comprendre à l’offshore et ai validé à 100% ces hypothèses lors de ma première expérience à terre.

En 2018, c’est le grand changement. Je démissionne et postule pour un poste de responsable maintenance dans une industrie logistique près de Saint-Malo. Très rapidement, j’ai réalisé que l’expérience marine marchande était parfaitement utilisable à terre. Nous sommes de bons généralistes et les méthodes de travail à bord sont parfois en avance au regard des us et coutumes « terriennes ».

À bord, personne n’est indispensable. Lorsque tu es en congé, il y a quelqu’un à ton poste. Donc la culture de la transmission est évidente. On écrit une suite, on remplit une GMAO et il paraît évident que cet outil informatique est performant et à jour. Logique, le logiciel est approuvé  et les rapports sont régulièrement contrôlés par une société de classe  !

À terre, on est souvent très loin de tout ça. La GMAO n’existe pas systématiquement, même dans de grandes entreprises, elle est très souvent mal renseignée et il arrive trop souvent que le savoir soit concentré chez une ou deux personnes, en poste depuis de nombreuses années. Quelle situation dangereuse ! Que se passe-t-il si cette personne clé tombe malade, part en retraite ou est simplement en congé ?

C’est pourquoi j’ai décidé de créer TECH Bretagne qui, en plus de proposer la réalisation des maintenances, propose un service de maintenance premium avec une GMAO. Nous proposons de cartographier le parc machines de nos clients, d’élaborer un plan de maintenance à l’aide des documentations et de notre expérience, nous réalisons les maintenances et assurons un suivi sur du long terme.

Jeune Marine : Si je comprends bien, ta société apporte donc la culture de la marine marchande à une structure de terre qui pour elle est une plus-value incroyable au regard de la politique d’entreprise de certains groupes.

Alexandre MONTAILLARD : C’est tout à fait cela. L’idée est d’apporter de la rigueur et un suivi sur le long terme. Les conséquences d’un arrêt non programmé d’un outil de production sont désastreuses financièrement : plusieurs salariés l’arme au pied, une production qui s’arrête, des clients non-livrés insatisfaits. Et je ne parle pas de la charge mentale du dirigeant ou du responsable de production.

La rigueur de notre approche permet à nos interlocuteurs de s’assurer que leurs machines fonctionnent lorsqu’ils appuient sur le bouton vert !

De plus, certains clients peuvent être audités par leurs propres clients. Et dans les questions récurrentes, il y a : « Comment suivez-vous votre maintenance ? » Si cela est fait de manière rigoureuse via une GMAO, l’audit est réussi haut la main !

Nous proposons donc à de petites structures n’ayant pas la possibilité d’avoir un service maintenance en interne de gérer cet aspect de leur activité de manière optimale.

 

Jeune Marine : Qui dit culture MarMar dit marins, de quelle origine sont tes associés et/ou salariés, et surtout penses-tu embaucher ou développer ta structure ?

Alexandre MONTAILLARD : Pour l’instant, je suis le seul « Mar Mar ». Mes collègues sont des techniciens de maintenance généralistes issus de différentes formations. Il y a des compétences fortes chez les techniciens de maintenance « terrestre ». Et ces compétences peuvent d’ailleurs parfaitement être utilisées dans le milieu maritime. Mathieu, l’un de mes collègues, a une activité par ailleurs à son compte dans l’électronique automobile. Il connaît très bien par exemple les réseaux de communication CAN, ce qui nous a permis de réussir avec brio une intervention sur un remorqueur en escale à Saint-Malo. Le réseau CAN ne collectait plus les données des capteurs de deux moteurs de propulsion CATERPILLAR… jusqu’à ce que nous intervenions. Deux prestataires avaient échoué avant nous, mais la rigueur de notre préparation nous a permis de réussir.

Nous avons actuellement trois techniciens, deux alternants et une responsable communication et administratif embauchés. Pas mal pour une entreprise qui n’a pas encore fêté ses 3 ans d’existence ! Nous avons la ferme intention de continuer à nous développer, y compris dans le domaine maritime. Et pourquoi pas embaucher un autre Mar Mar si nous développons notre branche maintenance maritime de façon importante !

L’équipe de TECH-Bretagne à La Gouesniere près de St Malo. © TECH Bretagne

Jeune Marine : Quelle belle reconversion ! Peut-être souhaiterais-tu également t’adresser à de potentiels anciens élèves qui auraient besoin de tes services : comment peut-on te joindre ? As-tu un barème-type ? Un formulaire de contact ?

Alexandre MONTAILLARD : Nous sommes disponibles pour intervenir en local, mais aussi partout en France. Nous avons par exemple déjà réalisé des prestations à l’étranger pour des clients que nous représentons et qui nous font confiance. Nous avons donc la capacité d’intervenir sur des navires faisant escale sur nos côtes. La plupart des gros navires sont autonomes en matière de maintenance avec des équipes machine constituées. Mais de nombreux navires de travaux maritimes, de petits navires à passagers, des remorqueurs, des navires de charge de tailles modestes n’ont souvent qu’un chef mécanicien qui se sent bien seul lorsqu’il a d’importants travaux à réaliser. Notre polyvalence, notre réactivité et notre connaissance du milieu maritime sont d’énormes atouts pour apporter des solutions dans de telles situations.

J’invite les anciens élèves ou les superintendants d’armement à consulter notre site internet techbretagne.fr. Qu’ils n’hésitent pas à nous appeler ou à envoyer un message via le formulaire en ligne. Nous serons réactifs pour apporter des solutions à leurs besoins.


 

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