Vous n’assistez pas aux Assises de l’économie de la mer et vous auriez voulu écouter les interventions sur les croisières ? N’ayez pas trop de regrets : Jeune Marine vous avait presque tout dit dans les 3 articles parus sur le sujet dans le N°270, sans oublier l’interview d’Hervé Gastinel, Président de Ponant.
Les intervenants les plus qualifiés sur le thème de la croisière ont confirmé aujourd’hui nos réflexions, et en particulier :
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Incités par leurs clients les plus exigeants et soucieux d’anticiper sur les futures contraintes environnementales et les prochains règlements, les croisiéristes ont tôt pris conscience des évolutions à conduire pour se rapprocher d’un modèle acceptable (Des croisières, pour quel modèle de société ?)
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Les paquebots servent clairement de poissons pilotes à l’innovation maritime, et de nombreuses technologies déployées à leur bord pourront être déclinées sur l’ensemble de la flotte (Croisières sous contrainte : un laboratoire d’innovations)
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La dimension des navires sert l’efficacité énergétique, un grand navire proposant une consommation de carburant par passager bien inférieure à celle d’un petit bateau (Paquebots, gigantisme et optimisation environnementale)
Les intervenants ont bien sûr apporté lors des Assises plus d’arguments et plus d’informations pour illustrer les efforts consentis pour réduire l’impact actuel et futur des croisières en mer :
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Laurent Castaing, le Directeur Général des Chantiers de l’Atlantique, a eu raison de rappeler les progrès déjà accomplis : les paquebots lancés par Saint-Nazaire en 2023 ont une efficacité énergétique deux fois meilleure que ceux qui ont été mis en service en 2008. Mais il a aussi expliqué que les solutions technologiques et les règlements qui permettront ou encadreront le Zéro émission en 2050, n’existent pas à ce jour, obligeant le constructeur national à imaginer ce qu’ils pourront être et à contribuer à leur développement.
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Les certifications ont aidé l’industrie à progresser en encadrant et guidant ses évolutions. La croisière ne fait pas exception, et la certification Green Marine, dispensée par l’ONG Surfrider Foundation Europe, reconnaît et accompagne les progrès environnementaux et sociétaux des armements de croisières. Cette certification, transparente et publiée, donne au client une visibilité complète sur les points forts et les points faibles de la compagnie qu’il souhaite choisir. Ponant et Corsica Linea ont témoigné d’un volontarisme en la matière, né d’une vraie conviction et non d’un calcul, considérant qu’il n’y a pas antinomie entre efficacité environnementale et efficacité économique. « Nous voulons démontrer le sérieux de nos engagements » exprime Hervé Gastinel.
- Même si des opposants sont prompts à dénoncer les méfaits locaux d’un certain tourisme de masses, les apports sociétaux de la croisière peuvent s’avérer positifs pour des populations isolées à condition de contrôler la densité des passages. Stéphane Renard a expliqué comment le Club Croisières de Tahiti coordonne et structure par la concertation les escales dans les 118 îles de Tahiti, car 53% des escales faites dans les ports français, le sont dans les ports d’outre-mer. Cette concertation permet à Ponant, par exemple, de débarquer un médecin dans une île isolée ou d’apporter des vivres frais dans un endroit reculé, sans oublier les expéditions scientifiques organisées par cet armement.
Comme nous le rappelions dans le premier article que nous avons consacré au sujet, porter un jugement de valeur sociétal sur cette activité n’apportera pas de réponses aux inquiétudes climatiques. Un monde libéral n’a pas de raison de limiter un mode de loisir que de nombreux citoyens souhaitent adopter : mieux vaut l’encadrer par une dynamique régulée qui sache générer des progrès utiles à l’ensemble de l’écosystème du commerce maritime.